À l’initiative de Daniel Rousseau, le maire, une réunion et un débat public sur le projet éolien dans les marais de la rive droite de l’estuaire de la Gironde se sont tenus dans la salle des fêtes, mardi dernier. 150 personnes étaient présentes.
Le maire a ouvert la séance et présenter l’ordre du jour en donnant les informations qu’il détient sur ce projet éolien à l’aide d’une projection sur écran.
Jean-François Mazzocchi, maire de Saint-Dizant-du-Gua, a présenté les vues d’un chantier de construction d’éoliennes en faisant ressortir les difficultés éventuelles du transport des tronçons d’éolienne de 40 mètres de long.
Selon lui, « il n’y aurait que quatre véhicules articulés en France pour faire ce genre de transport ». Arnault Ithier, nouvel habitant retraité à Saint-Thomas, a lui aussi projeté des vues pour démontrer les différentes hauteurs des bâtiments publics par rapport à une éolienne de 280 mètres en bout de pale.
La salle était acquise aux arguments anti-éoliens.
PHOTO G. M.
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Un débat sans contradiction
Puis le débat s’est établi à sens unique et un grand nombre d’anti-éoliens n’ont pas hésité à pavoiser leurs habitations pour marquer leur opposition à ce projet. Jean-François Mazzocchi, s’affichant franchement anti-éolien, doute de la véracité des prévisions du maître d’œuvre concernant l’acheminement du matériel et la destruction future. Sur ce dernier point, Daniel Rousseau a rebondi en assurant « qu’une provision de 50 000 euros par éolienne est bloquée en banque en vue de démontage futur ».
Lors du débat, Patrick Boraud a prétendu « que le bruit des pales, à moins de 1 500 mètres, est néfaste pour la santé ». Une autre personne va même jusqu’à assurer que « les viticulteurs ont à craindre la présence d’éoliennes qui favoriserait les abats de grêle ». Bref, les procès d’intention et les élucubrations s’accumulaient au fil de la soirée et seul Vincent Delage a cité un problème réel vis-à-vis du permis de construire en zone Natura 2000 qui n’inclut pas les éoliennes.
Après deux heures de débat partisan, le maire a remercié toutes les personnes présentes, il a annoncé qu’une autre réunion se tiendra en fin d’année avec plus de renseignements.
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Ils sont venus très nombreux (plus de 150), mardi 7 août 2018, sur invitation du maire de Saint-Thomas-de-Cônac, Daniel Rousseau, pour entendre les éléments d’information dont ce dernier dispose sur le projet de parc éolien par EDF EN dans les marais de l’estuaire de la Gironde, puis en débattre entre eux.
D. Rousseau a regretté plusieurs fois n’avoir obtenu que très peu d’information de la part du promoteur du projet.
Un bref montage photo est commenté par le maire de Saint-Dizant-du-Gua.
Avec ce dernier et la maire de Saint-Sorlin-de-Conac, D. Rousseau a évoqué entre autres :
- Projet de 30 à 40 éoliennes de 180 à 200m (les 2/3 de la Tour Eiffel), depuis Saint-Androny jusqu’à Mortagne-sur-Gironde avec plusieurs zones d’exclusion ; en bref, c’est essentiellement dans les marais de Saint Bonnet-sur-Gironde, de Saint-Thomas-de-Cônac et de Saint-Dizant-du-Gua qu’elles seraient implantées.
- EDF EN:
· a envoyé une lettre d’intention le 31 juillet dernier à la présidente de la Commission nationale de débat public, Chantal Jouanno;
· prévoit une consultation publique en janvier 2019;
· prévoit de rencontrer prochainement le syndicat foncier des marais;
· s’est dit prêt à atténuer certaines nuisances comme le bruit ; le maire se réfère au rapport de l’Académie de médecine de mai 2017.
- 9 propriétaires – pas nécessairement habitants de St Thomas – auraient déjà signé un bail emphytéotique avec EDF EN qui n’a pas révélé leur identité. Le maire dit n’en connaître qu’un.
- L’acheminement se ferait par le port du Verdon puis par barges. Aucun détail sur l’acheminement de la berge au lieu d’implantation ;
- Le transport des parties d’éoliennes (certaines de 50m de long) se fera par camions spéciaux ; apparemment, la France dispose seulement de 4 ou 5 camions de ce gabarit.
- Pour le démantèlement, un montant de 50.000€ est approvisionné par le promoteur mais il semblerait que le coût de cette opération serait plutôt de 350.000 à 400.000€. Il est rappelé que si EDF EN a, entre temps, cédé l’activité à une autre société et que cette dernière disparaît, la responsabilité du démantèlement incombe au propriétaire.
- Construction : on parle d’environ 2000 tonnes de béton armé par éolienne ; savoir par ailleurs que le sol dur, comme on l’a constaté lors de la construction récente de l’école de voile à Port-Maubert, est à -150 m. Il persiste beaucoup de facteurs inconnus pour cette phase de construction (stabilisation des sols pour les engins de levage, etc).
- En fin de vie d’une éolienne, le promoteur peut décider d’en construire une autre à côté, élargissant d’autant la surface de béton armé dans les marais….
Un habitant de Saint-Thomas-de-Cônac complète ce tableau par des photos mettant en perspective une éolienne de 200m environ par rapport à des bâtiments tels une église, un château d’eau, un pylône électrique, etc… : ces éoliennes seraient visibles de la place du village.
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Résumé du débat :
- Un intervenant demande aux participants s’ils ont été contactés dans le cadre d’une enquête commanditée par EDF EN selon laquelle près de 70% des interrogés se seraient déclarés favorables à des éoliennes à proximité de la Centrale de Blaye. Il note que 4 ou 5 mains seulement se lèvent et fait valoir la formulation floue et trompeuse des termes utilisés (Notion de « proximité »).
- Un participant parle de l’impact nocif sur la santé : les nuisances sonores sont ressenties jusqu’à 1500m, les riverains et les animaux sont, entre autre, perturbés dans leur cycle de sommeil. En France, le promoteur n’est tenu de respecter qu’une distance de 500m, alors qu’elle est entre 1500 et 2000 m ailleurs en Europe.
- Un intervenant évoque le risque de conflit d’intérêt lorsque des élus locaux se prononcent en conseil municipal sur la question d’implantation d’éoliennes et demande au maire si des mesures ont été prises à ce sujet. Il répond négativement mais assure que ce sera fait dans le futur. Le même intervenant, se référant aux 9 propriétaires qui ont signé, demande si l’un d ‘entre eux est présent et peut expliquer pourquoi il souhaite les éoliennes. Personne ne répond.
- Un habitant de Saint-Thomas-de-Cônac note
1. que ces marais sont exceptionnels par la biodiversité, la faune, la flore, ses oiseaux, une zone Natura 2000 ;
2. que si ces atouts, et l’équilibre qui en résulte, sont remis en cause par les éoliennes, tant le tourisme que les commerces seront impactés ;
3. que l’impact financier sera en fin de compte perdant, pour la commune et sans doute même pour le propriétaire bailleur.
- Le président du collectif « Stop éolien17 », M. Bruchet, rappelle qu’une délégation de maires rencontrera le lendemain (8 août) le préfet à la Rochelle. Par ailleurs, le Conservatoire de l’Estuaire s’est prononcé contre le projet.
M. Bruchet parle des cas de propriétaires rendus responsables des nuisances des éoliennes et du démantèlement en cas de défaillance des promoteurs. Il rappelle également le fait que les nuisances sur la santé des riverains ont poussé l’Espagne à cesser l’implantation d’éoliennes terrestres ; et que les éoliennes off-shore du Danemark sont à… 85 kms du littoral. La tendance en Europe est moins d’éoliennes terrestres et plus d’éoliennes offshore.
- Un habitant souhaite insister sur l’impact que ce projet ne manquerait pas d’avoir dans un estuaire prodigieux, sur son statut environnemental et sur la biodiversité. Il rappelle l’importance
- du label Natura 2000 et de ZPS (zone de protection spéciale) au titre de la Directive Oiseaux ;
- de la loi Littoral et la préservation des espaces remarquables ;
- du rapport LPO de juin 2017.
Tous ces labels et ces reconnaissances que seules tant d’années ont permis d’obtenir seraient remis en cause par la présence d’éoliennes industrielles.
- Il est noté que les 40 éoliennes qui seraient implantées ne représenteront que 0,5% de la puissance de la centrale de Blaye avec ses 4 réacteurs. Il est faux et incohérent de considérer les éoliennes comme un substitut à la Centrale, même partiel.
- Deux habitants de Saint-Thomas-de-Cônac parlent des impacts négatifs sur l’immobilier et sur le tourisme : une propriété à proximité d’éoliennes industrielles peut perdre 30% ou plus de sa valeur ; d’après une enquête auprès de touristes dans l’Indre, plus de 95% indiquent qu’ils changeraient de destination si les éoliennes étaient visibles à plus de 10kms du lieu d’hébergement.
- Une discussion a lieu sur d’autres solutions en nouvelles énergies ; tous les intervenants reconnaissent l’importance de la recherche dans ce domaine. Un représentant d’ « Action, Environnement, Estuaire », un collectif à St-Fort-sur-Gironde, évoque la biomasse, l’éolien offshore. D’autres formes d’énergies renouvelables sont citées. D’autres intervenants estiment que ce n’est pas aux habitants de Saint-Thomas-de-Cônac de faire des propositions sur la politique énergétique de la France.
- Une habitante de Saint-Thomas-de-Cônac demande à ceux qui sont favorables au projet de parc éolien dans les marais de donner leurs raisons ; des quelques réactions, il semble que ce soit essentiellement par rejet du « nucléaire » que certains aient trouvé le projet encourageant.
- Une touriste belge intervient pour souligner le décor exceptionnel qu’elle a découvert ces derniers jours, elle supplie l’assemblée d’avoir à cœur sa totale protection.
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Le maire remercie les participants et conclut en indiquant qu’une autre réunion sera organisée à la fin de l’année ou en début d’année prochaine en présence d’EDF EN.
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