Revue de presse et autres infos

samedi 5 mai 2018

Charente - Maritime : Éolien en Charente : "C’est une spoliation industrielle !"

Olivier Basset, président de l’association de Saint-Maigrin contre le Parc éolien de Baignes,
et Emmanuelle Camilleri, son homologue pour le village de Léoville.
©PHOTO LOÏC DEQUIER
https://www.sudouest.fr/2018/05/04/eolien-c-est-une-spoliation-industrielle-5028102-1412.php

Plusieurs projets éoliens ont été autorisés dans le secteur par le tribunal administratif récemment, dont celui du Parc de Baignes qui a ses détracteurs. À eux la parole.

"C’est une gigantesque escroquerie, une spoliation industrielle !", lâche, véhément, Olivier Basset. "Toutes les maisons autour vont perdre de la valeur sans aucune compensation alors que le promoteur EDF-EN va faire des bénéfices colossaux, c’est une atteinte à la propriété privée", s’emporte-t-il. 

La colère ne se départit pas de son visage. Il s’agit peut-être d’exaspération. Il est le président de l’association de Saint-Maigrin (Charente-Maritime) contre le Parc éolien de Baignes, en sud-Charente.

À ses côtés, Emmanuelle Camilleri tempère et explique, plus pédagogue. Elle est son homologue pour le village de Léoville, toujours en Charente-Maritime. «Nous sommes finalement plus touchés que la Charente», promet-elle doigt pointé vers l’horizon. De son jardin du hameau de Chez Piron, elle montre où vont s’implanter les six futurs mâts éoliens. Le tribunal administratif de Poitiers a donné l’autorisation au promoteur d’exploiter le 22 mars dernier, « là où les enquêtes publiques et les services de l’État avaient rendu un avis défavorable, déplore-t-elle. C’est un déni de démocratie ».


« On nous vend du vent »

Avant de poursuivre la démonstration, Emmanuelle Camilleri resitue : «Je ne suis pas contre l’éolien. Je fais tout d’ailleurs pour réduire mon empreinte écologique : j’ai une pompe à chaleur géothermique, des abeilles, etc. Quand j’ai appris que des éoliennes allaient s’implanter, je me suis dit ‘‘C’est bien’’ et puis je me suis renseignée car j’aime bien comprendre. On va couler du béton dans le sol, ce n’est pas très écologique. Et puis on nous parle de mix énergétique, mais tant qu’on ne saura pas stocker l’électricité qui vient des éléments, on ne pourra pas se passer du nucléaire. Bref, on nous vend du vent !»

Et tous deux ont rencontré des gens du nord-Charente, voisins d’éoliennes, qui leur ont dit les acouphènes, les objets qui rentrent en résonance. « La sensibilité est différente selon chaque personne, estime Emmanuelle Camilleri. Mais quand vous achetez un terrain à la campagne, que les seuls bruits que vous entendez sont une voiture de temps en temps ou un tracteur, vous ne voulez pas d’un bruit de moteur permanent que vous ne pouvez pas débrancher. »


Même si l’Académie de médecine établit dans un rapport de 2015 que « l’éolien terrestre ne semble pas induire directement des pathologies organiques », celle-ci admet qu’« il affecte au travers de ses nuisances sonores et surtout visuelles la qualité de vie d’une partie des riverains ».


« Ce sont de véritables souffrances psychiques et morales », assure Olivier Basset engagé dans ce combat depuis quatre ans. Alors tous deux s’étonnent : « Comment le rapporteur public puis les juges du tribunal administratif en arrivent à dire que le préfet a tort, alors que tout le monde en amont dit non (1) ? » Ils pointent du doigt la communauté de communes des 4B : « Ils font ça pour renflouer les caisses. »


« Je ne suis pas intervenu »

Son président, Jacques Chabot, s’en défend : « Oui, il y a un impôt, l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux, mais je ne sais même pas ce qu’il va nous rapporter. Je ne suis jamais intervenu dans ce dossier de Parc éolien de Baignes, je n’ai même d’ailleurs jamais rencontré les porteurs de projet. »

Il comprend le courroux de certains riverains, mais dément l’implication de la collectivité : « Ce parc est totalement indépendant de la volonté des 4B, car jusqu’alors les projets étaient portés en mairie. Dans le futur plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) nous déterminerons des zones d’implantation tous ensemble et ce sera cadré. En attendant, les projets sont venus s’empiler, et ça, ce n’est pas bien. Le seul projet éolien que j’ai défendu est celui de Chantillac (2), en bord de nationale, qui me semblait avoir un impact que très mesuré. »


Les riverains maritimes envisagent de saisir la cour d’appel du tribunal administratif de Bordeaux.


(1) Le tribunal administratif de Poitiers a, notamment, estimé que le refus du préfet en raison d’un paysage remarquable n’était pas justifié.
(2) La société Res a reçu l’autorisation du tribunal administratif, le 25 avril, d’implanter un parc à Baignes-Chantillac et un autre à Brossac, Saint-Vallier, Yviers, Bardenac. Le projet de la Boëme est également autorisé.



Archives :
30/09/15 : Charente-Maritime : Les anti-éoliens se mobilisent
https://www.sudouest.fr/2015/09/30/les-anti-eoliens-se-mobilisent-2139382-1265.php
Lundi, les opposants au projet d’éoliennes dans le Sud Charente ont manifesté. Parmi eux, des Charantais-Maritimes.
Certains habitants du Sud Charente, et plus particulièrement du côté de Baignes, avaient été très surpris de découvrir l’année dernière un projet important d’implantation d’éoliennes sur leur secteur. Et surtout, d’en constater l’avancée. À l’issue de réunions publiques plutôt houleuses à Baignes, les riverains qui voyaient ce projet d’un très mauvais œil, se sont constitués en associations.
En Charente-Maritime aussi
Six associations sont nées à Baignes, Bran, Léoville, Messac-Mérignac, Saint-Maigrin et Vanzac. Une mobilisation qui a fait des émules. Une pétition de plusieurs centaines de signataires sera versée au dossier de l’enquête publique. Lundi, au moment de l’ouverture de cette enquête publique à la mairie de Baignes, la soixantaine de manifestants qui sont venus marquer leur désapprobation au projet. Une manifestation très pacifique, sans coup d’éclat, mais qui, symboliquement dénonce les nuisances redoutées par ces grands moulins à vent.
Les arguments des opposants à l’implantation d’éoliennes sont nombreux : « Comment pouvons – nous accepter que notre paysage soit défiguré par des séries de mâts de 180 mètres de haut ? Quand des gens comme moi, qui ne sont pas agriculteurs, décident de venir vivre dans ces zones rurales, c’est qu’ils ont aimé le paysage, sa tranquillité, sa qualité de vie. Comment pourrions-nous supporter ces immenses poteaux ? Car il ne s’agit pas de 10 ou 20 mètres, on est en face de trucs monstrueux de 180 mètres. C’est monstrueux. Et c’est bruyant. On les entend à deux kilomètres. Tout ça, pour donner du courant aux citadins. Pourquoi ne met-on pas les éoliennes auprès des villes ? » Cet habitant installé à Touvérac est amer.
Comme Thierry Rios, président de l’association de Baignes qui confirme : « Ces engins provoquent des sources sonores de 106 dB. Ce n’est pas supportable. Surtout dans cette région bordée par une zone Natura 2000 protégée. Qui plus est, peu ventée. Avec des vents moyens de 5 m/seconde, les éoliennes seront inefficaces. Il faut au moins 14 m/s. Nous sommes sur le couloir de migration des grues cendrées. Qu’en est-il de la protection européenne ? ».
Dévaluation immobilière
Autre répercussion négative dénoncée par les opposants : « La dévaluation immobilière. Les propriétaires impactés, comme on peut le constater dans les tribunaux sont très touchés. Certaines maisons deviennent invendables ».
Reste qu’il s’agit d’énergie renouvelable. Une habitante de Baignes est mal à l’aise : « Il faut trouver des solutions alternatives à l’énergie fossile qui s’épuise. Des éoliennes, pourquoi pas ? Mais, voilà ! C’est comme tout ce qui gêne. C’est comme pour les antennes de téléphonie. Il y a des effets indésirables. On ne les connaît pas bien, mais ils existent. Des plaintes ont déjà été déposées à cause des éoliennes pour des problèmes cardiaques, des vertiges, des acouphènes. J’estime que qu’on devrait prendre des précautions. On ne sait pas où on va ».