Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

mardi 9 février 2021

Elevage : « Depuis que les éoliennes sont là, il y a des naissances étranges. »

Témoignage de Philippe Leroy, agriculteur dans la Somme. (80)

 

Je m’appelle Philippe Leroy. Je suis agriculteur dans la Somme. J’élève mes bêtes dans la tradition familiale, sur la terre de mes ancêtres. J’aime mon travail, et, à bientôt 60 ans, je peux vous dire que ce que j’observe n’est pas normal.

Nous avons 5 éoliennes fraîchement installées à proximité de notre exploitation. Deux sont environ à 600 mètres, et il y en a des dizaines un peu plus loin. De toute façon, la Somme est un département massacré, où qu’on se tourne on ne voit plus que ça : des champs d’aérogénérateurs à perte de vue.

Au départ, en tant qu’élu de ma commune, j’étais plutôt pour cette installation. Il faut dire que les promoteurs y vont à grand renfort de brochures, de schémas et de promesses d’argent pour convaincre les mairies. Et ça marche. Pour quelques moulins, on vous promet la voirie refaite à neuf, alors on fonce. Et puis on déchante … et on souffre.

Le nouveau parc a été mis en marche en Décembre. En un mois, j’ai perdu 5 veaux. Les petits naissent, mais vous avez beau les surveiller la nuit pour essayer de les faire téter, rien n’y fait, ils refusent tout, le pie ou le biberon, et ils se laissent mourir de faim. Je n’avais jamais vu ça auparavant.

Ensuite, les éoliennes se sont arrêtées. Il paraît que les autorisations d’exploiter n’étaient pas aux normes. Toujours est-il que j’ai aussitôt vu la différence : dans mon troupeau, tout est redevenu normal. Et puis l’exploitation du parc a repris, et avec lui, son lot de bizarreries au niveau des naissances. Une vache, c’est comme les humains, ça met 9 mois pour mettre bas. En juin, l’une de mes bêtes a mis 15 mois pour vêler. Le vétérinaire est passé deux fois pour l’ausculter, on a tous pensé que c’était une erreur de date d’insémination. Elle a accouché d’un veau mort-né énorme, de plus de 80 kg. Mais ce n’est pas tout : mes laitières ont aussi donné naissance à des jumeaux, avec des femelles stériles, comme c’est souvent le cas. On pourrait dire que c’est un malheureux hasard, un cas isolé, mais quand ça vous arrive 6 fois de suite, alors là, non, je vois bien qu’il n’est pas nécessaire d’être un scientifique pour dire qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

Et pour les vaches adultes, mes pertes sont aussi importantes. Un jour, l’une d’elles était couchée, si faible qu’elle refusait de se lever. Avec mon frère, on a essayé de la mettre sur ses pattes, mais elle s’est remise allongée, sans force, et elle est morte un peu plus tard dans un coin du bâtiment. Dans cette même stabulation, j’ai voulu y soigner une autre bête qui venait de subir une césarienne. Elle s’est laissé mourir au même endroit que la précédente. Avant, si je perdais deux vaches adultes dans l’année, c’était le bout du monde. Et là, j’en perds deux le même jour…et pour finir j’ai perdu aussi deux veaux et un petit broutard dans les mêmes 48 heures.

Mon exploitation est composée de plusieurs bâtiments, et au milieu, il y a un petit chemin communal. Sans nous consulter, le promoteur éolien a creusé des tranchées pour y enterrer les câbles électriques qui raccordent les éoliennes au poste relai. Est-ce sans danger ? Les câbles font 8 cm de diamètre, ils sont enterrés sous les pieds de mes bêtes, et je n’ai pas mon mot à dire.

Je n’ai pas non plus mon mot à dire pour le bruit : chez moi, c’est infernal. Ce n’est plus du tout la campagne, c’est un peu comme si j’habitais à proximité d’un aéroport qui n’arrêterait jamais de tourner. J’ai protesté, demandé des études, ils sont venus placer des capteurs au mois de juillet. Mais cela n’a servi à rien, parce que les éoliennes tournent très peu l’été, et ce n’était pas les vents dominants. J’ai protesté à nouveau, et j’ai demandé à ce que les capteurs soient mis en place plus longtemps, et surtout en hiver, quand leurs machines tournent à plein régime. Mais pour l’instant, je n’ai pas de réponse.

Comment pouvons-nous faire pour nous défendre ? Ces parcs électriques sont installés chez les gros exploitants. Nous, les petits, il ne nous reste que les yeux pour pleurer. Leurs machines sont téléguidées depuis les villes. On voit passer de temps à autre un responsable, ils viennent principalement de Paris ou du Nord. C’est sûr, ce ne sont pas eux qui se lèvent la nuit pour soigner les bêtes, ce ne sont pas eux non plus qui iront constater que, depuis que les aérogénérateurs sont en place, on ne voit plus passer un seul oiseau migrateur dans le ciel. Leur promesse, c’était : « vous aurez un beau village », la réalité est tout autre : les pigeons ramiers ne passent plus, des veaux crèvent, et on vit sous le bruit de leur usine.

Alors, maintenant que je sais, je voudrais m’adresser à tous ceux qui envisagent de laisser entrer les promoteurs sur leurs communes. Je voudrais leur dire : en tant qu’élu, on s’interroge sur le devenir de nos enfants qui subissent les ondes : pensez à vos gosses, à leur santé, pensez à vos terres, à vos maisons qui ne valent plus rien. Vous aurez un beau village. Mais il sera désert.

 

Témoignage recueilli par Sioux Berger

Février 2021