Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

dimanche 6 février 2022

Parc éolien : la poule aux œufs mous



« Sous l’usine éolienne de la montagne Sainte Victoire, mes poules, mes oies, et mes paons pondent des œufs mous »


Je m’appelle Joelle Gilbert et je vis à Lou Jas, sur la commune d’Artigues. Ici, les montagnes nous entourent à perte de vue, et la lavande pousse à l’état sauvage un peu partout. Nous sommes situés sur un site Natura 2000.

Avec mon mari, nous avons été bergers pendant 17 ans. Ensemble, nous avons travaillé sans compter nos heures auprès de nos bêtes. Nous avons depuis pris notre retraite, mais nous ne pouvions pas imaginer la suite de notre vie sans être entourés des animaux. C’est pourquoi nous avons décidé d’adopter 5 alpagas, nous avons conservé quelques ânes, des chèvres, des oies, des paons et des poules.

Un jour, c’était avant le confinement, j’ai vu arriver au bout de notre chemin une dame blonde, salariée d’un promoteur, qui a installé un panneau sur le grillage : il s’agissait d’un arrêté de construction pour un parc éolien de 22 mâts, à 1 km de chez nous. Ce parc se situe entre la montagne Sainte Victoire et la basilique de Saint Maximin. Puis un huissier est arrivé. Il était venu pour constater que le panneau avait bien été installé. Il a pris une photo, et il est reparti.
Ensuite, l’employée du promoteur a tout simplement détaché le panneau. Je me suis approchée et je lui ai demandé :
- Mais pourquoi détachez-vous ce que vous venez d’installer ?
- Je suis dans la légalité, m’a-t-elle répondu, l’huissier a constaté.

Ensuite tout s’est déroulé en catimini, très rapidement, pendant le confinement. L’usine à éoliennes a été construite à la vitesse de l’éclair. Il y a un an, elles ont été mises en service, et notre vie a basculé dans un cauchemar :
Nos oies, nos paons et nos poules évoluent en toute liberté sur deux hectares de terrain. Pour les protéger des prédateurs, l’enclos possède un grillage, d’un mètre de haut, mais nos volatiles n’ont pas envie de s’échapper, en général ils y restent tranquilles. Lorsque les éoliennes se sont mises à tourner, les oies et les paons sont partis dans tous les sens, et beaucoup ne sont jamais revenus. Nous avions 10 oies, il ne nous en reste plus que 5. Les ânes se sont mis à braire sans raison, comme si un danger imminent allait survenir.

Ensuite, l’hécatombe a commencé : un petit alpaga est né avant le terme, malformé. Nous l’avons gardé chez nous et soigné pendant 14 mois. Mais nous n’avons pas pu le sauver. Les oies, les poules et les paonnes ont cessé de pondre, et les rares œufs qui sont apparus ont subi un bien curieux phénomène : les coquilles étaient toutes molles. D’habitude, lorsque c’est la saison des naissances, chez nous, c’est un peu l’arche de Noé, il y a des petits poussins qui se promènent un peu partout, et c’est toujours un moment enchanté puisque les paonnes ne pondent qu’une fois par an. Notre ferme est aujourd’hui bien triste.

Quant à nous, nous subissons de plein fouet l’installation de l’usine éolienne : mon mari et moi souffrons de violents maux de tête alors que nous n’en avions jamais eu auparavant. Dans notre cuisine, nous devons subir l’ombre portée des machines dont les pâles coupent les rayons du soleil par intermittence. L’effet stroboscopique est insupportable. Imaginez la lumière d’un néon qui vacille en permanence dans votre maison.
Lorsque je me promène dans la montagne que Cézanne a tant aimé, je vous avoue qu’il m’arrive souvent d’en pleurer : les promoteurs ont massacré notre paradis. Partout, les arbres ont été broyés pour faire passer les machines et rien n’a été replanté. Ils ont été remplacés par des forêts d’acier et de plastique.

Nous avons travaillé toute notre vie pour un métier que nous avons aimé et une terre que nous avons choyée et respectée. Je ne savais pas qu’un jour, ces usines viendraient tout balayer sur leur passage. Nous sommes encerclés par 22 mâts de 125 mètres , et nous ne comptons plus les naissances, mais les morts.

Témoignage recueilli par Sioux Berger
Février 2022