Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

vendredi 7 avril 2023

Nous aussi, nous ressentons les décharges électriques

Témoignage de Jean-Paul Prat, La Fageole, Commune de Coren ( Cantal 15)

Mon nom est Jean-Paul Prat. Si vous me demandez depuis quand notre famille est installée à La Fageole en tant qu’agriculteurs, je vous répondrai qu’en dressant notre arbre généalogique nous sommes remontés à 1600…
Nous sommes donc ici depuis toujours. Sur notre terre, comme mes parents, j’ai élevé des vaches. Je possédais un petit troupeau de 35 bêtes, on est donc bien loin des fermes industrielles.
La vie était tranquille jusqu’en 2006. Les éoliennes sont arrivées : la première a été installée à 600 mètres de notre maison. Dès qu’elles ont commencé à tourner, j’ai pu observer un curieux phénomène sur mon troupeau, dans un pâturage situé à 200 mètres des machines : mes bêtes refusaient de se diriger vers les hautes herbes à brouter, elles préféraient se placer là où il n’y avait rien à manger, plutôt que de se rapprocher des aérogénérateurs. J’ai dû tenter de les forcer en plaçant un fil barbelé pour les contraindre à aller se nourrir. Mais j’y ai bien vite renoncé parce mes vaches se portaient de plus en plus mal, et la qualité du lait baissait, des cellules dans le lait ont commencé à apparaître. En plein été, et en pleine chaleur, elles préféraient rester en bas du pré, là où il n’y a pas d’air, plutôt que d’aller se rafraichir au sommet, vers les machines, comme elles l’avaient toujours fait. Heureusement, j’avais la chance d’avoir un pâturage suffisant pour pouvoir déplacer mes bêtes et leur permettre de se revigorer. Je plains les agriculteurs qui sont cernés par les aérogénérateurs.
Malheureusement, il est impossible de déplacer notre maison : nous subissons le bruit, les infrasons, et la présence d’électricité dans le sol. Ma sœur a perdu le sommeil. Un jour, alors qu’elle se trouvait dans l’étable, elle s’est assise sur un bidon en métal de 50 litres, et elle a ressenti des décharges électriques. Le médecin nous a expliqué que les prothèses de hanche qu’elle porte avaient sans doute accentué le phénomène. Il y a donc bien de l’électricité dans le sol, et je peux vous dire que ces phénomènes n’étaient pas présents avant l’installation des parcs.
Aujourd’hui, les permis de construire se multiplient autour de nous : Coren, Vieillespesse, extension d’Ally-Mercoeur… Sur le parc le plus proche, on nous a annoncé que les éoliennes allaient être remplacées par des machines plus hautes et plus performantes. Mais aucune étude n’est réalisée sur les populations. Les installations toujours plus puissantes, mais la distance entre ces usines et notre maison est toujours la même…
Les promoteurs, toujours plus nombreux, sillonnent le secteur. Ils sont venus me voir, plusieurs fois. On nous propose des cadeaux contre des promesses de baux à faire signer aux voisins, mais on ne s’intéresse pas à la vie sous les pâles. J’ai montré à un de ces « chargés d’étude » les photos que j’ai prises des blocs de glace qui tombent autour de nous lorsqu’il gèle. A 1100 mètres d’altitude, le froid glacial est fréquent. Je leur ai également soumis les clichés des Milans Royaux hachés par les pâles. On me répond qu’on fait remonter l’information…mais je me demande bien à qui, puisque nous n’obtenons jamais de retour.

Témoignage recueilli par Sioux Berger
Mars 2023
En savoir plus
Le Prix du Vent, Sioux Berger, éditions du Rocher. 
Les Pentes, Sioux Berger, Editions De Borée.




Mon mari ne peut plus circuler librement sur ses terres


Témoignage d’Eliane Chalier, Col de La Fageole, (Cantal, 15)

Nous habitons au col de la Fageole, dans le Cantal, à plus de 1000 mètres d’altitudes, en pleine nature. Mon mari et moi étions agriculteurs. L’un de nos deux fils a repris l’exploitation. Notre second élève des chevaux, de magnifiques anglo-arabes.
Les premières éoliennes ont été installées à 700 mètres de chez nous, elles cernent notre maison sur la droite et longent nos terrains. Nous n’avons pas accepté ces usines sur nos terres, pourtant nous en subissons toutes les conséquences. Mon mari est cardiaque, équipé d’une pile-défibrillateur. Le médecin lui a interdit de s’approcher des aérogénérateurs. D’ailleurs, le danger est clairement indiqué sur les mâts. Il lui est désormais impossible d’aller inspecter nos prés et nos clôtures, car notre propriété jouxte ces usines ! Cet avertissement revient à nous interdire de circuler librement chez nous.
Lorsque nos enfants doivent travailler sous les mâts, pour faire les foins ou s’occuper des pâtures, ils reviennent systématiquement avec un horrible mal de tête.
A l’intérieur comme à l’extérieur, le bruit est devenu infernal, un peu comme si un camion était garé en permanence dans notre salon lorsqu’il y a du vent. Les jours de givres, l’intensité sonore est encore plus forte.
Le soir, lorsque les mâts clignotent, nous devons impérativement fermer tous les volets pour que la vie soit supportable, mais le jour, et surtout l’été, nous ne pouvons pas nous protéger des pales qui passent par intermittence devant le soleil en provoquant un effet stroboscopique intolérable, comme si un néon clignotant avait été installé dans le ciel. Il nous est impossible d’ouvrir les rideaux, ou de rester sous la véranda.
Bien sûr, nos bêtes sont perturbées, elles refusent de s’approcher des machines et de brouter sur nos prés les plus proches. Au printemps, lorsque notre fils y installe ses chevaux, on peut observer à quel point ils sont énervés et instables. Ils se comportent de la même façon que les vaches, en évitant de se diriger vers l’herbe haute et appétissante car il faut se tenir près des éoliennes.
Des machines plus puissantes vont être installées. Nous n’avons pas notre mot à dire.
Nos montagnes sont peu à peu transformées en zones industrielles sans que nous puissions faire quoi que ce soit.

Témoignage recueilli par Sioux Berger/ Mars 2023
En savoir plus : Le Prix du Vent, Sioux Berger, Editions du Rocher / Les Pentes, Sioux Berger, Editions De Borée.