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vendredi 26 mai 2017

L’éolien en mer, le grand gaspillage ?


26 MAI 2017, par 
Simon Derrien Etudiant en journalisme à l'IUT de Lannion

L’éolien en mer est la solution miracle (😡) apportée par l’Etat pour répondre à la transition écologique. Cependant elle pose de nombreux problèmes économiques et environnementaux. L’exemple du parc éolien au large de la baie de Saint-Brieuc est un bon exemple de la gabegie de l’éolien maritime.

La transition énergétique est l’un des enjeux majeur du XXIème siècle. Preuve en est, l’apparition dans de nombreux programmes politiques de moyens de la mettre en œuvre. Le gouvernement actuel a fait le choix de l’éolien pour les quarante prochaines années. Sur le territoire terrestre Français il est particulièrement complexe d’implanter de l’éolien, la faute à des démarches administratives interminables. C’est donc vers la mer que s’est tourné l’Etat, pour espérer atteindre les 40% d’énergie renouvelable en 2030 fixés par la loi de transition énergétique. Cet objectif sera probablement atteint mais à quel prix ?

Le projet de parc éolien en mer le plus abouti à l’heure actuelle est probablement celui qui devrait normalement voir le jour d’ici à 2020 dans la baie de Saint-Brieuc. Mais il n’est pas le seul. Deux autres parcs similaires sont à l’étude, en Normandie et dans le Nord - Pas-de-Calais. Cette idée de l’éolien séduit depuis toujours. Une énergie qui serait propre, économique et qui aurait des impacts limités sur la faune, la flore et le paysage 😏. 
Mais la réalité est bien moins rose que ce que les services de communication de l’Etat essaient de nous faire avaler discrètement.

Il faut voir dans ces projets le caractère symbolique qu’ils portent en termes de transition écologique. C’est pour cela qu’il sont aussi médiatiques. L’éolien est un accélérateur politique, pour écolo convaincu. C’est même plus que cela car cette solution « miracle » arrive à mettre d’accord les écolos convaincus et les libéraux acharnés, qui voient en ce projet l’expression parfaite de la soutenabilité faible. Alors l’éolien offshore est-il une solution d’avenir ?

L’écologie à grand frais

L’éolien en France, qu’il soit marin ou terrestre apparaît comme deux à trois fois plus onéreux que l’énergie nucléaire française. Comparé à l’éolien européen, les coûts sont multipliés par quatre. La France est le pays européen qui possède le plus grand parc nucléaire. A ce titre, toutes les énergies alternatives sont comparées au coût de l’électricité tirée du nucléaire. Mais l’Etat français ne prend pas en compte dans ces calculs le coût du démantèlement des centrales usagées, ce qui fait automatiquement augmenter le coût de production de l’énergie nucléaire. Il faudrait donc prendre en compte ce dernier pour rétablir une certaine équivalence.
Un problème bien plus mathématique fait grimper les prix de l’éolien en flèche. Durant la fin des années 90, alors que le développement durable était à ses prémices, l’éolien est apparu comme la solution miracle. Il est donc devenu le cheval de bataille des différents ministres de l’écologie successifs. Les projets de parcs éoliens ont été mis en route avec la volonté d’imiter ce qu’avait fait nos voisins danois ou espagnols, à savoir des champs d’éoliennes immenses. Face à cela de nombreux collectifs et associations se sont érigés sur la route de ces parcs. En cause, l’altération du paysage. Pour parer à cela, l’Etat a pris la décision que ne seraient pas construits des parcs de plus de 10 éoliennes. Les coûts ont donc été étalés et il a été impossible pour les prestataires de réaliser des économies d’échelles.

L’Etat s’est donc tourné vers la mer, sur laquelle il était plus simple de faire de grand parcs. Mais du fait des conditions particulièrement hostiles en mer, les coûts d’installation et de production ont explosé. On est passé de 82 € le MW/h pour de l’éolien terrestre à 222 € le MW/h pour de l’éolien en mer, selon un rapport d’enquête publique mené par la préfecture des Côtes d’Armor. Autrement dit c’est une énergie qui est certes propre mais qui cherche encore sa rentabilité. Enfin, l’éolien est particulièrement fragile, la durée de vie moyenne d’une éolienne est de 40 ans à terre (?), ce qui pourrait permettre un retour sur investissement, mais en mer, du fait de l’érosion, des vents et des courants, la durée de vie est divisée par deux. Ce qui veut dire que les 222 € par MW/h sont fortement sous-estimé car ils ne prennent pas en compte le renouvellement d’éolienne tous les 20 ans.
Répartition des coût d’une éolienne en mer

L’économie Armoricaine en danger

Le monde de la pêche est également menacé directement par ce projet. En effet de nombreux effets indésirables risquent de perturber fortement la ressource halieutique, selon le comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins des côtes d’Armor. Les pêcheurs armoricains sont particulièrement inquiet quand à leur avenir professionnel car de nombreuses questions restent en suspend. Ainsi ils ne savent pas encore si les câbles inter éolienne seront ensouillés et si oui de quelle façon. Car sans ensouillage, la zone ne serait plus draguable et la pêche de la principale ressource locale, la coquille Saint-Jacques, serait également impossible. Au sujet de l’ensouillage, la société Ailes Marines propose d’utiliser une charrue. Mais cet outil soulève des quantités de sédiments conséquentes rendant l’eau turbide et faisant fuir les poissons et les crustacés.

"Nous ne pouvons pas dire que nous sommes farouchement opposé à ce projet, mais nous avons encore de très nombreuses craintes sur l’avenir de notre métier. Certains éléments de mise en oeuvre de ce projet ne sont pas soutenable."
Gregory le Droumaguet, chargé de mission à la CDPMEM22

Le parc éolien au large de Saint-Brieuc pose un problème économique direct car il réduirait de 20 % la zone de pêche actuelle. Les pêcheurs se sont exprimés en opposition à ce projet qui réduirait considérablement leurs gains. L’éolien en mer n’est donc pas la solution miracle que dépeint l’Etat à grand coup de campagne de communication. C’est un sujet particulièrement complexe qui mobilise de nombreux acteur et dans lequel rentre en compte de nombreux paramètres, qui ne peuvent être réduit à la transition énergétique.