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mercredi 20 juin 2018

Nord : Orchies - Un promoteur de parc éolien s’intéresse à la Montagne de Douai


Des agriculteurs ont été sollicités ces dernières semaines par une société qui étudie la possibilité d’implanter des éoliennes sur la Montagne de Douai, à Orchies. Un projet qui n’est pas sans en rappeler un autre, vieux de quatorze ans.

L’information s’est répandue comme une traînée de poudre parmi les agriculteurs après que plusieurs d’entre eux, installés à Orchies mais aussi à Coutiches, ont reçu un courrier émanant de la société KDE Énergy France, basée à Lezennes, près de Villeneuve-d’Ascq. Comme elle l’indique en objet de son courrier, cette dernière planche actuellement sur « un projet de parc éolien sur la commune d’Orchies ». Plus précisément la Montagne de Douai, une vaste emprise agricole coincée entre la D 938 (en venant de Coutiches) et la D 957 (en direction de Beuvry-la-Forêt).

Les destinataires de la lettre ont été invités à prendre contact avec le promoteur afin d’obtenir plus de détails. Certains s’y sont employés, estimant que les éoliennes auraient « l’avantage de pérenniser le caractère agricole de la zone en évitant l’émergence d’une nouvelle zone industrielle » – quand d’autres ont renoncé, échaudés par le foin qu’avait fait un projet similaire porté en 2004 par la société Infinivent. « À l’époque, la mairie défendait l’installation des éoliennes sur ce même site, se souvient cet agriculteur coutichois. Une association d’opposants s’était créée qui avait fait capoter l’affaire. Nous, on y était plutôt favorable mais les tensions étaient vives entre les pro et les anti. C’était devenu compliqué entre voisins. Cet épisode a refroidi pas mal de monde aujourd’hui. »

« Nous prenons le pouls des agriculteurs »
Pour appâter le client, le courrier de la société KDE Énergy France insiste sur les retombées sonnantes et trébuchantes dont les agriculteurs pourraient tirer profit, puisque les propriétaires fonciers, comme les exploitants des terrains cultivés, feraient l’objet d’une indemnisation partagée dans le cadre de la promesse de bail emphytéotique conclue entre KDE et les intéressés. Soit un loyer annuel de 4 000 euros par hectare sur chaque emprise d’éolienne, auxquels s’ajouterait un loyer annuel supplémentaire de 3 000 euros par Mégawatt de puissance généré par chacune d’elles. Chez KDE, on reconnaît un intérêt pour la Montagne de Douai mais on refuse de mettre la charrue avant les bœufs, notamment en raison des multiples obstacles à franchir avant que les mâts sortent un jour de terre. « On n’en est pas là, confirme Christophe Lecocq, responsable développement de la société. Nous prenons le pouls des agriculteurs mais il faut savoir qu’avant qu’un projet de ce type soit validé par le préfet, il faut cocher pas mal de cases : autorisation environnementale, étude d’impact, enquête publique… Cette zone nous plaît mais on n’en est qu’aux prémices du projet. ».

L’AVEP prête à sortir les banderoles du placard
Il aura suffi d’un échange informel avec un agriculteur pour que l’association sorte de sa torpeur… Créée en 2004 pour combattre un projet d’implantation de six éoliennes porté à l’époque par la municipalité d’Orchies, l’Association Vigilance Éoliennes de la Pévèle (AVEP) s’est remise en ordre de marche. Toujours présidé par le conseiller municipal d’opposition Bernard Debailleul, ce collectif d’habitants se dit prêt à se mobiliser pour défendre la campagne. 
« Nous restons vigilants. Ce projet serait composé d’éoliennes avec un mât de 165 mètres de haut et une puissance de 3.2 Mégawatt, croit savoir Bernard Debailleul sans étayer ses sources. Notre association n’est pas contre les énergies renouvelables mais à condition que l’implantation des éoliennes respecte la distance de sécurité sanitaire recommandée par l’Académie de médecine, à savoir 1500 m des habitations. On est sur un secteur trop urbanisé et les prix de l’immobilier pâtiraient d’un tel projet. C’est une mauvaise idée. »

Vent mauvais pour KDE ?
Comme il y a quatorze ans, les bénévoles se disent prêts à saisir la justice et à manifester pour faire capoter le projet. Ils n’auront sans doute pas à aller jusque-là. Le maire d’Orchies Dominique Bailly, échaudé par le raffut que l’affaire avait suscité en 2004, indique avec agacement que le sujet qu’il défendait à l’époque n’est plus à l’ordre du jour. « Je recevrai peut-être cette société mais si la municipalité ne porte pas le dossier, ça ne se fera pas. D’ailleurs le monde agricole y est opposé. » À peine esquissé, le projet sera-t-il tué dans l’œuf ? Ça y ressemble fort.

« Une occasion ratée »
En 2004, le maire d’Orchies Jean Deregnaucourt milite avec la bénédiction des agriculteurs en faveur de l’implantation de six éoliennes sur la Montagne de Douai, « reconnue comme un point haut aux vents porteurs » et inscrit à l’époque au schéma régional éolien du Nord. « J’avais la volonté d’aboutir car ça s’inscrivait dans le sens de l’histoire. Et puis, financièrement, c’était intéressant en matière de taxe professionnelle, se souvient l’ancien élu. Le permis de construire pour six éoliennes avait néanmoins été retoqué par le préfet car les mâts n’étaient pas assez éloignés des habitations. »

Qu’à cela ne tienne, la municipalité redépose un dossier pour l’érection d’une seule éolienne malgré l’opposition farouche de particuliers et des communes de Coutiches et Bouvignies. « On avait obtenu le permis de construire signé de la main du préfet jusqu’à ce que l’association de Bernard Debailleul, soutenue par le député Lazaro, ne fasse capoter l’affaire en attaquant la révision de notre plan local d’urbanisme, poursuit Jean Deregnaucourt. Ça a été une occasion ratée. Les énergies renouvelables, il ne faut pas en vouloir que chez le voisin… Je crois me souvenir que la municipalité a été relancée en 2014 mais sans donner suite. »