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Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, chante les louanges des énergies vertes. Le seul projet haut-rhinois de parc éolien, celui porté par Ostwind et la Communauté de communes de la vallée de Kaysersberg, est en rade depuis quatre ans malgré des promesses de réanimation. Les porteurs d’un projet né en 2003 veulent y croire encore.
« Il en va de l’énergie comme des œufs. Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. L’avenir de l’énergie, c’est la diversité », chantait début janvier Nicolas Hulot au sommet d’une éolienne installée dans une exploitation agricole de poulets de Loué, dans la Sarthe ( Presse Océan du 8 janvier). Le ministre de l’Écologie du gouvernement Macron sera-t-il le sauveur des cinq éoliennes du col du Louschbach, dans la vallée de Kaysersberg ?
Lueur d’espoir au printemps dernier
Les porteurs du projet - la filiale française d’Ostwind et la comcom de la vallée de Kaysersberg - veulent y croire encore. « La réunion en préfecture au printemps dernier, à l’initiative du préfet, nous a laissé entrevoir une lueur d’espoir mais depuis c’est le silence radio », se désole Didier Schlienger, directeur adjoint d’Ostwind France, depuis son bureau à Schiltigheim. Jean-Marie Muller, président de la Comcom se souvient encore d’une « promesse » de Ségolène Royal début 2016, alors ministre de l’Environnement, de l’énergie et de la mer : elle avait proposé aux élus la création d’un comité d’experts (sur le grand tétras en particulier) pour réévaluer l’impact du parc éolien sur l’écosystème du gallinacé ; comité qui ne s’est jamais constitué… « Nous nous étions engagés d’emblée à accepter les conclusions de ce comité d’experts quel que soit leur avis », ajoute le maire de Lapoutroie pour qui ce projet né au début des années 2000 a encore des chances d’être réactivé. « C’est au ministère de débloquer la situation mais à un moment donné, il nous faut une réponse. »
Douche froide pour Ostwind
En février 2017, la société Ostwind s’était fait doucher sévèrement par la cour d’appel du tribunal administratif de Nancy qui confirmait la légalité du retrait préfectoral de l’autorisation de défrichement ; le préfet du Haut-Rhin avait d’abord délivré une autorisation en juin 2013 avant de se raviser deux mois plus tard, au grand dam de Roger Bleu et de Henri Stoll, le tandem aux commandes de la comcom. Pour Jean-Marie Muller, l’espoir d’attirer l’attention de Nicolas Hulot sur le cas du Louschbach passe par les élus régionaux : parlementaire, sénateur… Patricia Schillinger aurait alerté le gouvernement ; le maire de Lapoutroie se dit prêt à écrire à Emmanuel Macron. « Nous avons toujours fait ce qui nous était demandé ; sur le fond, on est bon », rappelle pour sa part Didier Schlienger.
Dès la naissance du projet haut-rhinois, après la publication de l’Atlas régional éolien, élus locaux et des représentants d’Ostwind, avaient mis le paquet sur la concertation, organisant çà et là des réunions publiques dans la vallée. Il était même question que la collectivité investisse des fonds propres, tout en ouvrant la possibilité aux citoyens d’en faire autant. Le parc éolien de six éoliennes initialement devait se partager administrativement entre Plainfaing et Le Bonhomme.
Études obsolètes
Face à la bronca des associations vosgiennes, le projet était devenu alsacien à 100 %. Une manifestation au col du Bonhomme contre le projet a convaincu le préfet de tout arrêter en août 2013, « sur demande du ministère de l’Agriculture ». La survie du grand tétras dans ce secteur entre cols du Bonhomme et du Calvaire en dépendrait, clament les associations. Un bon connaisseur du dossier estime que les mesures d’accompagnement proposées par Ostwind en faveur du Grand Tétras ont joué en sa défaveur. «Dans la première mouture du projet, Ostwind était allé plus loin que ce qui était exigé légalement par la réglementation, mettant 800 000 € dans le pot pour développer la biodiversité dans les secteurs où la présence du grand tétras est attestée. Ces propositions ont été perçues comme des mesures compensatoires, donc comme la confirmation d’un impact réel sur le grand tétras ». « On espérait vraiment au printemps dernier remettre à plat ce dossier, créer une commission technique, débattre du projet avec les services de l’état », répète Didier Schlienger, dépité.
« On y croit dur comme fer »
La filiale française du géant allemand aurait dépensé 500 000 € en études (faune, avifaune, paysagères, mesures de la force des vents) pour ce projet, le seul piloté par Ostwind en Alsace.
Les études sont certes obsolètes mais « les données recueillies existent toujours dans le cas d’une mise à jour du projet , conclut le directeur adjoint d’Ostwind. On peut s’en servir pour en faire un travail de fond. Heureusement que nous avançons sur d’autres projets en France. Nous avons actuellement plus de 270 MW en service et 193 MW en construction. Le col du Bonhomme représente un centre de coût : que de la dépense. Aujourd’hui, on veut sortir de l’idéologie, savoir si on n’y va ou si on n’y va pas. En tout cas, on ne veut plus se faire balader. Ce projet prend plus de temps que d’autres mais il faut attendre l’alignement des planètes ; on y croit dur comme fer ».
CONTACTÉ par L’Alsace , le ministère de la Transition écologique a fait suivre le 12 février nos questions vers différents services déconcentrés dont la préfecture du Haut-Rhin. Nous n’avons à ce jour reçu aucun élément de réponse.