Par Isabelle de Billy.
Appeler un « parc » un champ d’éoliennes est une manipulation visant à orienter la représentation que s’en fait le contribuable.
La langue française, riche et précise, exprime des concepts. Les mots ont un sens, ils peuvent être parfois dévoyés, détournés de leur sens originel et réel pour tromper un interlocuteur, un public.
Une manipulation linguistique
Très intéressée par les énergies nouvelles et renouvelables, leurs projets, leur développement, leurs avatars, j’attache une importance particulière aux termes employés et au pouvoir des mots.
Et mon sang bouillonne quand je lis au détour de chaque article le terme parc éolien. Car, qu’est ce qu’un parc ?
C’est souvent un lieu de promenade, d’agrément, boisé, romantique et bucolique, riche en verdure et en couleurs. La nature et les piaillements des oiseaux y tiennent une place prépondérante. On parle souvent de parc floral, animalier ou zoologique. Les enfants apprécient pour leur détente et leur instruction les parcs d’attraction quand les adultes fréquentent régulièrement les parcs des expositions… Et les villes aménagent de plus en plus des parcs de verdure où viennent respirer les citadins car ils évoquent le calme, la nature paisible, la beauté…
Les huîtres et les bébés ont leurs parcs, Astérix a le sien.
Or, ce terme de parc éolien ( ou de ferme éolienne !) influence notre représentation et détermine notre manière de réagir. Cette utilisation détournée et abusive est utilisée pour influencer notre représentation et déterminer notre manière de réagir. Son impact agit sur les mécanismes inconscients de nos cerveaux et c’est bien à de la manipulation que se livrent les promoteurs pour faciliter l’atteinte de leurs objectifs.
On raconte qu’un jour un mendiant demandait l’aumône sur le pont de Brooklyn. À ses pieds, une pancarte mentionne simplement aveugle de naissance. Un passant lui demande combien de dollars arrivent dans son escarcelle « guère plus de 3 dollars par jour » répond l’aveugle. Alors le passant prend la pancarte, la retourne et inscrit : « Le printemps arrive et je ne le verrai pas »… Les jours suivants, le mendiant recevait quotidiennement plus de 20 dollars …
Les mots sont des briques avec lesquelles se construisent les idées, et les promoteurs l’ont bien compris et peuvent facilement nous tromper par l’assimilation d’une information basée sur notre mémoire et sur notre ressenti.
Observons maintenant un ensemble d’aérogénérateurs (et laissons tranquille Éole, maître et régisseur du vent puisque les installateurs de ces machines ne se soucient guère des vents…)
Implantée chacune dans un socle de 1500 tonnes de béton armé, solidement et irrémédiablement ferraillées, elles élèvent à 160 m leurs pales de 6.5 tonnes chacune.
Elles abritent dans leurs nacelles des huiles aussi rares que dangereuses et les accidents, dont les médias ne font pas toujours état, sont nombreux…
Promenons-nous… autour des poteaux
Dès lors,
- QUI envisage une promenade, une détente sous les pales aux effets stroboscopiques, au bruit régulièrement lancinant ?
- QUI emmène ses bambins jouer à cache-cache autour des poteaux gigantesques ?
- QUI s’allonge paisiblement à leurs pieds pour y trouver le calme propice à la lecture ou à la réflexion ?
PERSONNE en réalité car ces installations sont situées dans des paysages de belle campagne transformées en zones industrielles !
Zones souvent grillagées, interdites au public, aux accès de secours et de maintenance bétonnés, aux panneaux de mises en garde alarmants ( en cas d’accident, téléphonez … en Allemagne !)
Outre ces dangers visibles, ces zones constituent un risque pour la santé humaine ( troubles du sommeil et du repos, arythmies cardiaques, céphalées, vertiges, nausée) et pour les animaux qu’ils soient sauvages (oiseaux) ou d’élevage (bétail, chevaux, chiens et chats).
Il est grandement temps de ne pas se laisser manipuler par des propos apaisants et d’appeler un parc, un parc et une zone, une zone sans forcer notre interprétation des choses…
http://www.contrepoints.org/2016/08/28/264001-parcs-eoliens-manipulation-linguistique