Par Michel Desplanches
- cf : https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/mensuels-electricite
– 1. UNE CONSOMMATION EN HAUSSE TRES NETTE :
Cette dernière a été de 53 Twh, soit une croissance de 6,8% par rapport à janvier 2020, ce qui s'explique surtout par les températures de début du mois, fortement inférieures aux normales saisonnières. On pourrait évoquer aussi une certaine reprise économique dans le cadre de la crise sanitaire, mais cela est surtout perceptible par rapport aux mois précédents de fin 2020, et non par rapport à janvier 2020. Donc la croissance de cette consommation reste due à l'effet « chauffage électrique », dont on peut remarquer que sa généralisation future poserait de graves problèmes de sur-consommation en période froide !
– 2. UNE PRODUCTION EN FORTE TENSION EN DEBUT DU MOIS, ASSUREE ESSENTIELLEMENT PAR LE NUCLEAIRE :
En effet, ce dernier a assuré sur le mois 70,2% de la consommation électrique, épaulé par l'hydraulique (13,6%), le thermique classique (10,9%)... Les renouvelables n'ont participé que marginalement, l'éolien avec 7,5% de la consommation, mais de manière décalée par rapport aux besoins, puisqu'il a surtout donné dans la 2ème quinzaine, lorsque les températures avaient remonté et la consommation baissé ! A noter que le taux de charge moyen de l'éolien a été de 26,2% sur le mois, en baisse nette sur janvier 2020 comme sur décembre ! (chiffre erroné sur le graphique donné par RTE).
Dans le détail et comparativement à janvier 2020, le nucléaire a eu une bonne disponibilité malgré les problèmes de maintenance de fin 2020, l'hydraulique a atteint des records grâce à de bonnes réserves d'eau (14% de croissance par rapport à janvier 2020). Le thermique a été fortement sollicité en début de mois, avec un appui surtout sur le gaz, mais aussi une remise en service de nos centrales à charbon !
Naturellement, cet état de fait a eu pour conséquence une forte croissance de nos émissions de CO2 électriques, sur lesquelles RTE se garde bien de donner le moindre chiffre (seulement un
graphique, non commenté)...
Pour les douze premiers jours du mois, la consommation en pointe a été régulièrement de 80 Gw et plus, atteignant 88,4 Gw en record le 11 janvier : ces pointes n'ont pu être couvertes que par un large appui sur des importations...
– 3. DE FORTES TENSIONS SUR LE MARCHE ELECTRIQUE ET UNE HAUSSE GENERALISEE DES PRIX DE GROS, ET DE DETAIL :
Les prix moyens français se sont établis à 59,5 €/Mwh, proches de la moyenne européenne, et en hausse de 11€/Mwh par rapport à décembre 2020. Dans le détail, les prix les plus élevés ont été ceux du Royaume-Uni, avec 89 €/Mwh, les plus bas ceux du Nordpool (Scandinavie et pays baltes) aux alentours de 50 €. Mais il faut surtout retenir le très fort contraste entre le début du mois où les prix ont flambé, atteignant parfois des sommets inégalés surtout aux pointes de
consommation, avec des retombées sur les prix de détail dans les pays où les contrats aux particuliers sont indexés (Roy. Uni, Espagne, certains pays scandinaves...). Des différences de prix marquées ont même pu exister entre les différentes zones électriques qui existent dans divers pays : Suède par exemple... (il n'existe pas de zones de prix en France, ni d' indexation des prix de détail sur les prix de gros, du moins pour le moment...
De fortes tensions dans les échanges d'électricité : c'est la résultante du déséquilibre offre/demande, lié à la conjugaison hausse de la demande et inefficience des EnR aléatoires à répondre à cette demande. Cela s'est traduit par des risques accrus dans l'équilibre des réseaux, plusieurs incidents graves se sont produits, passés sous silence par RTE, comme un découplage entre Est et Ouest de l'Europe pendant quelques heures, ou une chute de fréquence longue en Scandinavie : cependant, on est passé à côté d'un « black-out » généralisé, pour cette fois. En ce qui concerne les flux électriques français, nous sommes restés exportateurs sur le mois, avec un solde positif de 1,8 Twh, nettement plus faible qu'antérieurement. Cependant, ce qu'il faut retenir, c'est là aussi le contraste entre début de mois où nous avons massivement importé au moment où l' électricité était chère, et la fin du mois où nous avons repris nos exportations alors que les prix avaient retrouvé un niveau plus faible. Donc il aurait été intéressant d'avoir plutôt le solde valeur des échanges au lieu du volume, ce que RTE tait !
– CONCLUSION :
Ce mois de janvier tout en contrastes entre une première quinzaine froide (et non glaciale) et une seconde « normale », révèle les tensions qui se manifestent avec l'abandon progressif des moyens pilotables au profit des aléatoires ! Si les trajectoires prévues en France comme dans d'autres pays devaient se poursuivre, nous irions vers une montée des dangers dans la distribution électrique, les capacités de production se révéleront rapidement insuffisantes pour faire face à une demande croissante (chauffage électrique, transports électriques, etc...). Il nous faudra alors choisir entre une véritable police de la distribution, ou un sage retour aux moyens pilotables (nucléaire pour éviter les émissions de CO2).