Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

samedi 4 décembre 2021

« Mes vaches broutent des batteries de voiture »

Témoignage de Stéphane Le Béchec, Allineuc, Bretagne. ( Côtes d’Armor)

En février 2020, j’avais écouté Stéphane Le Béchec, agriculteur.
Cerné par les éoliennes et les antennes relais, il perdait des vaches.
Je suis retournée le voir, voici ce qu’il m’a dit sur situation actuelle :

« On dit toujours : « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir ». Alors je veux encore y croire. J’avais 267 vaches. Aujourd’hui, il m’en reste 5 vivantes. Elles sont encore là pour témoigner avec moi. Hier, je suis allé à la préfecture et on a accepté de me recevoir. Je leur ai simplement dit : « Les vaches sont 10 fois plus sensibles que nous à l’électricité. J’ai pris des mesures dans mon champ. J’ai mesuré 1 volt 4 dans l’herbe, et mes vaches ont le museau dessus. Mesdames, messieurs, c’est comme si on vous demandait de poser la langue sur une batterie de voiture électrique. Seriez-vous en bonne santé ? Pourriez-vous vivre ? ».

Propos recueillis par Sioux Berger, décembre 2021
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Pour mémoire, voici le témoignage de Stéphane Le Béchec en 2020 :

Mes vaches dorment le cul en l’air et ma boussole indique 3 Nords différents
Je m’appelle Stéphane le Béchec, et quand on me demande si je suis éleveur ou agriculteur, je réponds : « Ni l’un ni l’autre, je suis paysan. Je suis celui qui aime son pays, sa terre, et son métier». Et devenir paysan, pour moi, ça a toujours été un rêve de gosse. Autrefois j’étais menuisier charpentier, artisan du bois. J’ai parcouru la France pour construire des maisons, j’ai même participé à la restauration de l’Olympia en 95, c’est vous dire si on est loin des champs et des élevages. Alors, lorsque je me suis établi en tant que paysan, il y a 4 ans, j’entendais bien travailler comme le faisaient les anciens, je voulais un élevage en pleine nature, sans pesticides et engrais chimiques, avec le veau sous la mère, comme il y a 50 ans.
Bien sûr, quand j’ai racheté la ferme, on ne m’avait pas dit qu’il y aurait des problèmes. J’étais un peu comme Jean de Florette qui débarque et qui cherche sa source…sauf que…les problèmes ne sont pas venus de la source, ils sont venus des infrasons, de l’électricité et des ondes. Oh ! il ne m’a pas fallu longtemps pour m’apercevoir qu’il y avait un énorme souci, d’une gravité…planétaire…
J’ai démarré en 2016 : le premier janvier, j’appelais déjà le vétérinaire, et le 3 janvier une de mes vaches mourait. Caillot de sang dans l’intestin…voilà ce qu’on m’a dit. Plus tard, j’allais m’apercevoir que cette date du 1er janvier était loin d’être le fruit du hasard…Mais à ce moment-là j’ai seulement pensé « courage, tu débutes, ça peut arriver ».
Sauf que… j’ai très vite compris que ça ne venait pas de moi. J’en ai eu rapidement la preuve, puisque lorsque j’achetais une bête qui fournissait 35 litres de lait, dès le surlendemain, elle ne donnait plus que 25 litres. Et puis c’était toujours le même scénario : elle ne buvait pas assez et elle dépérissait… Un jour, je venais d’acquérir une vache, elle s’est couchée à peine descendue du camion, et elle ne s’est plus jamais relevée. Elle était comme paralysée par le sol.
Alors j’ai commencé à faire des recherches, j’ai fait analyser mon fourrage …mais rien d’anormal. De toute façon, ça ne pouvait pas venir de la nourriture, puisque j’avais des troupeaux dans quatre champs différents, et au même moment, certaines mouraient d’un coup. C’était donc lié à une zone géographique précise, et non à ce que je leur donnais à manger.
Et puis au mois de mai tout s’est accéléré. On venait de passer à la 4G dans le secteur et j’ai observé que mon troupeau se comportait de plus en plus bizarrement. Une vache, ça dort toujours la tête au Nord. Pas besoin d’avoir 20 ans d’expérience pour le savoir. Les miennes dorment la tête au Sud, à l’Ouest, à l’Est…incompréhensible…pour en avoir le cœur net j’ai placé dans mon étable 3 boussoles différentes : pas une ne m’indique le même Nord. 3 Nords différents pour un même lieu !
Si la boussole est folle, la vache l’est encore plus. Dans les prés, je les regarde s’allonger, elles se couchent avec le cul en l’air, dans le sens de la pente. Vous ne verrez jamais une vache en bonne santé dans une position pareille, c’est un animal qui sait ce qui est naturellement bon pour son transit !
Et leur folie ne s’arrête pas là : lorsque j’étale du fourrage dans le champ, mes bêtes mangent tranquillement jusqu’à une certaine zone, et là soudain elles s’arrêtent, comme frappées par une barrière invisible. Et puis, une à une, elles dépérissent et refusent de boire.
Bien entendu, j’ai fait venir le véto, et on m’a dit tour à tour « vous les nourrissez trop », puis « vous ne les nourrissez pas assez »…..mais de toute façon, dans mon troupeau, j’ai des vaches trop maigres et des vaches trop grosses, sur un même pré. Toutes ont le poil hérissé. Toutes ont des problèmes dans leur sang. Certaines crèvent d’hémorragie en plein champs et le sang pisse par les mamelles.
Alors j’ai fait venir des géobiologues, et ils ont constaté que ma ferme est totalement cernée. Pour que vous compreniez mieux, j’ai réalisé un petit croquis. Imaginez une horloge. Ma ferme est au centre. A midi, c’est le Nord…celui que mes vaches ont perdu…à 14 h, il y a une antenne relais, à 16 heures, un poste de distribution électrique, à 18 heures et à midi, deux lignes électriques de 20 000 volts qui traversent cette horloge de part en part, à 20 heures, une autre antenne relai, à 10 heures, un autre poste de distribution électrique, et à 11 heures, un parc éolien et des aimants gros comme une locomotive dans chaque machine…
J’ai poursuivi mes observations et j’ai constaté que la mort de mes vaches correspond pile poil aux pics de consommations électriques, et aux compteurs heures creuses heures pleines. J’ai pris des notes, et non, je ne suis pas fou : mes animaux sont branchés sur le monde moderne…Plus étonnant encore : ils meurent toujours le week-end…et oui, le week-end les gens ne sont pas au boulot, ils sont chez eux, ils se regardent tranquillou un petit film en streaming, ils téléphonent, ils font tourner une machine, et hop, dans mon sol, dans la terre, je mesure 1 volt 100 en courant continu …et je peux vous dire qu’au-dessus de 40 millivolts, aucune vache ne boit, aucune ne survit à long terme…
Le pire, c’est pendant les vacances scolaires. Du 20 décembre au 6 janvier 2020, c’est le moment des fêtes. On se retrouve autour d’un bon dîner, on s’envoie des selfies et on allume le four…pendant ce temps, mes vaches ne se sont pas couchées une seule fois. Un autre exemple ? Le 26 décembre 2016 j’en ai perdu 4. Le 2 janvier 2017, j’en ai perdu encore 2. Six en deux jours.
Bien entendu, je ne suis pas resté les bras croisés. J’ai convoqué tout le monde. Les services vétérinaires, la laiterie, j’ai mis tous ces spécialistes autour d’une table pour en discuter. Sauf que…on a estimé qu’il n’y avait pas de sujet de débat. Le bétail crève mais il n’y a rien à discuter. Pourquoi ? Tout simplement parce que le mal dont souffre mes vaches n’existe pas. Un peu comme si en 1950 vous aviez affirmé vous-même devant des spécialistes que vous avez un cancer à cause de l’amiante. Le juge qui vous écoute enlève ses lunettes, lève les sourcils, et vous dit que vous pouvez déposer toutes les plaintes que vous voulez, elles seront classées sans suite, puisque vous dénoncez quelque chose qui …n’existe pas. Et bien entendu, on m’a menacé de me saisir mon troupeau pour maltraitance animale…
Aujourd’hui je regarde le noyer centenaire qui pousse à côté de ma ferme. IL meurt, et les sapins autour végètent. Au pied du vieux noyer, un professionnel a mesuré du 60 hertz. En France, la lumière, c’est du 50 hertz, et là, on est carrément au-dessus….faites pousser vos plantes vertes au milieu d’un champs d’ampoules allumées et vous m’en direz des nouvelles.
Aujourd’hui j’observe la nature : la rivière, les flaques, les fleurs, et je ne vois ni grenouilles, ni escargots, ni têtards, ni abeilles, mes vaches sont en hypothermie, et mes génisses sont stériles. J’ai des vertiges, j’ai froid en plein été, des acouphènes, des nausées, les bras qui picotent en permanence. Le vivant se meurt mais en ville on ne le voit pas…
C’est un désastre, mais il n’existe pas. Au Nord, on va planter prochainement d’autres éoliennes. Et la 5G arrive. Tout cela va passer par le sol, par les failles d’eau, par les lignes électriques…et s’abattre sur ma ferme.
Pourtant, je ne regrette pas le choix que j’ai fait devenir paysan. J’ai toujours su que j’aimais la terre. Si je parle aujourd’hui, si je parle demain, et demain encore, je sais que je peux aider. Et c’est ce que je veux faire à présent. Parler, continuer à observer, pour qu’enfin le vivant ne soit plus étouffé par le monde du business.

Témoignage recueilli par Sioux Berger
Février 2020