Stop à l'éolien industriel

Stop à l'éolien industriel
Un fléau d'une ampleur internationale s'abat, depuis quelques années, sur notre pays. Aidés par nos élus, les promoteurs éoliens se sont accaparés nos territoires et nos vies. Devant le massacre de notre patrimoine, un vent de colère s'élève partout sur l'hexagone. Il est grand temps de dire "STOP" à ce carnage.

dimanche 30 octobre 2016

Protéger les oiseaux ou travailler pour les professionnels de l'éolien ? Les ambiguïté de la LPO.

Vol d'oiseaux migrateurs © Getty
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Résumé : Dans le numéro daté du 4 décembre 2013, Le Canard Enchaîné sous la signature du Professeur Canardeau instruit un procès à charge contre la LPO Hérault, l’accusant de se vendre à EDF EN (EDF Energie Nouvelle) en acceptant de travailler pour cette entreprise, de réaliser des études d’impacts et des « suivis de mortalité » pour elle et de refuser d’en rendre publics les résultats. Cette association cautionnerait ainsi le parc d’éoliennes de son client EDF EN sur le causse d’Aumelas dans l’Hérault alors que ce parc se révèle être, en fait, un redoutable hachoir à oiseaux et à chauves-souris. La LPO a répondu à ces accusations par un long communiqué dans lequel elle dément certaines affirmations du Canard et justifie sa volonté de travailler avec les industriels de l’éolien. Après avoir expliqué pourquoi les éoliennes industrielles de plus de 100 mètres de haut sont implantées dans des zones naturelles ou semi-naturelles, cet article commente l’article du Canard et la réponse de la LPO. Il ne s’agira pas de décider si la LPO est vendue ou non à EDF mais de montrer que ce qui est en cause, c’est une divergence profonde d’appréciation sur l’éolien industriel terrestre, son impact actuel et potentiel sur les populations d’oiseaux ou de chauves-souris appartenant à des espèces fragiles et/ou menacées d’extinction et plus largement sur la biodiversité. La LPO accepte cet éolien et considère que l’enjeu est de le rendre compatible avec la sauvegarde de la biodiversité, tandis qu’à l’inverse, le Professeur Canardeau estime, implicitement, que ces parcs éoliens ne peuvent être que de gigantesques machines à tuer volatiles sauvages et chauves-souris que la LPO devrait avoir pour souci premier de sauvegarder. Pour un écologiste et plus largement pour un protecteur de la nature, c’est cette controverse qui est la plus importante et c’est à elle que sera consacrée la dernière partie de cet article. Une association de protection des oiseaux et plus largement de la nature peut-elle être favorable à l’éolien industriel, terrestre ou maritime et remplir efficacement sa mission première? Le cas du Causse d’Aumale incline fortement à penser que non. Cette réponse négative sera confortée à partir d’une étude de cas sur deux genres emblématiques dont la survie même est menacée par les parcs éoliens.

Pourquoi les parcs d’éoliennes industrielles sont édifiés en pleine nature
Les parcs ou fermes d’éoliennes industrielles perturbent gravement la vie et la santé de riverains des sites où elles sont implantées même si tous ne sont pas affectés de la même façon, ni avec la même intensité. Certains écologistes – mais pas tous heureusement ! – refusent de le reconnaître, qu’ils soient prisonniers de leurs mythes ou les représentants du lobby des énergies du vent. En France, les nuisances des aérogénérateurs font l’objet d’une semi reconnaissance par les pouvoirs publics. Elles valent aux aérogénérateurs d’être classés comme des ICPE au grand regret des députés EE/LV comme Denis Baupin qui ont tenté, en vain, leur faire ôter ce statut. Du fait du règlement lié à ce statut d’ICPE, les fermes d’éoliennes industrielles ne peuvent être édifiées à moins de 500 mètres des zones habitées. Ce qui est un minimum. Une distance bien supérieure (2km) serait nécessaire si l’on prend en compte les effets des ultrasons émis. Ces effets sont controversés mais ils ne le sont ni plus ni moins que les nuisances des antennes relais et des ondes électromagnétiques contre lesquels EE/LV lève l’étendard de la santé publique, offrant sur ces questions, un relais politique justifié aux lanceurs d’alerte et à leurs associations. Malheureusement, rien de tel pour les lanceurs d’alerte sur les nuisances des aérogénérateurs et leurs associations. EE/LV fait la sourde oreille et l’autruche. Deux poids, deux mesures !
Comme, heureusement, on ne peut édifier ces gigantesques brasseurs de vent près des zones habitées mais que l’on ne les implante pas non plus dans des zones industrielles où pourtant leur présence serait un moindre mal, il ne reste que les zones naturelles ou semi-naturelles, les lignes de crêtes des collines, autant de sites que fréquentent toute une faune et notamment, dans le sud du Massif central, des rapaces appartenant à des espèces protégées à l’avenir incertain. Non seulement les éoliennes sont des hachoirs à oiseaux et à chauves-souris, mais installées dans leur espace vital, elles perturbent aussi gravement leurs comportements, mettant en danger la survie de ces espèces fragiles. Ces fermes d’éoliennes sont des installations industrielles. En plus des gigantesques brasseurs de vent qui dénaturent les paysages, il faut ajouter le percement de pistes d’accès, les raccordements au réseau, etc…Tout cela sur les territoires de vie d’une faune sauvage. Les espèces les plus sensibles au dérangement qui sont souvent aussi les plus menacées quittent les lieux. Peut-on compter sur la LPO pour les défendre et combattre ces fermes éoliennes réalisées ou en projet dans des zones restées à l’état naturel ou semi-naturel qu’elles artificialisent ?

Le réquisitoire du Canard enchaîné contre la LPO de l’Hérault
Il semblerait bien que l’on ne peut pas compter sur la LPO de l’Hérault… Sous le titre « Les oiseaux sont au courant. Quand les défenseurs de la nature se vendent à EDF… », Le Canard Enchaîné du 4 décembre lance un sacré pavé dans la mare de cette association. Selon Le Canard, dans le Sud du Massif central, en 2001 « pour constituer le dossier d’enquête publique portant sur l’installation de 11 éoliennes sur le causse d’Aumelas (Hérault), la filiale spécialisée EDF Energies nouvelles demande à la Ligue de protection des oiseaux de l’Hérault une étude d’impact sur la faune. » A la suite de cette étude d’impact, l’enquête publique fut positive comme il se doit. Elle l’aurait été de toute façon et les 11 éoliennes ont été construites, rejointes par 13 autres en 2009 «adoubées elles aussi par une étude d’impact de la LPO » Ces éoliennes se sont révélées être des hachoirs à oiseaux : « depuis 2010, 7 busards cendrés, 28 chauves-souris, 13 faucons crécerellettes ont été retrouvés morts à leur pied », chiffres d’autant plus inquiétants qu’au sol, les animaux morts sont consommés rapidement et que l’on retrouve très peu de cadavres. La LPO refuserait de communiquer sur ces chiffres car elle assure le suivi de ces éoliennes pour l’électricien et elle lui serait liée par une clause de confidentialité. Selon les sources du Canard, la LPO toucherait 500 euros par jour à raison de deux jours par semaine pour ce suivi. Dans ces conditions, chacun comprendra qu’il n’est pas étonnant que la LPO « fasse la muette » alors qu’EDF s’apprête à ajouter sept nouvelles éoliennes à son parc tout en tenant pour lettre morte les recommandations qu’elle aurait faites pour éviter de renforcer l’hécatombe. Il se trouve aussi que l’ancien directeur de la LPO Hérault est devenu « responsable environnement » chez EDF qui a aussi embauché l’ornithologue qui était chargé du suivi de mortalité sur les éoliennes de ce parc. Dans ce département, au moins les défenseurs de la nature ou du moins les salariés de la LPO se vendent bel et bien à EDF.

La réponse de la LPO
La LPO a répondu à ces accusations par un long communiqué, mais sans demander de droit de réponse dans Le Canard, du moins pour l’instant.
Dans ce communiqué la LPO dément, au moins en partie, certaines informations du Canard. Elle nie que la LPO Hérault ait été chargée de l’étude d’impact sur la faune par EDF EN en 2001 : « La LPO Hérault n'existait pas en 2001 (création du groupe LPO en 2003, puis de l'association locale en 2006). Elle n'a donc pas pu réaliser les expertises naturalistes à l'époque. Les premières éoliennes ont été construites en 2006. » Qui a donc réalisé ces expertises ? Une autre association locale de la LPO, la LPO nationale ou bien encore un bureau d’étude n’ayant rien de commun avec l’association et ses groupes locaux ?
L’association affirme aussi que «la LPO Hérault est opposée à la construction de nouvelles éoliennes à Aumelas… contrairement à ce que l'article laisse penser » sans préciser quelle forme a pris cette opposition et si elle se traduit par une action juridique. En tout cas, cette opposition n’a pas empêché la LPO Hérault de faire visiter le site à l’occasion de la Semaine du Développement Durable de 2013, comme on peut le lire avec photo à l’appui sur sa page Facebook : « la LPO Hérault a accompagné pour le CPIE du Bassin de Thau, l'association des amis de la nature de Clapiers sur le parc éolien du Causse d'Aumelas » Cette visite guidée (bénévole ?) ne peut se concevoir sans l’accord de l’exploitant. L’aurait-il donné s’il avait été en mauvais termes avec la LPO Hérault ? Si, par exemple elle avait diligenté une action juridique en cours contre lui ?

En ce qui concerne le suivi de mortalité sur les éoliennes du Parc, la LPO explique que c’est à sa demande qu’il y a eu « la mise en place d'un suivi environnemental dédié aux recherches de collisions en 2010. » Elle reconnait avoir été retenue pour la réalisation de ce suivi par EDF EN : « Ainsi, suite à la découverte des 2 cas de mortalité [de faucons crécerellettes] en 2011, une étude a été mise en œuvre entre la LPO Hérault et la société EDF-EN » Elle précise que « ce suivi se poursuit depuis lors, la LPO Hérault comptabilisant les 13 cas connus fin 2013 » confirmant ainsi les informations et les chiffres du Canard.

Par ailleurs, le communiqué précise que « la LPO Hérault, appuyée par la LPO France, a demandé au Préfet de l'Hérault, responsable au titre des installations classées du bon fonctionnement des éoliennes, de mettre en demeure l'exploitant d'agir efficacement pour faire cesser ces mortalités. Sans réponse de sa part, la LPO Hérault et la LPO France ont déposé un recours gracieux sur le même thème, recevant cette fois-ci une réponse encourageante mais non suffisante. » Le communiqué indique aussi que l’association ne compte pas en rester là : « La LPO Hérault et la LPO France poursuivent leurs actions pour qu'à terme ces parcs éoliens ne soient plus impactants pour les rapaces et les chauves-souris du Causse d'Aumelas. Elles étudient toutes les possibilités, y compris juridiques pour contraindre l'exploitant à stopper ces mortalités». On ne demande qu’à le croire, mais on ne peut s’empêcher de penser que la LPO se met ainsi dans une position pour le moins délicate et l’on s’étonne que son client, EDF EN continue de recourir à ses services !

Quant au recrutement de ses permanents par EDF, la LPO se contente de dire qu’il s’agit d’un choix personnel de chacun d’eux et « si leur choix personnel reste libre, la LPO se réjouit de constater que des écologues de qualité soient intégrés au sein de ces structures afin de mieux prendre en compte le respect de la nature». Ce qui est quelque peu naïf : un écologue très compétent n’est pas nécessairement respectueux de la nature. Il fera ce pourquoi on le paye… Mais pour la communication du groupe industriel, un écologue qui a fait ses classes à la LPO est manifestement un plus ! Il semble que ces cas ne soient pas les seuls et qu’avoir été un ornithologue à la LPO est un argument massue sur un CV pour être recruté par un opérateur éolien ! Cette sorte de « porosité » entre la LPO et les opérateurs éoliens donne tout de même à penser…
Pour assumer ses tâches de protection des oiseaux, gérer ses réserves, ses centres de soins, mener ses actions juridiques, ses actions de sensibilisation, on conçoit qu’il faut à la LPO un personnel compétent, des moyens matériels et donc des financements ; que les bénévoles et les cotisations d’adhérents ne suffisent pas. En se faisant prestataire de service pour des entreprises qui construisent des installations qui massacrent ceux qu’elle est censée protéger, l’association risque non seulement de perdre de son efficacité, mais aussi un peu de son âme. C’est dommage car dans bien des domaines, la LPO fait beaucoup pour la protection des oiseaux et plus généralement de la biodiversité.

Une différence d’appréciation sur l’éolien à la racine de la polémique entre la LPO et ses accusateurs
Pourtant ce n’est pas du tout ainsi que la LPO voit les choses. Elle est consciente des impacts écologiques des grandes infrastructures telles les routes, autoroutes, lignes électriques. Pour autant, elle ne se donne pas pour objectif de les remettre en question, sauf ponctuellement lorsque des espèces patrimoniales ou menacées risquent d’être gravement impactées par l’infrastructure en cause ; ou bien encore lorsque que ces infrastructures existantes ou en projet dégradent une réserve naturelle, ou un écosystème particulièrement riche en espèces. Mais dans la plus part des cas, elle proposera des aménagements pour rendre ces infrastructures les moins nocives possibles pour les oiseaux et au-delà pour la biodiversité.
Dans le cas des éoliennes, l’objectif de la LPO est d’autant moins de remettre en cause les fermes d’éoliennes industrielles que, comme elle l’affirme et en quelque sorte le revendique dès le début de sa réponse, elle et ses associations membres « travaillent avec les industriels de l'éolien » parce qu’elle est « par principe, […] favorable au développement de l'énergie éolienne en tant qu'énergie renouvelable. En revanche, elle ne soutient pas les projets qui impactent l'avifaune remarquable et les chiroptères ». On notera qu’il n’est pas question de protéger des éoliennes l’avifaune « ordinaire » (pauvres corbeaux et autres pies...) alors qu’il s’agit de protéger les «chauves-souris » sans restriction d’espèces. La raison de cette différence de traitement est que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France. Il y en a trente-quatre dont une bonne moitié sont en danger d’extinction et sur les listes rouges nationales et / ou de l’UICN.
Pour la LPO, il n’est donc pas du tout question de combattre l’éolien industriel. Simplement, « elle s'engage plus particulièrement à accompagner le développement des éoliennes en France afin que celles-ci ne soient pas un facteur supplémentaire de perte de biodiversité ». Pour la LPO « La transition énergétique ne [peut] se faire au détriment des oiseaux ou des chauves-souris. » Certes, mais c’est tenir pour acquis que l’éolien industriel est une composante essentielle de la transition énergétique et qu’il est compatible avec la biodiversité pour peu que l’on choisisse avec discernement les lieux d’implantation et que l’on prenne quelques dispositions et précautions. Deux postulats discutables. Au-delà de quelques désaccords factuels accessoires, c’est en fait le second postulat qui est en cause dans la charge du Canard enchaîné. Les fermes d’éoliennes d’EDF NE sont de redoutables hachoirs à oiseaux et travailler pour cet industriel ou pour toute entreprise construisant des parcs d’éoliennes du même type, c’est pactiser avec « l’ennemi », c’est trahir la cause : « « C’est hallucinant : d’un côté, la LPO reçoit de l’argent public pour sauvegarder le faucon crécerellette, et, de l’autre, elle travaille pour un opérateur qui les massacre ! » s’indigne notre ami des oiseaux » Les constructeurs et gestionnaires de parcs d’éoliennes industrielles ne peuvent qu’être des « massacreurs d’oiseaux » et de chauves-souris pour l’informateur du Canard et pour l’auteur de l’article qui adopte le point de vue de ce dernier. Ils n’ont peut-être pas tort. Une association de protection des oiseaux et de la nature peut-elle être « par principe » favorable au développement de l’éolien industriel terrestre ?

Le cas des faucons crécerellettes du causse d'Aumelas
Il y a une sorte de double, voire triple jeu de la LPO et/ou de ses groupes locaux qui fait qu’il est difficile dans le cas de l’éolien de distinguer entre ce qui est l’action de la LPO en tant qu’association de défense des oiseaux, des chauves-souris et de la biodiversité, son action en tant que prestataire de service des opérateurs d’énergie éolienne ou en tant que prestataire de service du Ministère de l’environnement pour Plan national action Faucon Crécerellette (PNAFC) dont elle est l’opérateur. Après la découverte des cadavres des faucons au pied d’une éolienne de l’opérateur sur le causse d’Aumelas, la LPO en tant que prestataire de service d’EDF EN pour le suivi mortalité, se félicite «[qu’] un travail qui se veut constructif a été mis en œuvre entre la LPO 34 et la société EDF-EN France afin : 1) de préciser la compréhension de l’impact évolutif de ces éoliennes sur cette espèce ; 2) de préciser les connaissances sur l’exploitation évolutive du causse par les crécerellettes : mise en œuvre d’une étude ciblée sur l’exploitation des habitats de chasse du causse situés sur, ou à proximité immédiate, des parcs éoliens du causse d’Aumelas, en complément des suivis sur les autres espèces nicheuses réalisés par la LPO 34 pour l’ensemble des Sociétés Projet du causse d’Aumelas représentées par EDF EN France ; 3) d’engager des mesures pour réduire voire supprimer les incidences de ce parc sur l’espèce, grâce notamment aux résultats de l’étude ciblée citée ci-dessus. » (« Mission Rapace » de la LPO) La LPO s’en félicite d’autant plus que « outre l’ensemble de ces mesures, EDF EN France et la LPO 34 ont décidé de doubler la fréquence des suivis mortalité (deux passages hebdomadaires à partir de 2012 contre un seul de 2008 à 2011) afin d’affiner les résultats de ces suivis et de vérifier que les découvertes de 2011 ne sous-estimaient pas les cas de mortalité. » Au tarif indiqué par le Canard de 500€ par jour ? Ce parc éolien sur le causse d’Aumelas, classé Zone d’intérêt floristique et faunistique, est certes un mauvais coup porté aux populations de faucons crécerellettes mais c’est aussi une très bonne affaire pour la LPO en tant que prestataire de service de l’électricien. On remarquera qu’il n’est pas question ici, pour la LPO, de condamner l’opérateur.

Le ton change lorsque de prestataire de service pour EDF EN, la LPO coiffe la casquette de prestataire de service du Ministère de l’environnement en tant qu’ «opérateur» du Plan national action Faucon Crécerellette. Le journal de liaison de ce plan, Le Faucon crécerellette (n°16/17-Avril 2013, p. 13) publie le « Relevé de décisions du Comité de pilotage du PNAFC du 4 décembre 2012 concernant les éoliennes du Causse d’Aumelas » comité dont la LPO est la cheville ouvrière étant donné son rôle d’opérateur de ce plan. Or ce «comité de pilotage du Plan National d’Actions Faucon Crécerellette (PNAFC) constate que la société EDF-EN est en situation d’illégalité du fait de la destruction de cinq Faucons crécerellette en 2011 et 2012 par collision avec les éoliennes du parc d’Aumelas dont elle est gestionnaire. » Elle aurait dû déposer une demande de dérogation auprès du CNPN pour avoir été par son activité cause de la destruction d’individus d’une espèce vulnérable strictement protégée et présenter dans son dossier « les actions qui seront mises en œuvre pour réduire cet impact. » Ce qu’elle n’a pas fait. De plus le comité de pilotage s’oppose à l’extension de ce parc éolien : «Du fait de ces cas de mortalités sur une espèce menacée bénéficiant d’un plan d’actions national, le comité de pilotage du PNAFC s’inquiète du projet d’extension de ce parc éolien pour lequel un permis de construire a été délivré. » Le comité de pilotage exige que l’exploitant du parc éolien prenne des mesures : « il est impératif qu’EDF-EN prenne des mesures concrètes pour limiter les mortalités avant la prochaine saison de reproduction qui débute en mars 2013 avec par exemple l’installation de système d’effarouchement (de type DT-Bird ou autre), l’arrêt du fonctionnement des éoliennes aux périodes sensibles... » Le comité de pilotage menace : « Il est dans la responsabilité d’EDF-EN de résoudre ce problème de mortalité. A défaut, une plainte au pénal pourrait être déposée pour tout nouveau cas de mortalité constaté en lien avec le fonctionnement du parc éolien du causse d’Aumelas. » Les mesures recommandées par le Comité et son opérateur sont restées lettre morte ou presque. Seules deux éoliennes ont été équipées du dispositif d’effarouchement indiqué et aucune ne s’est arrêtée de moudre du vent chaque fois qu’il y en avait ! Combien d’oiseaux tués depuis ? Combien de procès intentés à EDF EN, et par qui ? La LPO en tant qu’association en prendra-t-elle l’initiative, s’y joindra-t-elle ?
Il ne faudrait pas oublier que ce parc d’éoliennes est implanté au sein d’un site classé d’importance communautaire (SIC/Natura 2000). Dans son intervention lors du premier séminaire sur l’énergie éolienne et la protection de la biodiversité en septembre 2010, Henri-Pierre Roche brosse un panorama quasi idyllique de l’état de la biodiversité sur le causse d’Aumelas aux alentours du parc éolien et dresse un impressionnant catalogue des mesures prises et notamment des mesures compensatoires pour la perte de terrain de chasse des grands rapaces. Henri-Pierre Roche intervenait, non pas en tant qu’ancien directeur de la LPO Hérault mais en tant que le « chargé d’étude ornithologiques chez EDF EN » qu’il était devenu et c’était avant la découverte du carnage sur la population de faucons crécerellettes.
Il a fallu que ce soit le représentant d’une DREAL, c’est-à-dire d’une administration, qui vienne mettre un bémol à l’enthousiasme d’Henri-Pierre Roche en rappelant d’abord que « Lorsque l’on arrive au stade des mesures compensatoires, c’est que le parc portera atteinte à l’environnement de façon certaine. » Cette certitude de l’atteinte portée à la nature par l’installation contraste avec l’incertitude de la pertinence et de l’efficacité des mesures compensatoires mises en œuvre : «En revanche, poursuit le représentant de la DREAL Nord-Pas de Calais, la mise en œuvre de ces mesures ne signifie pas qu’elles auront forcément un impact positif sur la préservation de la biodiversité. C’est pourquoi les mesures de réduction et d’évitement doivent être mises en place en priorité. » (p. 40) Il soulève enfin un point d’une importance capitale : « Concernant les sites Natura 2000, les mesures compensatoires revêtent d’autres aspects que celles contenues dans les études d’impact. Sur ces sites, si les impacts touchent les espèces ou habitats prioritaires, le projet doit justifier de son intérêt public majeur et c’est à la Commission européenne qu’il revient d’instruire le dossier. » Ce qui n’a, à ma connaissance, pas été fait dans le cas de l’érection du premier groupe d’éoliennes du parc de l’Aumelas.
Ce qui ne semble pas être fait non plus pour ce qui concerne les demandes d’extension. D’ailleurs concernant l’étude d’impact pour l’extension de 2011 ; la Dreal reproche à ses auteurs de « mêler » « les habitats et espèces d’intérêt communautaire et les espèces patrimoniales ou protégées hors Natura 2000. L’étude des incidences doit présenter une analyse site par site et se concentrer sur chaque habitat et sur chaque espèce d’intérêt communautaire », ce qui n’a pas été réalisé.
La Dreal avait vu juste en reprochant, en 2011, à l’étude d’impact de ne pas avoir étudié, comme elle aurait dû le faire, « plus complétement les enjeux vis-à-vis des rapaces, notamment l’aigle royal (stationnement régulier sur le site), l’aigle de Bonelli (sédentaire et nicheur), le faucon crécerellette (chasseur régulier), les oiseaux (pie-grièche méridionale), mais également trois espèces de chauves-souris (Grand Rhinolophe, Minioptère de Schreibers, Petit Murin) ». En effet, c’est cette même année qu’a été constatée l’hécatombe de faucons crécerellettes et de chauves-souris.
En lisant cet avis de la Dreal, on constate que ces parcs éoliens sur le causse de l’Aumelas ne menacent pas seulement les chauves-souris ou les oiseaux. Il y a la présence de pelouses sèches d’intérêt communautaire prioritaire qui abritent une plante, l’Aristoloche Pistoloche, espèce très menacée, en régression dramatique, unique plante-hôte de ce merveilleux papillon qu’est la Proserpine qui du coup est lui-même très menacé. On se rend compte aussi du caractère bâclé de l’étude d’impact « adoubée par la LPO » selon le Canard non démenti par cette association qui conteste seulement avoir été chargée des études naturalistes du projet initial. On se rend compte enfin combien les documents présentés à l’enquête publique sont (volontairement ?) mal faits, touffus, peu précis voire même erronés. Il y avait là et il y a peut-être encore largement matière à contentieux susceptibles de faire annuler les extensions et même l’ensemble de ce parc éolien. Mais il est évident que la LPO n’est guère en mesure d’ester en justice en s’appuyant sur des insuffisances dont elle est en partie responsable, du moins si c’est bien elle qui a réalisé les enquêtes naturalistes pour les extensions de ce parc.
Dans son « discours d’ouverture » du deuxième « séminaire national sur l’énergie éolienne et la protection de la biodiversité » Allain Bougrain-Dubourg regrette que « des espèces sensibles [soient] menacées par des projets ou des parcs existants ». Il dénonce en particulier les parcs éoliens du Languedonc-Roussillon : « je pense notamment à la situation en Languedoc-Roussillon, haut lieu de la biodiversité Française et particulièrement sous la pression d’un développement peu rationnel. » Mais pour enrayer ce développement de l’éolien dans un haut lieu de la biodiversité Française, la LPO a-t-elle fait tout ce qu’elle aurait pu et dû faire si n’avait pas existé ce partenariat, quasi-compagnonnage ente la LPO et EDF EN ? C’est pourtant de ce partenariat que se félicite Bougrain-Dubourg dans ce même discours, partenariat qu’il veut renforcer.

À vouloir « accompagner le développement des éoliennes en France afin que celles-ci ne soient pas un facteur supplémentaire de perte de biodiversité » en tant qu’association protectrice des oiseaux tout en travaillant avec les industriels de l’éolien ou avec les ministères comme prestataire de service pour se financer mais en affirmant avoir là aussi le même objectif, la LPO mélange les genres au risque d’être suspectée de conflit d’intérêt puisqu’un conflit d’intérêt « peut être défini comme le fait, pour une personne physique ou morale exerçant une activité professionnelle ou disposant d'un mandat électif, de s'être placée dans une situation pouvant susciter un doute sur les mobiles de ses décisions. » Avec, dans le cas de la LPO, une ambiguïté irrémédiable : est-ce la protection des oiseaux qui influent sur ses évaluations et préconisations ou sont-ce ses intérêt d’expert rémunéré au service des groupes d’industriels éoliens ?


Pourquoi les anti-nucléaires ont confiance dans les expertises de la CRIIRAD dans le domaine du nucléaire ? Tout simplement parce que cette association ne s’est pas affirmée favorable par principe au développement de l’énergie nucléaire. Lorsque l’on sait, grâce en grande partie aux données et aux études publiées ou diffusées par la LPO d’ailleurs, que l’éolien industriel fait peser des menaces graves pour les oiseaux et de façon plus générale pour la biodiversité, il est difficile de faire confiance à cette association dont la raison d’être serait de les protéger mais qui affirme son attachement de principe au développement de cet éolien dont, de plus, elle tire profit en tant que prestataire de services naturalistes.

Le cas des chauves-souris
On remarquera que dans sa réponse la LPO reconnait la découverte des cadavres de 13 faucons crécerellettes mais ne mentionne ni ceux des busards cendrés, ni ceux des 28 chauves-souris. Pourtant les chauves-souris sont les plus nombreuses parmi les victimes recensées des éoliennes, sur ce causse comme ailleurs. Il semblerait que ces pauvres bêtes éprouvent une attirance fatale pour les aérogénérateurs sans que l’on sache pourquoi. C’est ainsi que l’on peut lire dans un document mis en ligne sur le site du programme national « Eolien-Biodiversité » : « Le pouvoir attractif des éoliennes sur les chauves-souris est pressenti. » (sic. Souligné par moi) En effet de nombreuses études confortent si fortement ce pressentiment que celui-ci est bien prêt de se transformer en un fait bien établi. Par contre, la lecture de compilations de la littérature pertinente oblige à conclure que l’on ne connait pas le pourquoi de cette attraction. Comme le résume le site cité « Les hypothèses sont variées à ce propos. On peut évoquer la curiosité supposée des pipistrelles, la confusion possible des éoliennes avec les arbres, l’utilisation des éoliennes lors de comportements de reproduction, l’attraction indirecte par les insectes eux même attirés par la chaleur dégagée par la nacelle ou l'éclairage du site…. » Il apparaît dès lors bien difficile de trouver des mesures pour réduire les impacts d’un parc d’éoliennes sur les populations de chauve-souris vivant sur le site ou à proximité. Il semblerait que pour certaines espèces comme les noctules et les pipistrelles, la mortalité augmente avec la hauteur des mâts mais personne ne propose de réduire leur hauteur. Bien au contraire, on édifie des éoliennes de plus en plus hautes qui atteignent aujourd’hui les 150 mètres. Inversement les machines à hélices avec des mats courts sont un danger pour des espèces volant à basse altitude comme les Rhinolophes et les petits Myotis. Or, ces petites machines commencent à être diffusées aux particuliers ou aux collectivités !


Enfin, le lieu d’implantation des éoliennes influe beaucoup sur leur dangerosité pour les chauves-souris. Les éoliennes les plus tueuses sont situées sur une crête pas très éloignée de la lisière d’un bois ou d’une forêt. Proximité d’un bois ou non, les crêtes sont choisies préférentiellement pour l’implantation de ces machines…

Consolons-nous cependant, dans le Protocole d’étude chiroptérologique sur les projets de parcs éoliens coédité par le Syndicat des énergies renouvelables (SER), France Energie Eolienne (FEE), la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) et la LPO, il est proposé comme mesure d’accompagnement, lorsque sera réalisé un projet de parc éolien présumé dangereux pour les chauves-souris, que « en cas de risque fort pressenti et afin d’enrichir la connaissance scientifique sur la thématique «éolien et chauves-souris », un suivi de la fréquentation de l’aire d’étude rapprochée par les chiroptères ou un suivi de mortalité sous les éoliennes » Aller rechercher avec ou sans chien les cadavres de malheureuses chauves-souris au pied de ces mâts qui n’ont rien de cocagne, voilà une mesure propre à faire baisser la pression qu’exerce les aérogénérateurs sur ces espèces fragiles ! Est-ce la LPO qui se chargera de ce travail deux jours par semaine, à 500 euros la journée, selon les tarifs révélés par le Canard enchaîné ?

Il est tout de même curieux qu’en cas de « risque fort pressenti » il ne soit pas proposé de renoncer purement et simplement au projet, ou bien dans le cas d’un parc existant au démontage des éoliennes tueuses. La justice a bien prescrit une telle mesure contre dix éoliennes géantes dans le Nord-Pas-de-Calais au motif de « dégradation de l’environnement résultant d’une dénaturation d’un paysage bucolique et champêtre » (Cf. l’édito de Thierry Jaccaud dans L’écologiste, n°41 – Vol. 14 n°3, Automne 2013) A fortiori, cela devrait être le cas lorsque les faits sont bien établis. Rappelons que toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées par l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire. De cet arrêté et de l'arrêté ministériel du 23 avril 2007, il résulte qu’il est interdit « de détruire, mutiler, capturer, enlever, perturber intentionnellement ou de naturaliser toutes les espèces de Chauves-souris ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu ». Détruire, mutiler, perturber intentionnellement des chauves-souris ; détruire, altérer ou dégrader leur milieu, c’est précisément ce que font les opérateurs qui construisent leurs parc d’éoliennes sur les territoires de vie de ces chiroptères. Bien entendu, comme toujours, des dérogations sont prévues notamment pour « des raisons impératives d'intérêt public majeur, y compris de nature sociale ou économique » Mais il resterait à prouver non pas que l’éolien en général mais que tel ou tel parc d’éoliennes tueuses de chauves-souris a un intérêt public « majeur », ce qui est pour la plupart d’entre eux loin d’être évident. On s’étonnera donc du peu d’actions en justice intentées par la LPO ou auxquelles elle s’est associée demandant le démontage pur et simple des éoliennes tueuses.

Une défense efficace des populations de chauves-souris demande une remise en cause, au moins au cas par cas d’un prétendu « intérêt public majeur » de tel ou tel parc d’éoliennes qui les décime. Mais que propose donc comme mesures la LPO ? Il semble que sa mesure « phare » serait l’installation de dispositifs d’effarouchement… On mesurera le caractère dérisoire de cette mesure au regard des destructions, altérations des milieux de vie de ces espèces et des perturbations que les dispositifs proposés peuvent causer à leurs comportements, accroissant les pressions qu’elles subissent et mettant leur perpétuation en danger! Par contre, elle a un énorme avantage pour l’opérateur propriétaire du site : il y aura moins, voire plus du tout de cadavres de chauves-souris au pied des mats de ses aérogénérateurs !
Ainsi que le constate sur son site le Muséum d’Histoire naturelle de Bourge « l’éolien industriel terrestre est sans conteste un sujet sensible où se heurtent des enjeux environnementaux comme la réduction du CO2 et la protection de la biodiversité, le tout dans un contexte économique tendu. » Dans un tel contexte, une défense efficace des chauves-souris n’est guère compatible avec une position de principe en faveur du développement de l’éolien industriel terrestre.
Le cas des aigles royaux du sud du Massif central
Dans leur ouvrage sur l’aigle royal, Bernard Ricau et Vincent Decorde le disent sans ambages : « l’apparition depuis quelques années, dans les zones d’arrière-pays, sur les crêtes des collines, d’alignements d’éoliennes de grande dimension, avec les indispensables voies d’accès et réseaux de transport de l’énergie électrique produite, pose un nouveau problème aux aigles présent dans ces contrées » Ils détaillent les risques que font courir ces installations à cette espèce dont une population se reconstituait dans le Massif central, sur la frange méridionale de ce massif constituée par les grands causses et les Cévennes au sens large. Il y a d’abord les risques de mortalité directe. Et en premier lieu ceux d’un heurt par l’extrémité des pales tournant à grande vitesse qui sectionnent tout volatile venu au contact. Les accidents de ce type sont bien documentés dans le sud de l’Espagne. C’est là que « se concentrent avant la traversée de la méditerranée par le détroit de Gibraltar, les flux d’oiseaux en migration provenant de toute l’Europe de l’Ouest. Les nombreuses installations éoliennes de cette région sont la cause d’une mortalité directe et croissante au fur et à mesure que ces infrastructures se développent » (p. 277) Les auteurs citent également une étude américaine menée dans une zone de très forte densité d’aigles royaux nicheurs mais aussi où la densité de turbines aériennes est également élevée. Les résultats montrent la nocivité de ce type d’installation pour ces rapaces : « Sur 179 aigles « marqués » en Janvier 1994 dans cette région par les biologistes (…) on estimes que 4 ans après, entre 33 et 45 individus (sur les 99 retrouvés morts) ont été tués par collision ou électrocution avec les fermes éoliennes. » Ceci montre que les risques de « mortalité directe » sont suffisamment élevés pour mettre en danger les espèces sensibles et à faible effectif comme l’aigle royal. Il semblerait cependant que les aigles prennent conscience de la dangerosité de ces machines et cherchent à les éviter, bien que « des comportements contraires ont toutefois été occasionnellement rapportés » (p. 278) A ces risques de collisions s’ajoutent des risques d’électrocution par contact avec les câbles des réseaux si ces câbles ne sont pas enterrés.
Mais les auteurs montrent que le danger le plus grave pour les aigles royaux consiste en « la diffusion spatiale des parcs éoliens » de leurs dessertes et des installations annexes qui « stérilisent massivement et définitivement les espaces de crête que fréquentent intensément ces oiseaux, et réduit dramatiquement leurs territoires » avec les conséquences qui en découlent. Les auteurs citent le cas d’un couple fixé sur son site de nidification depuis plus de quatre ans qui a cessé de fréquenter le plateau où les éoliennes étaient en construction, perdant ainsi une grande partie de son terrain de chasse bien située près de ses aires. « Dès l’installation des premières éoliennes, la nidification de ce couple, régulière avec succès depuis trois ans au moins, s’est poursuivie, mais le succès de reproduction est devenu nul ; les oiseaux paradant de plus en plus tard avant la ponte et les œufs n’éclosant pas. » Il faut dire qu’une fois les éoliennes en service, ils devaient les survoler par le haut ou les contourner, difficilement les jours de grand vent, pour rejoindre leur nid depuis les territoires plus éloignés où ils s’étaient rabattus pour chasser. Leur vie était devenue tellement infernale dans ces lieux rendus inhospitaliers qu’ils les ont quittés et sont allés s’installer sur un autre territoire « occupé jusqu’à peu auparavant par des Aigles de Bonelli ». La conclusion des auteurs est pessimiste. « Voilà pourquoi le développement de cette production d’énergie renouvelable crée une redoutable difficulté pour l’avenir des grands rapaces si leurs besoins vitaux ne sont pas pris en compte dans les décisions de ces implantations ». Dans les régions où les grands rapaces sont présents, il faudrait singulièrement limiter l’essor de ces fermes d’éoliennes industrielles puisque pour ne pas leur nuire, il faudrait se restreindre à n’implanter que quelques parcs éoliens « sur les limites de territoire bien marquées entre couples » Et même cette hypothèse devrait être vérifiée « par des expérimentations préalables à toute décision ». On n’en est loin ! Il faut donc conclure que « la multiplication actuelle des projets d’installations éoliennes de grandes dimensions, dans des régions de collines et de plateaux où les Aigles royaux reconstituent lentement leurs effectifs, suscite donc une inquiétude sur la pérennité de populations viables de ce grand oiseau » (p.279) Entre les parcs éoliens et l’Aigle royal, il faut choisir !

Conclusion
Comme ces deux dernières études de cas sur des espèces emblématiques le montrent à l’évidence, un protecteur des oiseaux, des chauves-souris et plus généralement de la biodiversité ne peut se contenter « d’accompagner le développement des éoliennes en France afin que celles-ci ne soient pas un facteur supplémentaire de perte de biodiversité », ce qui constitue « l’engagement » de la LPO. Il faut limiter le développement de cet éolien de façon drastique car les sites les plus convoités sont aussi les plus sensibles. On ne peut pas œuvrer efficacement à cette limitation si on est par principe favorable au développement de cette forme d’énergie comme l’est la LPO. Il ne suffit pas de ne pas soutenir « les projets qui impactent l'avifaune remarquable et les chiroptères », il faut les combattre résolument.

Tout à la fois protéger les oiseaux et la nature et soutenir le développement de la filière énergétique éolienne est difficilement compatible. Le développement de cette dernière entre trop souvent en conflit avec les exigences de la protection de la nature et ces conflits ne peuvent que s’exacerber au fur et à mesure de la montée en puissance de la filière, synonyme de multiplication de fermes d’éoliennes avec des mâts de plus en plus hauts et donc de bouleversements d’écosystèmes naturels ou semi naturels sensibles, d’intrusions dans les territoires des espèces sauvages qui s’efforcent d’y survivre. Dès qu’il est question d’éolien, ne comptons pas sur la LPO. Son engagement en faveur de cet éolien, ses relations avec les industriels du secteur ne lui permettent pas d’engager une défense résolue et efficace pour défendre les oiseaux, les chauves-souris et la nature.

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