Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

jeudi 5 juillet 2018

En Occitanie, les opposants à l’éolien proposent une transition énergétique alternative

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En Occitanie, les collectifs d’opposants à l’énergie éolienne terrestre ont élaboré un scénario de transition sans ce mode de production. En dépassant la seule contestation, ces mouvements opèrent un changement de stratégie.


Reposta. C’est le petit nom donné par les associations anti-éoliennes d’Occitanie au tout premier scénario de transition énergétique sans éolien terrestre. Reposta pour « région à énergie positive territorialement adaptée » mais aussi, « riposte » (en occitan) devant la volonté affichée par la région Occitanie d’accroître ses capacités en énergies renouvelables, notamment éoliennes, d’ici 2050 en suivant la trajectoire Repos. Le contre-projet, porté par le collectif Toutes nos énergies Occitanie, qui agrège un grand nombre d’associations locales anti-éoliennes, est en effet bâti sur la même architecture que celui de la collectivité régionale : même objectif global, avec une baisse à 75,7 TWh annuels de la consommation d’énergie (soit 40 % de moins qu’aujourd’hui) et hausse substantielle de la production d’électricité. C’est dans le « mix » — la répartition entre les énergies — que les choix de Reposta sont bien différents.

Première observation : il ne s’agit pas d’un scénario 100 % énergies renouvelables, car Reposta intègre dans son mix une part de nucléaire et d’énergies fossiles. Un choix « réaliste », selon Bruno Ladsous, militant anti-éolien de l’Aveyron, qui a coordonné l’élaboration du projet : « Dire que la région sera à 100 % renouvelables, c’est une annonce marketing, ça ne peut être complètement réaliste qu’en envisageant que tout le monde fasse l’isolation et la rénovation de sa maison et qu’on réduise globalement tous les usages non électriques. » Pour le militant, il est plus raisonnable d’inclure « une part de fossiles, par principe de réalité, pour les transports et l’industrie ».


Les anti-éoliens se défendent de toute nucléo-idolâtrie 
Deuxième constat : là où la région Occitanie multiplie par cinq la puissance totale de l’éolien terrestre, Reposta maintient les capacités actuelles, à 2,3 TWh, reprenant l’argumentaire traditionnel des opposants à l’éolien industriel (surcoût économique supposé, impacts sur l’environnement et les paysages, démocratie locale…). Concernant l’éolien en mer, les opposants restent prêts à en accepter une part, « à condition qu’il respecte les parcs marins existants et les usagers de la mer », avertit le collectif Toutes nos énergies. L’essentiel est de développer des énergies « renouvelables qui respectent les territoires et ses habitants », soit la géothermie de surface à petite échelle, le renforcement des barrages hydroélectriques ou les hydroliennes. Le photovoltaïque est envisagé dans les mêmes proportions que la région (multiplication par douze de la puissance actuelle) mais préférentiellement en autoconsommation.
Reste la question du nucléaire. L’Occitanie est dotée d’une seule centrale, à Golfech (Tarn-et-Garonne) avec deux réacteurs, respectivement construits en 1990 et 1993. Si l’arrêt du premier réacteur est d’ores et déjà envisagé, les opposants à l’éolien parient sur un maintien du second, qui « a fait l’objet d’une modernisation technique », selon Bruno Ladsous. C’est pourtant ce réacteur Golfech 2 qui a fait l’année dernière l’objet du plus grand nombre d’arrêts techniques de la centrale. Toutefois, les anti-éoliens se défendent de toute nucléo-idolâtrie : « Le nucléaire ne me paraît pas un problème, mais s’il faut diminuer et remplacer le nucléaire par des turbines à gaz pilotables et une hausse du photovoltaïque, c’est tout à fait possible », estime Bruno Ladsous. En définitive, toutes énergies confondues, on aboutit à un scénario renouvelable à 72 % en 2050, soit la fourchette haute de ce que prévoit l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) au niveau national dans la dernière actualisation de son scénario 2030-2050.

Mais ce scénario Reposta ne convainc pas du tout les experts de l’éolien résidant dans la région, comme Paul Neau, du bureau d’études Abies : « Que ce soit en théorie comme en pratique, l’éolien est la technologie la plus rentable et la moins chère pour produire de l’électricité renouvelable »,estime celui qui a participé au volet éolien du scénario négaWatt. Pour lui, c’est clair, « il n’est pas possible d’envisager un scénario 100 % renouvelables en se passant d’éolien », d‘autant que, « dans le scénario négaWatt, nous avons déjà réduit les besoins en énergie au strict minimum, en travaillant sur tous les domaines. Or, il n’y a pas d’alternative aussi puissante et concentrée actuellement que l’éolien terrestre ». Et si demain cela évoluait ? « À l’inverse d’autres énergies, il sera aisément possible de démanteler quasi intégralement les installations », estime Paul Neau.


Même avis pour Benoît Praderie, gérant de la coopérative Soleil du Midi, à l’origine du tout premier parc solaire citoyen récemment inauguré à Luc-sur-Aude. Pour ce développeur d’éolien citoyen, cette technologie est « la meilleure solution technique, mathématique et économique. Et ce ne sont pas quelques grands parcs offshore qui permettront de se passer du potentiel terrestre », estime-t-il : « L’éolien n’est pas l’homme à abattre. »


Une région qui se veut exemplaire et avant-gardiste en matière de transition énergétique
À ces objections, Bruno Ladsous répond qu’il s’agit d’une « proposition parmi d’autres, pour laquelle nous avons fait l’effort de proposer un chiffrage complet mais surtout de tenir compte de l’enjeu démocratique de cette transition sur les territoires ». En ce sens, Reposta marque aussi un changement de stratégie des militants « contre l’éolien industriel », qui ne s’illustrèrent pas toujours pour leur ouverture au dialogue.


Sans transiger sur leur opposition aux turbines, les militants d’Occitanie offrent ainsi pour la première fois une proposition, qui reste imparfaite et amendable, là où on les a souvent accusés de n’être que dans une opposition stérile. Le paradoxe est que cette proposition s’adresse justement à une région qui se veut exemplaire et avant-gardiste en matière de transition énergétique, en pariant notamment sur la réappropriation de l’enjeu de la transition par les collectivités : « Nous proposons une trajectoire, pas un plan », assure Agnès Langevine, 3e vice-présidente chargée de la transition écologique et énergétique à la région. « Le choix de l’éolien répond à l’existence préalable de parcs déjà existants et à la présence de nombreux gisements dans la région. »



N’y a-t-il pas un risque à miser ainsi autant sur l’énergie du vent ? L’élue répond que, « étant conscients des difficultés que pose ce sujet, la région a volontairement réduit la place de l’éolien terrestre par rapport à ce qui avait été planifié dans le précédent schéma régional éolien [SRE] ». En revanche, si des échanges ont bien eu lieu entre les anti-éoliens et le cabinet de l’élue, cette dernière reste ferme sur son objectif 100 % renouvelables, pariant sur « un accompagnement hyper volontariste des collectivités qui veulent s’engager ». Il faudra pourtant bien parvenir à terme à trouver des modalités d’entente avec ces collectifs. « Pourquoi pas des votations citoyennes ? » suggère Bruno Ladsous, pour faire de cette transition énergétique une véritable politique démocratique associant tous les pans de la population, même ceux qui en critiquent le plus vertement son aspect le plus tempétueux.