Le Boischaut méridional est un petit territoire du sud de l’Indre, aux confins du Berry et de la Marche, marqué par une très forte identité bocagère. C’est l’un des cinq plus beaux bocages de France. C’est aussi le pays qu’aimait George Sand, mais également Monet, les Impressionnistes, et plus récemment Axel Kahn, qui en parlait en ces termes : « C’est même pour moi un des plus beaux lieux de France, et par conséquent du monde. » Alors, faisons en sorte qu’il le reste…
Mais certains industriels n’ont pas d’autre choix que de détruire cette âme, le produit qu’ils vendent étant trop souvent incompatible avec sa préservation. C’est donc une lutte sans merci à laquelle nous assistons, et où un paysage, un cadre de vie, une identité locale, une appropriation sociale d’un lieu, peuvent disparaître. Lorsque nous combattons un projet éolien ici, c’est parce que nous savons qu’il y en a dix autres derrière, parce que chaque nouveau projet est pire que le précédent en hauteur, et qu’ils se cumuleront tous en un mitage final désastreux. L’intérêt général n’est pourtant pas la propriété exclusive des promoteurs éoliens.
Un pays ne saurait davantage se résumer à trois pales fournissant un peu d’électricité intermittente, sans même un enjeu pour le climat dans le cas de la France. L’intermittence, on le sait maintenant, ne permet pas de diminuer la somme globale des moyens pilotables installés d’un mix électrique, en raison de sa capacité garantie trop proche de zéro. Les moyens intermittents sont donc voués à n’être que des surcapacités installées, un éternel doublon du mix électrique pilotable. En plus de ce doublon, certains envisagent de changer l’équilibre des moyens pilotables en supprimant du pilotable décarboné. Nous aurions donc recours au gaz naturel.
Ce manque de pertinence et de résultat CO2, ces efforts financiers disproportionnés dirigés vers un enjeu climat anecdotique pour la France, sont de plus en plus mal acceptés par les populations impactées. On obtient peu en bénéfices CO2, voire on va dégrader ceux de notre mix électrique et, en échange, on prend sans mesure, sans vergogne et partout, à ces mêmes populations : leurs paysages seront dégradés, tout comme leur qualité de vie, le jour et la nuit. Sans même parler des projets de vie, qui s’écroulent partout, dans des cadres devenus bien trop mouvants au regard des nuisances. Le déséquilibre est immense, l’écoute inexistante, la législation est dictée par les entreprises de l’éolien, c’est un mélange délétère. On ne pourra continuer indéfiniment ainsi.
Aujourd’hui, le territoire défendu par notre association est confronté à plusieurs projets éoliens industriels, dont certains sont en phase de recours, à Lourdoueix Saint Michel, à Montchevrier, et pour le plus ancien d’entre eux, à Orsennes. Nous les aborderons ici successivement.
Lourdoueix-Saint-Michel, projet éolien « Les Bouiges », VALECO
Projet éolien « Les Bouiges », VALECO, un cercle de visibilité de 40 km de diamètre |
Le projet sera visible depuis et en même temps que l’église Saint-Michel, construite au XVe siècle et partiellement classée au titre des monuments historiques le 29 janvier 1912, située sur la commune de Lourdoueix-Saint-Michel. Il y aura également une covisibilité avec le site inscrit de la vallée des Deux Creuse, avec la Boucle du Pin, avec la boucle de la Creuse et ses abords, le village d’Eguzon et les rives de Chambon, situées sur les communes de Cuzion, Eguzon Chantôme et Saint-Plantaire.
Montchevrier, SAS « Parc éolien de Montchevrier », EDF Renouvelables
Projet éolien de Montchevrier, un cercle de visibilité de 32 km de diamètre |
Le promoteur avance que les éoliennes ne seront pas visibles aux abords immédiats de ce monument historique classé et dans la commune. Pourtant, celui-ci est bien visible dans le paysage environnant, et le son de ses cloches perdra de sa signification au milieu d’objets industriels captant toute l’attention des pèlerins. Le cercle de visibilité de l’étude d’impact (en vert) le suggère : les éoliennes pourront être visibles des environs de la Basilique Saint-Étienne.