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samedi 2 juin 2018

Échec patent dans la réduction des émissions de GES ! Mais nous trompons-nous de bonne foi ?

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-183471-echec-patent-dans-la-reduction-des-emissions-de-ges-mais-nous-trompons-nous-de-bonne-foi-2180602.php

Les résultats sont calamiteux, mais à quoi d’autre fallait-il s’attendre en regardant, sans œillères idéologiques, la manière dont on prétend traiter la question ? La France, en recopiant servilement des modèles qui ailleurs ont montré leurs limites, voire leur inanité, ne pouvait guère espérer autre chose ; une bonne raison pour en changer.

Pour une France qui s'affiche volontiers allante en matière de réduction des émissions de GES, les résultats ne sont pas au rendez-vous, les rejets ayant même augmenté régulièrement et significativement depuis la signature de l'Accord de Paris.

Au regard du battage politico-médiatique fait autour d'efforts dédiés très conséquents pour la pénétration des renouvelables électriques (éoliennes et solaire PV), c'est une information dérangeante. Mais est-ce vraiment une surprise ?

Certes, les tenants de ces politiques soutiennent à raison que Paris ne s'est pas édifié en un jour, et que, transposant l'adage, l'effort produit n'est pas encore assez intense pour que les résultats soient déjà visibles. Propos rassurants qui devraient aisément convaincre, d'autant que la solution se trouve logiquement dans l'accélération des programmes engagés. Quant aux suspicieux, à supposer qu'il en reste dans une opinion si largement acquise aux vertus renouvelables, il serait pourtant bien utile à tous qu'ils poussent plus avant leur questionnement.
Le triste pot aux roses apparaît en considérant la contribution des différents secteurs émetteurs. Transports, bâtiments, agriculture et industrie, dans l'ordre décroissant, sont en gros responsables de 85 % des rejets de GES, or l'essentiel de l'effort national est consacré au secteur électrique pourtant déjà particulièrement vertueux en matière d'émission, quelques % tout au plus, grâce à l'hydraulique, au nucléaire. On se trompe donc grossièrement de cible.
De plus, le développement à très grande échelle des parcs éoliens et des champs solaires PV vient en substitution d'une part de la production nucléaire, laquelle n'émet pas de GES. En résumé, une action blanche sur un axe qui n'est pas le bon garantit l'absence de résultat.

Le bon sens doit évidemment mener vers un autre schéma où les sommes considérables qui s'investissent dans les électro-renouvelables seraient consacrées à lutter efficacement contre l'émission de GES avec deux secteurs qui s'imposent : le conditionnement des bâtiments et les transports.
Au-delà d'un accroissement de l'efficacité énergétique (isolation du bâti, rendement des moteurs...), il faut chercher à diminuer la part des combustibles fossiles utilisés en leur substituant, quand cela fait sens, une électricité qu'on sait produire en France sans émission de GES.

Dans un tel schéma, la demande d'électricité pourrait croître significativement par transfert des usages et le parc de production électrique devrait donc s'agrandir. Il faudrait alors considérer l'addition nette des moyens de production (nucléaire+hydraulique+renouvelables) et non, comme actuellement, leur substitution, laquelle ne garantit aucun gain en matière d'émission de GES, c'est même l'inverse en y regardant de plus près.

Resterait à imaginer un schéma pratique permettant une contribution à droits devoirs et rémunérations justes des différentes sources et services, bien loin de la situation actuelle où l'iniquité prévaut, les sources renouvelables prépayées et prioritaires contraignant techniquement et économiquement l'outil nucléaire.
Si par comparaison avec les autres pays, la France est globalement vertueuse s'agissant des émissions de GES, grâce à une production électrique quasiment décarbonée, il est patent qu'elle ne fait pas d'efforts suffisants dans les secteurs lourdement émetteurs.

L'installation à très grande échelle d'éoliennes et de panneaux solaires est abusivement présentée comme la voie choisie pour lutter contre le dérèglement climatique alors qu'il s'agit en fait de stratégies industrielles parfaitement opportunistes. Celles-ci ne soutiennent pas ou peu l'activité nationale, cellules éoliennes et panneaux solaires étant quasi intégralement importés.

Mais présentées comme également capables de faire reculer un nucléaire honni, ces stratégies possèdent là un atout maître et s'imposent donc facilement dans l'opinion, laquelle en demande encore davantage, convaincue sans beaucoup d'interrogations que le pays est en retard par rapport à ses voisins.
En retard, la France l'est pourtant clairement si on considère ce qu'elle pourrait faire en investissant utilement et significativement dans les secteurs fortement émetteurs. Si l'effort financier était à la hauteur de ce qui est actuellement consacré aux renouvelables électriques, les résultats deviendraient rapidement visibles. 

On s'engagerait alors dans une véritable transition énergétique, certes plus laborieuse, plus difficile et moins visible que les altières éoliennes ou les impressionnants champs solaires. Une transition qui bousculerait des habitudes culturelles en impliquant davantage les acteurs qui aujourd'hui ont bien légèrement donné procuration aux renouvelables.

L'absence de résultats et surtout de perspectives crédibles nous dit clairement que nous nous trompons. Compte tenu des informations accessibles à tout honnête homme, ils nous disent aussi que nous nous trompons à l'insu de notre plein gré.