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lundi 25 juin 2018

Eoliennes en mer : l’écologie peut-elle ignorer le vivant ?


de Loïk Le Floch-Prigent

Un parc éolien prévu en baie de Saint-Brieuc risque de nuire gravement à la biodiversité marine de cette zone exceptionnelle.

Depuis des mois , en tant que membre de la confrérie de la coquille Saint-Jacques, je défends la nécessité de vérifier les conséquences sur la faune et la flore marine d’un parc éolien prévu en baie de Saint-Brieuc en bordure de la merveille de la nature qu’est le Cap Fréhel. On devrait y installer 62 éoliennes en effectuant 3 à 4 forages par unité à 70 m de profondeur dans le sol marin ! 

J’ai fait effectuer suffisamment de forages en mer pour savoir qu’il n’est pas désirable pour la faune de les multiplier et les pétroliers, fort décriés par ailleurs, ont toujours veillé à ne pas le faire.
Les décisions prises sur la poursuite du programme français de construction des éoliennes en mer étaient prévisibles compte tenu du lobbying effréné des promoteurs, mais ce qui est ahurissant c’est que ceci se fasse au nom de l’écologie. Du point de vue économique c’est délirant : cette énergie est intermittente, les installations à terre nous coûtent déjà un tiers de notre note d’électricité, on va y rajouter un nouveau tiers ! Continuer à nous raconter que les prix s’améliorent ne tient pas compte du caractère intermittent et c’est donc un mensonge. Un mensonge de gens qui ont la « foi », et donc un péché véniel, avec le résultat est que l’on enfume la population. Les 15 milliards d’économies annoncés jeudi en Bretagne sont de la même veine, aussi difficiles à montrer que toutes les autres affirmations, des vérités incertaines à usage de politique de communication pour célébrer les victoires… Il y a trop à dire sur ce sujet et on finirait par lasser puisqu’il faut contrer des centaines d’articles dérivés du même émissaire.

Je vais donc changer d’angle de vue et vous parler de la faune aquatique. L’écologie, c’est d’abord la défense du vivant, et, dans la mer, il y a beaucoup de vie qu’il nous appartient de préserver tout en y trouvant des nourritures exceptionnelles que des professionnels nous permettent de goûter. J’ai écrit un "Guide de la pêche à pied en Bretagne" dont je poursuis la diffusion à chaque occasion de contacts avec mes lecteurs plus habitués à ce que je leur parle d’autres sujets. La coquille Saint-Jacques est un trésor de la nature dont un des lieux préférés est la Baie de Saint-Brieuc (la moitié de la production nationale). Ce don du ciel doit être préservé par les « écologistes » puisque c’est dans leur feuille de route : parler de biodiversité c’est bien, la préserver c’est mieux. La pêche, comme on le sait, fait l’objet de contrôles, en ce qui concerne les coquilles de périodes et de quantités permises par bateau, la France et l’Europe étudient la ressource et la maintiennent… jusqu’à ce que les éoliennes arrivent et préparent la dévastation de ce fragile équilibre. Les pêcheurs s’indignent, veulent avertir le pouvoir politique et se faire entendre dans les médias, des associations de défense se créent et veulent avertir les pouvoirs publics des dangers d’une implantation à la lisière du parc naturel… mais les idéologues écologistes veillent, balaient ce menu fretin qui ne comprend rien à leur croisade : le bien ce sont les éoliennes, le mal c’est tous les autres ! Que comptent quelques coquilles Saint-Jacques à coté du sauvetage de l’humanité définie une fois pour toutes par la « foi « dans les énergies nouvelles !
Car le vent pour ces nouveaux Savonaroles, c’est gratuit et c’est « propre », c’est « vert », c’est pur, et tout le reste est sale et impur.

Eh bien non, l’industrie du vent est un business comme un autre avec ses bons et ses mauvais cotés, ni pire ni meilleur que les autres. Ce n’est pas parce que Greenpeace possède des champs d’éoliennes que ceux-ci sont bénis à tout jamais. Il y a investissement, rentabilité et composants industriels, comme toutes les autres installations de production d’électricité, il y a même de mauvais rendements parce que le vent est discontinu, et il y a de la maintenance : en mer on ne l’organise pas avec des bateaux à voile, mais à moteur.

Revenons à l’écologie, la vraie, celle qui essaie de responsabiliser les acteurs de la vie sur terre à la protection de notre milieu naturel . Le Cap Fréhel est un trésor que nous devons laisser à nos enfants, la baie de Saint-Brieuc avec ses ports d’Erquy et de Saint Quay-Portrieux, ceux de Paimpol et de Loguivy de la Mer, l’île de Bréhat, la faune et la flore qui s’y sont installées depuis des siècles, il est de notre devoir d’en tenir compte lorsque nous souhaitons modifier la côte. Les pêcheurs nous disent que les forages de sondage effectués ce printemps ont eu des conséquences désastreuses sur la coquille, inutile de les empêcher de parler comme cela a été fait mercredi , l’avenir de nos territoires ce sont eux qui l’anticipent , pas les marchands de vent .