http://www.sudouest.fr/2018/03/04/gironde-et-charente-maritime-des-eoliennes-dans-les-marais-ce-n-est-pas-du-vent-4250378-6149.php
EDF Énergies nouvelles envisage d’ériger une trentaine d’éoliennes en Gironde et en Charente-Maritime. Écologistes et chasseurs s’opposent déjà au projet.
Ce n’était pas du vent. Reçu à la rédaction de "Sud Ouest", la semaine dernière, le directeur régional Sud d’EDF Énergies nouvelles a confirmé qu’un parc éolien d’envergure était bel et bien en projet sur la rive droite de l’estuaire de la Gironde.
Dans les zones de marais qui s’étendent sur les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime. Un secteur potentiel de 168 km2, archi-classé pour la richesse et la fragilité de son environnement, pourrait accueillir entre "30 et 35 éoliennes", annonce David Augeix.
On reste finalement loin du chiffre de 140 mâts qui courrait dans les marais depuis plusieurs mois. Mais ramenée au territoire de l’ancienne région Aquitaine, toujours vierge de la moindre installation de ce type, ce parc envisagé constitue un programme considérable.
En ce début d’année 2018, on apprend également que l’étude de faisabilité est déjà validée. Conclusion : "Le gisement est bon." Comprendre qu’après l’étude de la force du vent sur une année, ce plan apparaît viable économiquement… à condition d’aller chercher l’énergie haut dans le ciel, donc avec des équipements de 150 à 180 mètres en bout de pales.
Comprendre aussi que sur les contraintes de zonage, à la fois en terme d’environnement, de sécurité aérienne et au regard de la proximité avec la centrale nucléaire du Blayais, "le secteur est compatible".
EDF Énergies nouvelles envisage d’ériger une trentaine d’éoliennes en Gironde et en Charente-Maritime. Écologistes et chasseurs s’opposent déjà au projet.
Ce n’était pas du vent. Reçu à la rédaction de "Sud Ouest", la semaine dernière, le directeur régional Sud d’EDF Énergies nouvelles a confirmé qu’un parc éolien d’envergure était bel et bien en projet sur la rive droite de l’estuaire de la Gironde.
Dans les zones de marais qui s’étendent sur les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime. Un secteur potentiel de 168 km2, archi-classé pour la richesse et la fragilité de son environnement, pourrait accueillir entre "30 et 35 éoliennes", annonce David Augeix.
On reste finalement loin du chiffre de 140 mâts qui courrait dans les marais depuis plusieurs mois. Mais ramenée au territoire de l’ancienne région Aquitaine, toujours vierge de la moindre installation de ce type, ce parc envisagé constitue un programme considérable.
En ce début d’année 2018, on apprend également que l’étude de faisabilité est déjà validée. Conclusion : "Le gisement est bon." Comprendre qu’après l’étude de la force du vent sur une année, ce plan apparaît viable économiquement… à condition d’aller chercher l’énergie haut dans le ciel, donc avec des équipements de 150 à 180 mètres en bout de pales.
Comprendre aussi que sur les contraintes de zonage, à la fois en terme d’environnement, de sécurité aérienne et au regard de la proximité avec la centrale nucléaire du Blayais, "le secteur est compatible".
Des céréaliers ont signé
Mieux encore, grâce à la centrale, le territoire offre un relais direct au réseau électrique haute tension. Autre atout souligné par David Augeix, "le marais est très peu densément peuplé. Ce serait plus complexe sur la rive médocaine pour installer un mat à 400 ou 500 mètres d’une habitation." Ou à proximité d’un grand cru classé, à Saint-Estèphe, serait-on tenté d’ajouter.
"C’est mal vu des voisins, alors on ne dit rien. Peut-être que je serais contre si ça ne me rapportait rien"
Depuis 2014, les équipes d’EDF EN ne se sont pas contentées d’étudier la force du vent. Elles ont aussi discrètement démarché les propriétaires fonciers pour obtenir la signature de promesses de baux emphytéotiques. Une vingtaine ont été obtenues, selon le directeur régional. Assorties d’un revenu substantiel, chaque année. À quel niveau ? Plusieurs milliers d’euros.
Ainsi, un céréalier de Saint-Androny, au nord de Blaye, confie, en souhaitant garder l’anonymat, qu’il pourrait accueillir trois éoliennes contre un revenu de 8000 euros par installation et par an. L’anonymat, il en est beaucoup question tant cette étude divise déjà. "C’est mal vu des voisins, alors on ne dit rien du tout. Peut-être que je serais contre si ça ne me rapportait rien", confie encore l’agriculteur.
Un peu plus au nord, à Saint-Ciers-sur-Gironde, cet autre céréalier a refusé de signer. "Je n’ai pas donné suite, par respect pour les gens qui habitent ici. Ils sont les principaux concernés, ils n’en tireront aucun profit mais en subiront les nuisances."
En Charente-Maritime, un agriculteur a décidé de ne pas louer ses terres, à Saint-Thomas-de-Conac. Pas question d’accepter des éoliennes dans le paysage alors qu’il possède là une activité de gîtes ruraux. "Les éleveurs sont plutôt contre. Mais des collègues céréaliers se sont engagés. Il y a la carotte."
Depuis 2014, les équipes d’EDF EN ne se sont pas contentées d’étudier la force du vent. Elles ont aussi discrètement démarché les propriétaires fonciers pour obtenir la signature de promesses de baux emphytéotiques. Une vingtaine ont été obtenues, selon le directeur régional. Assorties d’un revenu substantiel, chaque année. À quel niveau ? Plusieurs milliers d’euros.
Ainsi, un céréalier de Saint-Androny, au nord de Blaye, confie, en souhaitant garder l’anonymat, qu’il pourrait accueillir trois éoliennes contre un revenu de 8000 euros par installation et par an. L’anonymat, il en est beaucoup question tant cette étude divise déjà. "C’est mal vu des voisins, alors on ne dit rien du tout. Peut-être que je serais contre si ça ne me rapportait rien", confie encore l’agriculteur.
Un peu plus au nord, à Saint-Ciers-sur-Gironde, cet autre céréalier a refusé de signer. "Je n’ai pas donné suite, par respect pour les gens qui habitent ici. Ils sont les principaux concernés, ils n’en tireront aucun profit mais en subiront les nuisances."
En Charente-Maritime, un agriculteur a décidé de ne pas louer ses terres, à Saint-Thomas-de-Conac. Pas question d’accepter des éoliennes dans le paysage alors qu’il possède là une activité de gîtes ruraux. "Les éleveurs sont plutôt contre. Mais des collègues céréaliers se sont engagés. Il y a la carotte."
Permis de construire en 2019
Après la phase d’études de faisabilité, commence maintenant "la phase projet". EDF EN vise un dépôt de permis de construire d’ici un an. "Nous allons d’abord mener une campagne d’information auprès des conseils municipaux", annonce David Augeix. Une consultation publique sera mise en place à l’automne et des "ateliers" avec les acteurs locaux, notamment avec les associations environnementales et les chasseurs, qu’il faudra convaincre (lire ci-contre). "Ce sont des gens avec qui on peut parler", temporise le directeur régional.
L’entreprise promet de ne pas installer d’éolienne dans les zones de marais les plus sensibles, mais plutôt de les regrouper "dans les secteurs agricoles de faible valeur naturaliste". "Tout cela va dimensionner le programme", poursuit-il, promettant au passage des mesures compensatoires aux dégâts qui seront irrémédiablement commis lors du chantier.
Dans la bataille d’opinion qui va se jouer, EDF EN s’appuie sur un sondage commandé à BVA, auprès de 1 000 personnes. Cette implantation recueillerait "70 % d’acceptabilité". Seulement, il en faudra bien plus pour convaincre protecteurs des oiseaux et chasseurs. De vieux ennemis que l’on pourrait très bien retrouver côte à côte, unis dans la défense des marais. Une fois n’est pas coutume.
Un souci sur le sort des oiseaux
Il va y avoir bataille. Du côté de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), le projet d’EDF EN souffre d’une tare rédhibitoire : il serait bien trop dangereux pour toutes les bêtes à plumes qui transitent dans cette zone humide très fréquentée.
« Le périmètre étudié correspond à un secteur réputé pour les migrations comme pour l’hivernage. On y compte de nombreuses espèces comme les cigognes, les milans, le butor étoilé ou le balbuzard pêcheur. Mais aussi des mammifères, les chauves-souris, la loutre, le vison d’Europe », détaille Geoffroy Marx, le responsable du programme «énergies renouvelables et biodiversité» à la LPO.
« On se situe en pleine zone Natura 2000, avec quatre zonages au titre de la directive “oiseaux” ou de la directive “habitats, faune, flore”. Le secteur fait aussi partie du Parc naturel marin de l’estuaire et de la mer des pertuis », rappelle-t-il
Une mortalité doublée
Mise au courant du projet, l’association met en avant les conclusions d’une étude bouclée l’an passé à propos des « impacts sur l’avifaune du parc éolien français ». Se basant sur près de vingt ans de suivi, elle avait conclu que la mortalité des oiseaux était très variable d’un parc éolien à l’autre. Mais qu’elle était au moins double quand les machines tournaient à proximité de zones de protection spéciale, comme celles des marais du Blayais.
Surtout, indique Geoffroy Marx, « on ne sait pas réduire les impacts sur les parcs qui posent problème ». Les lumières comme les cris n’effarouchent guère les rapaces, par exemple.
Du côté de la Sepanso, la fédération des associations de protection de la nature dans la région, on n’a pas encore adopté de position officielle. Mais le sentiment de son directeur, Philippe Barbedienne, apparaît assez limpide : « Il n’est pas possible que la transition énergétique se fasse au détriment des milieux naturels. Il y a assez de place ailleurs. »
Le "non catégorique" des chasseurs
L’opposition la plus virulente au projet viendra, sans doute, des chasseurs qui, dans les marais du Blayais, comptent environ 400 installations de tonnes à canards. « La position est très simple : c’est un non catégorique. Il est tout simplement impensable de mettre des éoliennes dans les marais », prévient Jacky Jonchère, vice-président de la Fédération de chasse de Gironde.
« Il n’est pas possible que tous les gens qui se sont impliqués pour défendre l’estuaire acceptent aujourd’hui cette perspective. S’ils viennent avec leurs engins, 5 000 tonnes de ferraille et de béton, et creusent des trous à 30 mètres de profondeur, ils casseront tout. Il en sera fini du marais. S’il le faut, on fera la révolution, on sait faire », menace-t-il.
Ils pourront compter sur le soutient actif de l’association Vigiéole, qui a fait tomber un précédent projet dans le Blayais. Et sur des élus, comme le président de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, qui a fait savoir, par courrier au conseiller régional CPNT Eddie Puyjalon, qu’il n’est « pas favorable à l’implantation d’éoliennes le long de l’estuaire ».
Le Conseil municipal de Saint-Ciers-sur-Gironde, a voté à l’unanimité une motion contre le programme.
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👉 VIGIEOLE
👉 Nicole Bertin Infos