⛯ Aveyron : Crassous : Théolia déboutée de ses requêtes (02/02/18)
http://www.centrepresseaveyron.fr/faits-divers/crassous--theolia-deboutee-de-ses-requetes-XK590022
Le tribunal civil a débouté hier l’entreprise qui réclamait l’interdiction du site à cinq personnes proches de l’Amassada.
http://www.centrepresseaveyron.fr/faits-divers/crassous--theolia-deboutee-de-ses-requetes-XK590022
Le tribunal civil a débouté hier l’entreprise qui réclamait l’interdiction du site à cinq personnes proches de l’Amassada.
La société Théolia, qui réalise le parc éolien de Crassous à Saint-Affrique, a été déboutée de ses requêtes, adressées au juge du tribunal civil à l’encontre de cinq personnes du collectif de l’Amassada, opposé, entre autres, à la réalisation de ce parc.
En l’espèce, dans une procédure d’urgence appelée référé heure par heure, elle réclamait l’interdiction pour les cinq personnes désignées de fréquenter les abords du site de Crassous durant 14 mois, sous peine de se voir infliger une amende de 2000 euros par heure de présence.
Et ce, après des constats d’huissiers effectués les 8 et 9 janvier.
Une décision qui ne devrait pas manquer d’être saluée ce samedi, à l’occasion de plusieurs rassemblements de l’Amassada, à 10 h 30 devant la mairie de Saint-Affrique et à 15 heures place du Mandarous à Millau.
Et ce, après des constats d’huissiers effectués les 8 et 9 janvier.
Une décision qui ne devrait pas manquer d’être saluée ce samedi, à l’occasion de plusieurs rassemblements de l’Amassada, à 10 h 30 devant la mairie de Saint-Affrique et à 15 heures place du Mandarous à Millau.
La demande en référé de la société Futuren, contre les opposants au parc éolien de Crassous, à Saint-Affrique, a été déboutée. La décision a été rendue ce mercredi matin au tribunal civil de Rodez.
La société Futuren - anciennement Theolia qui a racheté Ventura à l’origine du projet - avait désigné cinq opposants, des membres de l’Amassada, et demandé que leur présence soit interdite autour du site de Crassous sous peine d’une amende de 2 000 € par heure.
Or le tribunal aurait estimé que la désignation des cinq personnes était subjective, et que les éléments étaient insuffisants au regard de l’absence d’incidents lors des vérifications faites par les autorités.
Outre cette décision, une plainte de Futuren pour dégradation et vol sur le chantier contre treize opposants reste en cours.
Les membres de l’Amassada ont prévu d’échanger sur leurs futures actions à leur réunion habituelle du samedi.
⛯ Sud-Aveyron : à Crassous, l’argument historique ne tient pas (31/01/18)
http://www.midilibre.fr/2018/01/31/sud-aveyron-a-crassous-l-argument-historique-ne-tient-pas,1621212.php
Le service départemental d'archéologie et la Sarac suivent le chantier.
Le service départemental d'archéologie et la Sarac suivent le chantier.
Les travaux préparatoires à l'implantation de six éoliennes sur le plateau de Crassous diligentés par l'entreprise Théolia France doit reprendre jeudi 1er février. Depuis le démarrage des premiers coups de pelles, en décembre, des opposants multiplient les actions pour empêcher son développement. Ils utilisent notamment l'argument de la sauvegarde du patrimoine archéologique.
“Les opérations consistent en la création des voies d'accès et la réalisation des fondations et des réseaux enterrés qui se dérouleront jusqu'à l'automne 2018, explique le responsable du développement Sud de Théolia France. Interviendra ensuite le montage des éoliennes jusqu'à la mise en service prévue au cours du premier semestre 2019. Le suivi archéologique est prévu en phase de travaux, il sera réalisé par la direction régionale de l'archéologie (Drac).”
Le tracé du chemin d'accès à la première éolienne, la plus proche du hameau de Crassous, a été modifié par rapport au dossier déposé par le porteur de projet en 2007. “Tout le plateau a été occupé depuis la préhistoire car c'est un terrain calcaire qui permettait la culture des céréales, explique l'archéologue saint-affricain Jean Poujol. La Drac m'a demandé en 2007, une expertise."
LIRE AUSSI - Aveyron : 13 opposants au projet éolien de Crassous interpellés au réveil
"J'ai indiqué que le mât le plus près de Crassous était très proche du dolmen des Soutets qui est ruiné et a été fouillé au XIXe siècle. Sur le site, il y a deux ou trois entourages de pierre qui pouvaient correspondre à des fonds de cabane. La Drac a écrit aux pétitionnaires que rien ne s'opposait à la réalisation des travaux. Le plus dangereux lors des chantiers éoliens, c'est la création des voies d'accès car les bulldozers et autres raclent tout sans précaution.”
Pour Philippe Gruat, chef du service départemental d'archéologie : “En 2007, à l'instruction du dossier par la Drac, des sites archéologiques situés sur le plateau des Soutets, où se situe l'emplacement du chantier éolien, n'étaient pas encore répertoriés et connus. Depuis, ceux qu'a signalés l'archéologue Michel Maillé en 2013 ne nécessitent pas de fouilles préventives dans la mesure où ils ne sont pas touchés directement par les travaux.”
"Pour la Drac, pas de site archéologique avéré"
“Pour la Drac, il n'y a pas de site archéologique avéré à l'emplacement précis des mâts et des travaux actuels, poursuit Philippe Gruat. On a transmis à l'aménageur les emplacements des sites archéologiques. La Société archéologique du Rougier et des avants-causses (Sarac) est au courant. Il faut raison garder. Un permis a été accordé par l'État. On ne prescrit pas des fouilles préventives partout quand le site le plus proche est à 200 m."
"Il faut arrêter d'instrumentaliser l'archéologie dans ce dossier. Chaque année, des sites sont détruits accidentellement par des travaux agricoles et autres. On ne voit pas autant de monde s'en soucier. Un suivi de travaux est prévu.” La Sarac se rend régulièrement sur le chantier et a matérialisé le dolmen des Soutets. Pour la préfecture : “S'il y a des découvertes archéologiques fortuites, les travaux seront arrêtés automatiquement le temps d'un inventaire par un archéologue mandaté par la Drac.”
Le tracé du chemin d'accès à la première éolienne, la plus proche du hameau de Crassous, a été modifié par rapport au dossier déposé par le porteur de projet en 2007. “Tout le plateau a été occupé depuis la préhistoire car c'est un terrain calcaire qui permettait la culture des céréales, explique l'archéologue saint-affricain Jean Poujol. La Drac m'a demandé en 2007, une expertise."
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"J'ai indiqué que le mât le plus près de Crassous était très proche du dolmen des Soutets qui est ruiné et a été fouillé au XIXe siècle. Sur le site, il y a deux ou trois entourages de pierre qui pouvaient correspondre à des fonds de cabane. La Drac a écrit aux pétitionnaires que rien ne s'opposait à la réalisation des travaux. Le plus dangereux lors des chantiers éoliens, c'est la création des voies d'accès car les bulldozers et autres raclent tout sans précaution.”
Pour Philippe Gruat, chef du service départemental d'archéologie : “En 2007, à l'instruction du dossier par la Drac, des sites archéologiques situés sur le plateau des Soutets, où se situe l'emplacement du chantier éolien, n'étaient pas encore répertoriés et connus. Depuis, ceux qu'a signalés l'archéologue Michel Maillé en 2013 ne nécessitent pas de fouilles préventives dans la mesure où ils ne sont pas touchés directement par les travaux.”
"Pour la Drac, pas de site archéologique avéré"
“Pour la Drac, il n'y a pas de site archéologique avéré à l'emplacement précis des mâts et des travaux actuels, poursuit Philippe Gruat. On a transmis à l'aménageur les emplacements des sites archéologiques. La Société archéologique du Rougier et des avants-causses (Sarac) est au courant. Il faut raison garder. Un permis a été accordé par l'État. On ne prescrit pas des fouilles préventives partout quand le site le plus proche est à 200 m."
"Il faut arrêter d'instrumentaliser l'archéologie dans ce dossier. Chaque année, des sites sont détruits accidentellement par des travaux agricoles et autres. On ne voit pas autant de monde s'en soucier. Un suivi de travaux est prévu.” La Sarac se rend régulièrement sur le chantier et a matérialisé le dolmen des Soutets. Pour la préfecture : “S'il y a des découvertes archéologiques fortuites, les travaux seront arrêtés automatiquement le temps d'un inventaire par un archéologue mandaté par la Drac.”
https://reporterre.net/La-repression-se-durcit-contre-les-opposants-a-l-eolien-industriel-en-Aveyron
Une nouvelle procédure judiciaire est lancée contre des opposants à l’éolien industriel en Aveyron. Elle fait suite au blocage d’un chantier éolien en décembre dernier et à la lutte contre le projet de transformateur électrique de Saint-Victor-et-Melvieu, notamment prévu pour les éoliennes.
Actualisation
- Lundi 29 janvier 2018 à 15 h - Une nouvelle procédure judiciaire a été lancée contre les militants anti-éoliens de l’Aveyron.
- Lundi 29 janvier 2018 à 15 h - Une nouvelle procédure judiciaire a été lancée contre les militants anti-éoliens de l’Aveyron.
La société Futuren, en charge du projet éolien contesté, assigne en référé heure-à-heure cinq personnes. Selon nos informations, l’entreprise demande qu’il leur soit interdit de circuler pendant quatorze mois autour du chantier éolien de Crassous, ainsi que de participer à des actions d’opposition au projet. Cette procédure d’urgence n’a même pas laissé le temps à l’avocat des militants d’étudier le dossier qui était discuté ce lundi matin à Rodez.
Le verdict sera rendu jeudi, et communiqué directement aux parties, sans audience. Devant cet accumulation de procédures, les militants ont lancé un appel à rassemblement ce samedi 3 février à 10h30 à Saint Affrique, pour les libertés de manifester et « contre la criminalisation des luttes »
⛯ Aveyron : VIDÉO. La bataille de Crassous contre les éoliennes se joue aussi devant le tribunal de Rodez (29/01/18)
http://www.centrepresseaveyron.fr/societe/eoliennes-la-bataille-de-crassous-se-joue-aussi-devant-le-tribunal-XD588761
Des membres de l’Amassada étaient ce matin, lundi 29 janvier, au palais de justice pour soutenir cinq personnes citées par la société Théolia qui réalise le parc éolien de Crassous, à Saint-Affrique.
Des membres de l’Amassada étaient ce matin, lundi 29 janvier, au palais de justice pour soutenir cinq personnes citées par la société Théolia qui réalise le parc éolien de Crassous, à Saint-Affrique.
Avisées par un huissier vendredi en fin de journée, cinq personnes étaient ce lundi matin devant le juge du tribunal civil de Rodez. Et ce à la demande du groupe Théolia qui pilote l’installation de six éoliennes à Saint-Affrique. À Crassous précisément.
Là où depuis plusieurs mois, un collectif réuni sous la bannière Amassada se bat contre l’implantation de ce parc éolien. Tout comme il est mobilisé contre la construction d’un transformateur à Saint-Victor-et-Melvieu.
Mais à Rodez, hier, c’est bien à propos du chantier éolien que la tension est encore montée d’un cran entre les opposants et la société Théolia. Quand bien même cette matinée au Palais de justice de Rodez s’est déroulée dans le calme.
Des militants priés de rester dehors
Entre des policiers sur leurs gardes et une quarantaine d’opposants décidés mais pas énervés.
Une vingtaine d’entre eux a assisté à l’audience, présidée par le juge Bramat, les autres étant priés de rester aux portes du palais faute de places.
Une audience ou le représentant de la société, Me Couturier, a présenté ses requêtes. A savoir : l’interdiction pour les cinq personnes désignées de fréquenter toute la proximité du site de Crassous, sous peine de se voir infliger une amende de 2000 euros par heure de présence. Et ce, après des faits qui se sont déroulés les 8 et 9 janvier sur constatation d’huissiers.
Mais à Rodez, hier, c’est bien à propos du chantier éolien que la tension est encore montée d’un cran entre les opposants et la société Théolia. Quand bien même cette matinée au Palais de justice de Rodez s’est déroulée dans le calme.
Des militants priés de rester dehors
Entre des policiers sur leurs gardes et une quarantaine d’opposants décidés mais pas énervés.
Une vingtaine d’entre eux a assisté à l’audience, présidée par le juge Bramat, les autres étant priés de rester aux portes du palais faute de places.
Une audience ou le représentant de la société, Me Couturier, a présenté ses requêtes. A savoir : l’interdiction pour les cinq personnes désignées de fréquenter toute la proximité du site de Crassous, sous peine de se voir infliger une amende de 2000 euros par heure de présence. Et ce, après des faits qui se sont déroulés les 8 et 9 janvier sur constatation d’huissiers.
https://reporterre.net/La-tension-monte-contre-les-eoliennes-en-Aveyron
27 janvier 2018 / Grégoire Souchay (Reporterre)
Photos : © Grégoire Souchay/Reporterre
Jeudi 25 janvier, treize personnes ont été interpellés à leur domicile et placées en garde-à-vue en Aveyron. L’opération fait suite au blocage d’un chantier éolien en décembre dernier. Elle pourrait donner une nouvelle énergie à la lutte contre le projet de transformateur électrique de Saint-Victor-et-Melvieu, prévu pour les éoliennes.
Saint-Affrique et Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron), reportage
Opération d’envergure dans le sud-Aveyron jeudi matin 25 janvier, menée sans violences physiques, mais avec l’usage de menottes. Treize personnes ont été interpellées, dont les deux parents d’enfants en bas-âge. Elles ont été placées en garde à vue un peut partout dans les casernes du département, avant d’être libérées en fin de journée.
Il faut remonter un mois plus tôt, sur un chantier d’installation d‘éoliennes, sur la commune de Saint-Affrique pour comprendre l’enjeu. Le 12 décembre 2017, une trentaine de personnes se rendait physiquement sur le chantier d’une centrale de six mâts éoliens, près du lieu-dit Crassous. Un projet lancé il y a bientôt dix ans et dont tous les recours en justice ont été rejetés. Sur le mot d’ordre humoristique « oui à l’enfouissement des éoliennes », ils sont parvenus à rejoindre les pelleteuses en train de défricher la zone d’implantation des futures machines et ont stoppé le chantier. Celui-ci reprenait début janvier, cette fois, sous bonne garde policière assorti d’une interdiction de stationner à proximité prises par le maire de Saint-Affrique, favorable au projet, qui déclarait dans la presse locale : « A présent, force à loi. Il faut qu’on en finisse avec le comportement de certains. Et que la société puisse mettre en action son chantier. »
Dans le même temps, une dizaine de personnes recevaient une convocation en gendarmerie pour « entrave concertée à l’exercice de la liberté du travail » et « vol » (des panneaux de chantiers auraient été subtilisés). Il semble que les plaintes émanent de la société Arlès, entreprise locale en charge du déboisement. Fait étonnant : les convocations touchaient toutes les composantes de la lutte, militants très investis, agriculteurs, simples sympathisants. Collectivement, décision a été prise le 8 janvier de refuser de se rendre à ces convocations qui « constituent une tentative d’intimidation et de division d’un mouvement qui est amorcé, ici et ailleurs, contre l’invasion éolienne et le méga transformateur », déclaraient alors les militants.
Comme ils s’y attendaient, les militants ont donc vu débarquer trois semaines plus tard les forces de l’ordre, pour les amener de force en garde à vue pour être auditionnées.
La réaction des soutiens n’a pas tardé. Dès 13 h, jeudi, une petite cinquantaine de personnes se sont retrouvés devant la gendarmerie de Saint-Affrique, pour protester à coup de casserole et sirènes contre ce «coup de pression». Devant les caméras et la presse régionales, le colonel Le Floc’h, commandant du groupement de gendarmerie de l’Aveyron, expliquait de manière lapidaire « qu’une opération judiciaire et en cours » et que par conséquent « il ne communiquera pas ». Même silence du côté du procureur de la République de Rodez.
Au fil de la journée, dans une ambiance bon enfant mêlée d’inquiétude pour leurs camarades, les militants ont compris que les personnes arrêtées ont été placées en garde-à-vue dans des gendarmeries de Villefranche-de-Rouergue, Rodez et même à l’autre bout du département. « Bravo le bilan écologique ! » s’amusait un manifestant. A 16 h 30, le procureur a finalement ordonné la libération des interpellés, qui purent se retrouver le soir à Saint-Affrique, lors d’une soirée sur l’autodéfense juridique dans le café associatif local.
Pourquoi un tel dispositif pour relâcher tout le monde quelques heures plus tard ? Contacté par Reporterre, l’avocat des militants, Maître Gallon, explique que «ce genre de procédure n’est pas une nouveauté». Il a déjà eu à défendre des Faucheurs volontaires, et estime que « dans la logique policière, l’arrestation simultanée permet d’éviter la concertation entre les personnes visées tandis que la dispersion des gardes-à-vue permet d’éviter un rassemblement trop important en un point fixe. »
C’est donc maintenant au procureur de décider ou non de poursuites et donc d’aller vers un procès au tribunal correctionnel. Sur l’antenne de la radio associative locale, Nelly, l’une des interpellées, expliquait jeudi : « On y était prêts, ce n’est pas grave une garde-à-vue, les délits reprochés auront assez peu de conséquences ». Elle ajoute : « On sentait bien que c’était un coup de pression et une volonté de diviser les militants » même si « on n’était pas traités comme des délinquants, ils savent que c’est un contexte particulier ».
Reste que cette démonstration de force, si elle vise à intimider, pourrait avoir l’effet inverse et redonner de la vigueur au mouvement militant local. Car, la lutte anti-éolienne à Saint-Affrique est directement liée à une autre lutte, celle contre le projet de transformateur électrique de St-Victor-et-Melvieu, à 15 km de là. Ce projet, porté par RTE (Réseau de transport d’électricité, filiale à 100 % d’EDF) vise à accroître les capacités du réseau haute tension notamment du fait du raccordement ... de nouvelles éoliennes. Ce projet de transformateur, a été découvert en 2010 par une conseillère municipale du village de Saint-Victor-et-Melvieu et a déjà donné lieu a une bataille juridique menée par l’association plateau Survolté.
Aujourd’hui, c’est le fond même des logiques de réseau et de transition énergétique à grande échelle qui est contesté par une partie des opposants réunis au sein de l’assemblée de l’Amassada, qui ont construit des lieux d’occupation sur le site envisagé pour le projet.
Saint-Victor est désormais reconnu nationalement comme un pôle de lutte et d’occupation, après Notre-Dame-Des-Landes. De quoi agiter les fantasmes des éditorialistes locaux sur un éventuel « débarquement de zadistes » pour renforcer la lutte. Mais à Saint-Victor, l’occupation a toujours été pensée en lien avec le territoire, son histoire occitane, et dans le rejet des cadres posés par l’administration pour le projet. Remettant en cause l’argument de sa nécessité technique, les opposants qualifient l’enquête publique de « une mascarade » et ont décidé début novembre de bloquer l’ouverture de la permanence du commissaire-enquêteur.
Cette action festive et non-violente a provoqué le déplacement des bureaux de l’enquête publique à 50 km au nord, loin de là où le projet est combattu ! Une preuve supplémentaire pour les militants du caractère illusoire de la consultation.
Après l’avis favorable remis par les commissaires enquêteurs le 11 janvier dernier, le promoteur a communiqué le 19 janvier, s’engageant à suivre les recommandations des commissaires enquêteurs (enfouissement d’une ligne THT, isolation sonore du chantier et indemnisation des habitants du hameau voisin).
Il ne manque donc plus que la signature de la déclaration d’utilité publique par la préfète du département pour démarrer le chantier. Dans ce contexte, ces arrestations, sans suite à ce jour, pourraient donner du grain à moudre aux militants. « On a désormais la preuve que la transition énergétique a besoin des forces de l’ordre pour avancer », lançait jeudi soir un des interpellés. Une manière de rallier à la lutte une partie de la population, jusqu’ici frileuse à soutenir ouvertement des militants dont les actions (envahissement de réunion, refus de l’enquête publique) sont loin de faire l’unanimité. Un chantier collectif est désormais lancé pour rendre habitable les cabanes de l’Amassada, une nouvelle étape de la bataille anti-industrielle en sud Aveyron.
Opération d’envergure dans le sud-Aveyron jeudi matin 25 janvier, menée sans violences physiques, mais avec l’usage de menottes. Treize personnes ont été interpellées, dont les deux parents d’enfants en bas-âge. Elles ont été placées en garde à vue un peut partout dans les casernes du département, avant d’être libérées en fin de journée.
Il faut remonter un mois plus tôt, sur un chantier d’installation d‘éoliennes, sur la commune de Saint-Affrique pour comprendre l’enjeu. Le 12 décembre 2017, une trentaine de personnes se rendait physiquement sur le chantier d’une centrale de six mâts éoliens, près du lieu-dit Crassous. Un projet lancé il y a bientôt dix ans et dont tous les recours en justice ont été rejetés. Sur le mot d’ordre humoristique « oui à l’enfouissement des éoliennes », ils sont parvenus à rejoindre les pelleteuses en train de défricher la zone d’implantation des futures machines et ont stoppé le chantier. Celui-ci reprenait début janvier, cette fois, sous bonne garde policière assorti d’une interdiction de stationner à proximité prises par le maire de Saint-Affrique, favorable au projet, qui déclarait dans la presse locale : « A présent, force à loi. Il faut qu’on en finisse avec le comportement de certains. Et que la société puisse mettre en action son chantier. »
Dans le même temps, une dizaine de personnes recevaient une convocation en gendarmerie pour « entrave concertée à l’exercice de la liberté du travail » et « vol » (des panneaux de chantiers auraient été subtilisés). Il semble que les plaintes émanent de la société Arlès, entreprise locale en charge du déboisement. Fait étonnant : les convocations touchaient toutes les composantes de la lutte, militants très investis, agriculteurs, simples sympathisants. Collectivement, décision a été prise le 8 janvier de refuser de se rendre à ces convocations qui « constituent une tentative d’intimidation et de division d’un mouvement qui est amorcé, ici et ailleurs, contre l’invasion éolienne et le méga transformateur », déclaraient alors les militants.
Comme ils s’y attendaient, les militants ont donc vu débarquer trois semaines plus tard les forces de l’ordre, pour les amener de force en garde à vue pour être auditionnées.
La réaction des soutiens n’a pas tardé. Dès 13 h, jeudi, une petite cinquantaine de personnes se sont retrouvés devant la gendarmerie de Saint-Affrique, pour protester à coup de casserole et sirènes contre ce «coup de pression». Devant les caméras et la presse régionales, le colonel Le Floc’h, commandant du groupement de gendarmerie de l’Aveyron, expliquait de manière lapidaire « qu’une opération judiciaire et en cours » et que par conséquent « il ne communiquera pas ». Même silence du côté du procureur de la République de Rodez.
Au fil de la journée, dans une ambiance bon enfant mêlée d’inquiétude pour leurs camarades, les militants ont compris que les personnes arrêtées ont été placées en garde-à-vue dans des gendarmeries de Villefranche-de-Rouergue, Rodez et même à l’autre bout du département. « Bravo le bilan écologique ! » s’amusait un manifestant. A 16 h 30, le procureur a finalement ordonné la libération des interpellés, qui purent se retrouver le soir à Saint-Affrique, lors d’une soirée sur l’autodéfense juridique dans le café associatif local.
Pourquoi un tel dispositif pour relâcher tout le monde quelques heures plus tard ? Contacté par Reporterre, l’avocat des militants, Maître Gallon, explique que «ce genre de procédure n’est pas une nouveauté». Il a déjà eu à défendre des Faucheurs volontaires, et estime que « dans la logique policière, l’arrestation simultanée permet d’éviter la concertation entre les personnes visées tandis que la dispersion des gardes-à-vue permet d’éviter un rassemblement trop important en un point fixe. »
C’est donc maintenant au procureur de décider ou non de poursuites et donc d’aller vers un procès au tribunal correctionnel. Sur l’antenne de la radio associative locale, Nelly, l’une des interpellées, expliquait jeudi : « On y était prêts, ce n’est pas grave une garde-à-vue, les délits reprochés auront assez peu de conséquences ». Elle ajoute : « On sentait bien que c’était un coup de pression et une volonté de diviser les militants » même si « on n’était pas traités comme des délinquants, ils savent que c’est un contexte particulier ».
Reste que cette démonstration de force, si elle vise à intimider, pourrait avoir l’effet inverse et redonner de la vigueur au mouvement militant local. Car, la lutte anti-éolienne à Saint-Affrique est directement liée à une autre lutte, celle contre le projet de transformateur électrique de St-Victor-et-Melvieu, à 15 km de là. Ce projet, porté par RTE (Réseau de transport d’électricité, filiale à 100 % d’EDF) vise à accroître les capacités du réseau haute tension notamment du fait du raccordement ... de nouvelles éoliennes. Ce projet de transformateur, a été découvert en 2010 par une conseillère municipale du village de Saint-Victor-et-Melvieu et a déjà donné lieu a une bataille juridique menée par l’association plateau Survolté.
Un impact sur l’environnement pas vraiment négligeable |
Aujourd’hui, c’est le fond même des logiques de réseau et de transition énergétique à grande échelle qui est contesté par une partie des opposants réunis au sein de l’assemblée de l’Amassada, qui ont construit des lieux d’occupation sur le site envisagé pour le projet.
Saint-Victor est désormais reconnu nationalement comme un pôle de lutte et d’occupation, après Notre-Dame-Des-Landes. De quoi agiter les fantasmes des éditorialistes locaux sur un éventuel « débarquement de zadistes » pour renforcer la lutte. Mais à Saint-Victor, l’occupation a toujours été pensée en lien avec le territoire, son histoire occitane, et dans le rejet des cadres posés par l’administration pour le projet. Remettant en cause l’argument de sa nécessité technique, les opposants qualifient l’enquête publique de « une mascarade » et ont décidé début novembre de bloquer l’ouverture de la permanence du commissaire-enquêteur.
Cette action festive et non-violente a provoqué le déplacement des bureaux de l’enquête publique à 50 km au nord, loin de là où le projet est combattu ! Une preuve supplémentaire pour les militants du caractère illusoire de la consultation.
Après l’avis favorable remis par les commissaires enquêteurs le 11 janvier dernier, le promoteur a communiqué le 19 janvier, s’engageant à suivre les recommandations des commissaires enquêteurs (enfouissement d’une ligne THT, isolation sonore du chantier et indemnisation des habitants du hameau voisin).
Il ne manque donc plus que la signature de la déclaration d’utilité publique par la préfète du département pour démarrer le chantier. Dans ce contexte, ces arrestations, sans suite à ce jour, pourraient donner du grain à moudre aux militants. « On a désormais la preuve que la transition énergétique a besoin des forces de l’ordre pour avancer », lançait jeudi soir un des interpellés. Une manière de rallier à la lutte une partie de la population, jusqu’ici frileuse à soutenir ouvertement des militants dont les actions (envahissement de réunion, refus de l’enquête publique) sont loin de faire l’unanimité. Un chantier collectif est désormais lancé pour rendre habitable les cabanes de l’Amassada, une nouvelle étape de la bataille anti-industrielle en sud Aveyron.
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Sur ce blog lire les articles :
➤ publié le 26/01/2018 : AVEYRON - Contre la criminalisation des mouvements citoyens
https://ventsetterritoires.blogspot.fr/2018/01/aveyron-contre-la-criminalisation-des.html
➤ publié le 11/01/2018 : Aveyron - Face aux gendarmes pour avoir bloqué un parc éolien (plusieurs articles)
➤ publié le 11/01/2018 : Aveyron - Face aux gendarmes pour avoir bloqué un parc éolien (plusieurs articles)