Quatre des dix éoliennes déjà opérationnelles à Adriers. La commune n’en veut pas davantage. © (Photo archives NR-CP.) |
A Adriers, une enquête publique s’ouvre sur la construction d’un troisième parc éolien contre lequel le conseil municipal souffle de toutes ses forces.
Le point culminant de la Vienne, 231 mètres, est au cœur d’un conflit entre la municipalité d’Adriers et la société Volkswind, qui souhaite y installer dix éoliennes. La commune en compte déjà dix, réparties sur deux parcs devenus opérationnels il y a deux ans, faisant à l’époque du village un pionnier de l’éolien dans le Montmorillonnais.
Mais le vent a tourné et Adriers n’est plus si enthousiaste. Le conseil municipal a déjà donné un avis défavorable à la « ferme éolienne de Tageau » et s’apprête à revoter pour bien enfoncer le clou, explique son maire Philippe Rose : « Nous avons déjà deux parcs et nous attendons de voir toutes les retombées avant d’en accepter un troisième. »
Les retombées positives apparaissent cette année dans le budget communal, avec le versement des taxes. « C’est important mais on ne court pas après, ce n’était pas le but à l’origine » souligne le maire.
Mortalité importante de chauves-souris sous les premières éoliennes
Du côté négatif, l’impact sur le paysage et les animaux sauvages : « Le parc Adriers Énergie cause une mortalité importante de chiroptères et ils vont devoir brider les éoliennes. Ce n’est pas le moment d’en mettre dix de plus à proximité », estime Philippe Rose.
Par-dessus tout, le maire ne décolère pas contre Volkswind, qui maintient son projet malgré l’opposition des élus. C’est son droit, la décision finale revenant à la préfète à l’issue de l’enquête publique. Mais « cette attitude est contestable, choquante, leurs procédés sont déplorables », écrit Philippe Rose dans un communiqué diffusé cette semaine à ses administrés, en les appelant « à faire connaître leur avis ». Dans le village voisin de Nérignac, qui avait obtenu d’un promoteur éolien l’abandon d’un projet sur son propre sol, on voit aussi d’un mauvais œil l’arrivée éventuelle de ces éoliennes toutes proches.
La société Volkswind considère au contraire, à l’issue de ses études, que son parc aura un impact limité. « Du fait de la présence d’un parc éolien en fonctionnement à proximité, l’intérêt du projet est de s’inscrire dans sa continuité, ce qui permet de limiter le mitage du territoire, explique-t-elle dans le dossier remis à la préfecture. Le site de projet présente peu d’enjeux patrimoniaux et touristiques et le paysage bocager limite fortement la visibilité des éoliennes. » (😏😏)
L’entreprise prévoit par ailleurs un plan de bridage des machines pour réduire le bruit perçu par les habitants les plus proches (village de Prun notamment) et la mortalité des oiseaux et chauve-souris.
La Mission régionale d’autorité environnementale a rendu fin mars un avis assorti de réserves sur ces impacts en matière de faune et d’environnement.
Volkswind ne fait par ailleurs aucune mention de sa relation conflictuelle avec les élus de la commune. Elle assure au contraire « attacher une grande importance à la communication. Les propriétaires et les exploitants agricoles sont consultés très en amont du projet. Ils peuvent ainsi décider, en toute liberté, de participer ou non à sa réalisation. L’information de nos partenaires tout au long du projet en garantit une acceptation consensuelle. » La société n’a pas donné suite à notre sollicitation pour s’exprimer sur cet aspect pour le moins controversé.
L’enquête publique sera ouverte du 4 juin au 6 juillet. Le dossier et le registre se trouveront à la mairie d’Adriers.
Les documents sont également disponibles sur le site internet de la préfecture.