Publié le 27 janvier 2017, Frédéric Thévenin
Les éoliennes vécues comme une menace
L’implantation d’éoliennes suscite de plus en plus de réactions négatives. Il n’est même plus question de leur efficacité à produire de l’énergie mais tout simplement des nuisances qu’elles causent. A Leschères-sur-le-Blaiseron, les habitants dénoncent la perte de leur qualité de vie.
En s’approchant de Leschères-sur-le-Blaiseron, entre Vignory et Doulevant-le-Château, impossible de ne pas s’interroger sur l’omniprésence d’éoliennes, qui suscite un véritable sentiment d’encerclement. Le village est situé dans une cuvette, au bord du Blaiseron, et les pales des 38 éoliennes situées à proximité, sur les hauteurs, apparaissent de plus en plus comme une menace. Les six dernières installées par Eole Res ont fait déborder le vase des habitants qui ne cachent plus leur colère. Ils parlent de démesure et n’admettent pas que des nuisances leur soient imposées au détriment de la qualité de vie. Bernard Thomas, l’un des riverains, résume la situation : «La journée c’est l’existence de cette enveloppe de mats avec la gesticulation des bras. La nuit c’est l’inondation de flash rouge ou blanc lors des fréquents dysfonctionnements. L’ensemble cause un bruit assourdissant au pied des habitations». Les propos sont confirmés par Daniel Nicolas, lui aussi habitant de Leschères.
Un brouhaha incessant envahit le village
Et effectivement, par un effet de résonance et donc d’écho, un brouhaha incessant envahit le village lorsque le vent vient du sud-ouest. Les habitants parlent d’un vacarme insupportable et nuisible. Pour eux, «l’un des seuls avantages de ce genre de petit village et, plus généralement, de la Haute-Marne est la tranquillité que l’on peut y trouver. Même cet aspect est désormais menacé en ne prenant pas en compte l’être humain local». Ils s’en amusent presque en remarquant que la population animale est davantage préservée des éoliennes que les hommes. Daniel Nicolas note d’ailleurs qu’il est fréquent d’enterrer les lignes électriques dans les villages au nom de la pollution visuelle mais que personne ne s’interroge au sujet des éoliennes. De toutes ces considérations, le précédent préfet a été informé sans jamais apporter de réponses comme si «90 habitants ne pèsent rien face à la puissance de l’argent». Bernard Thomas dénonce des conflits d’intérêts lors du vote du projet en conseil municipal. Il aimerait, par exemple, que les principaux concernés ayant des éoliennes dédiées ne siègent pas lors des délibérations. Il aimerait aussi que l’enquête publique soit plus transparente. Par exemple, dans celle des éoliennes de Leschères, des personnes témoignent en leur faveur alors qu’elles sont inconnues dans le village. Face à cette opacité, les habitants «ont même le sentiment d’être pris pour des demeurés». Ils se placent en alerte et souhaitent attirer l’attention de tous les Haut-Marnais : «Il en va du devenir de nos campagnes, de ceux qui vont venir et des nouvelles générations».