Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

vendredi 8 juin 2018

Hauts-de-France : éoliennes, pourquoi tant de haine ?

https://www.mediacites.fr/lille/decryptage-lille/2018/06/08/hauts-de-france-eoliennes-pourquoi-tant-de-haine/

Dans le territoire français le plus équipé en éoliennes, le président du conseil régional, Xavier Bertrand, s’oppose fermement aux modernes moulins à vent. Il n’est pas le seul. Pour quelles raisons ? Et avec quel résultat ? Les explications de Mediacités.


Attention, sujet chaud ! Et glissant, à l'occasion. Grimper au mât d'une éolienne, dans le plat pays comme ailleurs dans l'hexagone, c'est découvrir le champ d'une bataille féroce. On n'y échange pas des objections de circonstance mais des arguments de dissuasion massive, censés priver l'adversaire de réaction. « La question n'est pas "Pourquoi nous sommes contre l'éolien" mais "Comment des gens peuvent être encore favorables à une énergie qui industrialise les campagnes, ruine nos paysages, coûte cher et ne sert à rien ? " », pose Christophe Grizart, de l'association pour la sauvegarde des villages hamois, dans la Somme

« Pas ou peu de retombées financières pour les collectivités impactées, pas ou peu d'emplois, pas de cars de touristes comme on le promettait aux élus, pas de transparence sur les contrats de location des terres , énumère Jean-Louis Doucy, ancien fonctionnaire territorial devenu pourfendeur des moulins à vent modernes au sein du collectif Stop Eolien 02. On s'est fait rouler dans la farine ! »

Dans le camp d'en face, on aligne les engagements de la France dans la lutte contre le changement climatique. C'est « le salut de l'Humanité » versus « l'arnaque du siècle » ! Le mouvement contre l'éternité. Le rural sacrifié par l'urbain. L'écologie locale opposée à l'écologie globale.

Dans le village de Thézy-Glimont (Somme), le maire, Patrick Desseaux, s’est mobilisé l’an dernier contre l’installation d’un parc de six machines. Il est pourtant premier vice-président de l’agglomération d’Amiens chargé du développement durable… « Je ne suis pas anti-éolien, mais je ne voulais pas du projet présenté dans ma commune. La société porteuse a profité d’un vieil accord de principe alors que nous avions construit deux nouveaux lotissements depuis. Le Préfet a heureusement refusé l’autorisation après que le commissaire-enquêteur a rendu un avis négatif et que nous avons reçu le soutien de Xavier Bertrand. » 

Xavier Bertrand, chef de file des anti-éolien

Dans les Hauts-de-France, en effet, la situation se pimente de la posture du Conseil régional : il est « défavorable » à l’éolien – et pas qu’un peu ! Son président l’avait annoncé pendant la campagne de 2015. Il l’a beaucoup répété ensuite, sans craindre de heurter les maires qui sont « pour ». Il balaie le chiffre de 2 200 emplois éoliens directs recensés dans la région par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). « Cette industrie ne crée pas d’emplois », martèle-t-il. Depuis deux ans, chaque fois qu’un projet s’est présenté sur le territoire, Xavier Bertrand a transmis un message de refus aux sous-préfets instructeurs. Dans un courrier adressé à un militant anti-éolien de Picardie en décembre 2016, Philippe Rapeneau, vice-président à la transition énergétique, parlait de « mieux coordonner l’opposition aux projets », affirmant que les Hauts-de-France avaient « déjà très largement contribué aux efforts à consentir en termes de nouvelles implantations ».

Premier constat : le Nord et l’Oise sont peu concernés par les éoliennes. Les pales se concentrent sur deux « bananes » correspondant aux meilleurs gisements de vent : l’une dans le Pas-de-Calais, l’autre à travers la Somme et l’Aisne. La Dreal, service d’Etat, lâche quelques chiffres. La région est la première de France en nombre de mâts en production ou autorisés : 2 324 au 1er février 2018, ce qui représente une puissance de 5 675 mégawatts (MW), soit l'équivalent de 2,3 réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines . En décembre 2016, on comptait 1 201 machines en production (soit un cinquième des 6 500 éoliennes françaises), dont plus de 700 dans l’Aisne et la Somme


Carte du développement des deux axes majeurs du développement de l'éolien dans les Hauts de France. Carte : Dreal / Sidée
Carte des deux axes majeurs du développement de l’éolien dans les Hauts de France. Carte: Dreal – Analyse du développement de l’éolien terrestre dans les Hauts-de-France, janvier 2017


Depuis 2014, 182 dossiers d’autorisation de parcs ont été déposés (un tiers du total national) et 80 dossiers sont encore en instruction. Entre réalisations effectives et turbines en voie de développement, les Hauts-de-France ont donc dépassé l’objectif de 4 587 MW fixé en 2012 par le Nord – Pas de Calais et la Picardie. De là à parler de saturation, il y a un pas selon les partisans du vent. « Le potentiel régional est bien occupé, mais il reste de la place, note Gauthier Ossart, responsable de la société Valeco, qui construit en ce moment une cinquantaine d’éoliennes en Picardie. On peut étendre des parcs ou augmenter leur puissance. Ou en créer d’autres si des servitudes sont revues. Par exemple, celle qui interdit tout mât dans un rayon de trente kilomètres autour du radar aérien de Doullens. »


Bilan des projets éoliens dans les Hauts de France (en nombre d’éoliennes et en puissance) par rapport aux objectifs au 1er décembre 2016. Document : Dréal - Analyse du développement de l'éolien terrestre dans les Hauts de France, janvier 2017


Et puis, il y a l’éolien offshore : un appel d’offres est en cours pour la construction d’une centrale de 750 MW au large de Dunkerque. Dix installateurs sont sur les rangs malgré, ici aussi, le niet exprimé par la Région. Jean-Louis Bal, président du syndicat national des énergies renouvelables, place le débat sur le plan de « l’acceptabilité » : « C’est à la population de voir s’il est possible d’en faire plus ou non. » Il reconnaît que les grands poteaux blancs perturbent le paysage et assure qu’il milite pour des améliorations comme la suppression des clignotements nocturnes au coeur des pales, imposés par les autorités aériennes. Jean-Louis Bal n’a pas réussi à obtenir un rendez-vous avec Xavier Bertrand sur le sujet. Philippe Rapeneau l’a reçu mais l’a prévenu d’emblée : « On ne parle pas d’éolien ».

Les « pirates du vent » et « pilleurs de paysage »
Un autre vice-président régional se fâche tout vert : François Decoster. En avril 2017, il a dénoncé « les pirates du vent » et « les pilleurs de paysage ». Un installateur éolien envisageait des implantations dans le secteur de Saint-Omer, la ville dont il est maire, alors que l’agglomération avait signalé qu’elle n’en voulait plus. Les méthodes des opérateurs sont souvent mises en cause : on parle de démarchages agressifs, d’accords sous le manteau avec les propriétaires de terrains, de méthodes de spéculateurs… « Il y a des moutons noirs comme dans toutes les professions et des équipements plus réussis que d’autres », concède Gauthier Ossart. A la différence d’opérateurs qui vendent les installations sitôt réalisées, sa société Valeco cumule les statuts de développeur et d’exploitante. « Cela signifie que nous restons présents et que nous pouvons être interpellés en cas de problème pendant toute la durée de vie des machines », explique-t-il.


Lire aussi : La nouvelle géographie de l’éolien français


L’une des données du problème tient dans la place des maires : un entrepreneur éolien qui obtient une autorisation préfectorale peut se passer de l’accord de l’élu local, même si c’est rarement le cas. « Les maires perdent peu à peu leurs prérogatives, note Patrick Desseaux, premier élu de Thézy-Glimont. Si les éoliennes sont construites, ils ne peuvent même plus bâtir de logements dans leurs communes. Je comprends leur ras-le-bol. » Au passage, il suggère une évolution toute simple : que les machines soient concentrées dans de « grandes fermes » à quelques endroits qui conviennent et non plus dispersées dans la nature…


Moulins contre terrils

La production d’électricité éolienne est déjà plus encadrée en France que dans beaucoup d’autres pays par les droits de l’urbanisme et de l’environnement, souligne David Deharbe, dirigeant du cabinet d’avocats roubaisien Green Law, qui accompagne et défend les porteurs de projets éoliens. « Vous connaissez beaucoup d’industries qui calculent leur propre bilan carbone et justifient du nombre de chauve-souris qu’elles font tomber ? » interroge-t-il. Avant d’évoquer le cas de trois éoliennes prévues à Vermelles (Pas-de-Calais), dont le permis de construire a été refusé par l’Etat. Motif : elles pouvaient nuire à la visibilité des terrils, dont certains sont classés par l’Unesco. « Pour protéger la vue de déchets issus d’une énergie fossile, on interdisait l’émergence d’une énergie renouvelable ! s’offusque David Deharbe. Heureusement, le juge administratif a décidé en décembre dernier qu’il n’y avait pas d’incompatibilité entre les deux. »
Répartition des projets éoliens autorisés ou refusés, par département, au 1er décembre 2016. Document : Dréal - Analyse du développement de l'éolien terrestre dans les Hauts de France, janvier 2017

Les oppositions ont tendance à se durcir. Un dossier d’implantation sur deux fait l’objet d’un recours, estime Green Law. Autrefois portées par de petites associations, elles viennent aussi des collectivités. « Les actions juridiques ne sont plus déclenchées uniquement contre les autorisations mais contre les conditions de fonctionnement de parcs autorisés, s’inquiète David Deharbe. Comment peut-on attaquer des décisions préfectorales prises au nom de l’intérêt général ? » Dans ces conflits, la voix de Xavier Bertrand ne semble pas peser lourd. « Elle ne porte pas assez », reconnaissait-il lui-même lors d’une réunion de terrain à Péronne, en avril. « Avec tout le respect que je lui dois, Xavier Bertrand n’est que président de Région, pas Préfet », observe Gauthier Ossart de Valeco.

David Deharbe, connaissant le combat de l’élu pour l’emploi, lui suggère de favoriser la création d’une filière de construction d’éoliennes. Actuellement, toutes les machines érigées en France proviennent de l’étranger… Pour l’heure, le président des Hauts-de-France consacre son énergie à des actions de lobbying auprès du gouvernement : en contrepartie d’un développement de la méthanisation et de l’énergie solaire, consigné dans le schéma régional d’aménagement (le SRADDET), il espère obtenir un gel de l’éolien sur son territoire. Pour la plus grande satisfaction de ses électeurs ruraux. Un farouche anti-éolien picard reste dubitatif : « Je ne suis pas loin de penser qu’il court derrière le Front national dans ce domaine… »


On va voir ce qu’on va voir… mais pas tout de suite. C’est en substance la réponse faite par la Région et par les services préfectoraux aux demandes d’entretiens de Mediacités. La collectivité annonce, pour ce mois de juin, le lancement d’un Observatoire de l’éolien, destiné à mesurer le suréquipement des Hauts-de-France. Il sera précédé par une grande réunion des associations d’opposants. D’ici là : motus ! Quant à la direction régionale de l’environnement (Dreal), seul le vent connaît sa position. Le service de l’Etat ne veut rien dire sur les éoliennes avant une prise de parole de son directeur sur les installations classées pour la protection de l’environnement – sans doute mi-juin. Sujet brûlant, on vous dit…