Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

mardi 31 juillet 2018

Eoliennes, les campagnes au bord de la crise de nerfs

https://www.valeursactuelles.com/societe/eoliennes-les-campagnes-au-bord-de-la-crise-de-nerfs-97670

Alors que les premiers parcs arrivent en fin de vie, l’opposition à l’implantation de nouvelles éoliennes dans les zones rurales se fait de plus en plus forte.

La voiture, qui roule à petite allure sur un chemin caillouteux entre deux champs de luzerne en fleur, s’arrête bientôt au sommet d’un modeste vallonnement creusé par la Marne voisine. C’est le point de vue idéal. Quel que soit l’endroit où se porte le regard, les éoliennes sont là, de toutes tailles, accompagnées par les petites casemates vertes des armoires haute tension. Seules ou par groupes de sept ou huit, elles cernent littéralement ce bout de campagne champenoise. Quand on se trouve au pied du mât en acier recouvert de résine gris clair, la taille de la machine impressionne. Près de 150 mètres du sol au sommet de la pale en fibre de verre, pale d’ailleurs immobile puisque cette journée de juillet est sans vent. « Et ce n’est pas la plus grande, précise Isabelle Pestre, maire de La Chaussée-sur-Marne. Celle que vous voyez là-bas frôle les 200 mètres. » C’est ici, au lieu-dit La Côte-l’Épinette, aux abords de ce gros village de 800 habitants, qu’a été posée, en 2002, la première éolienne de la région. Une attraction touristique, à l’époque. « Les gens venaient la voir, on ne parlait que de ça, raconte l’élue. Tout le monde ou presque, moi y compris, était très enthousiaste… » Mais la singularité est devenue la norme, les mâts se sont ajoutés aux mâts, et l’attraction touristique est devenue repoussoir, obsession. « Quand on arrive, de nuit, par la route de Châlons, toutes ces lumières rouges, tous ces flashs blancs, qui dominent l’horizon, c’est un spectacle vraiment angoissant », poursuit Isabelle Pestre.

Les promoteurs restent sourds aux plaintes des habitants

Et s’il n’y avait que l’esthétique ! Parvenue en fin de vie, la première éolienne de 2002 a été remplacée par une autre, plus grande, plus puissante. Les promoteurs parlent de “repowering” (ce qui, au passage, dit assez bien le caractère étranger de ces technologies et de leur marché), terme que l’on peut traduire par “renforcement”, “recharge” ou “réalimentation”. Le problème est que celle-ci ne se fait pas place pour place : il est impossible de fixer une nouvelle éolienne sur les fondations de la première. Il faut la planter 30 mètres plus loin. « Pour une éolienne, comptez entre 300 et 400 mètres carrés d’emprise au sol et entre 1 000 et 1 500 tonnes de béton et de ferraille pour le socle », rappelle Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable (FED). Si, dans l’absolu, une éolienne prend peu de place, celle-ci est à jamais perdue, la loi n’obligeant pas le promoteur (ou le propriétaire du terrain — qui n’en aurait guère les moyens, en dépit de la rente perçue) à extraire l’intégralité du béton coulé. « On nous rebat les oreilles avec la biodiversité, on nous parle décontamination, réhabilitation, et on s’apprête à semer tranquillement dans le sol du pays des milliers de petits blockhaus », tempête l’élue, fille et femme d’agriculteur, qui, sur cette question du démantèlement, a interpellé préfet, sénateur et jusqu’à Nicolas Hulot. À l’horizon 2025, si la transition énergétique se déroule comme le souhaitent ses partisans, ce seront 30 millions de tonnes de béton qui vont être coulées dans le sol pour permettre l’installation des nouveaux parcs éoliens.

Dans la région Grand-Est, la Marne est particulièrement bien servie avec 400 éoliennes installées, une centaine d’autres à venir et près de 200 dossiers en cours d’instruction. Le système a ceci de pervers que ce sont ceux qui en ont déjà qui accueillent les nouvelles, non parce que l’emplacement serait particulièrement bien venté mais parce que, comme le confie un élu des Ardennes, autre région sinistrée, « plus personne ne veut aujourd’hui accueillir d’éoliennes, c’est le ras-le-bol général ». Entre les zones militaires, les couloirs aériens et les domaines viticoles, qui refusent absolument de voir des éoliennes au milieu de leurs vignes (« et les puissants savent parler aux puissants », note Isabelle Pestre), ce sont les agriculteurs, les ruraux, qui collectionnent les nuisances, parfois sans compensations financières adéquates puisque ce sont les communautés de communes qui empochent l’argent.

« Dans mon village il n’y a pas une rue qui n’ait été éventrée, pas un chemin plusieurs fois défoncé, pas un champ qui ne soit truffé de câbles, se désole Isabelle Pestre. Il y en a partout. Chaque éolienne, c’est un raccordement de plus vers le centre RTE [Réseau de transport d’électricité] où converge l’électricité du secteur, des travaux lourds, parfois des procédures judiciaires pour lesquelles nous manquons de temps et de moyens. » Sourds aux plaintes des habitants, les promoteurs parlent de « favoriser l’énergie éolienne des territoires où elle est déjà acceptée », félicitent « les régions à énergie positive », dessinent le futur, etc. Que la transition énergétique, dans son engouement pour les renouvelables, dispose d’éléments de langage déjà très rodés, que les communiqués ministériels diffusent presque quotidiennement, devrait alerter sur son caractère contraignant, voire potentiellement totalitaire.

Et la critique est ardue. Dans une réunion d’élus, de professionnels et d’associatifs où étaient évoquées les modalités du repowering à venir pour la région, le représentant d’Enedis ayant fait remarquer qu’il y avait désormais de gros problèmes d’acceptabilité, qu’il était difficile d’obtenir accords et permis, « son homologue de RTE s’est énervé et lui a dit que, de toute façon, c’était comme ça, qu’il fallait que ça se fasse », raconte un président d’association. « On sent une certaine forme de mépris, confirme Isabelle Pestre. Pour les travaux d’extension du transformateur, comme j’avais protesté, on m’a concédé une compensation paysagère. J’ai mis dix-huit mois à obtenir quelques arbres et ils ne sont même pas tous plantés… »

Que l’enthousiasme de 2002 semble loin ! Bien sûr, certains agriculteurs ont gagné de l’argent, certaines communes ont pu conserver des groupes scolaires, ouvrir des espaces culturels, employer une secrétaire ou un vigile. Une économie peut exister localement, mais est-elle vertueuse ? Pour produire une énergie intermittente, inadaptée et dont la France n’avait pas besoin, était-il nécessaire de saccager ainsi des paysages ? Cette croisade contre les énergies de l’ancien monde méritait-elle tant de bruits, tant de travaux, tant d’argent public dépensé ? Il doit être permis d’en douter.