J’habite à plus d’un kilomètre d’un parc éolien. Je suis donc « assez loin », selon la réglementation française qui autorise l’implantation d’éoliennes à 500 mètres des habitations.
J’exploite seule une ferme de 78 hectares, et je suis installée depuis 1997. Je possède 35 vaches laitières. Si j’ai décidé de prendre la parole et de témoigner, c’est avant tout pour dire aux autres personnes qui souffrent et qui n’osent pas parler qu’il est temps de le faire. J’en ai assez, que, depuis 5 ans, on me dise que « je ne connais pas mon métier », que mes remarques sont « d’ordre psychologique », ou que je « ne connais pas mes animaux ». Et lorsque ce sont des personnes qui ne mettent pas un pied à la campagne qui vous font ce type de remarque, je vous avoue que ça fait très mal.
Voici donc ce que j’ai constaté depuis que les éoliennes sont là, et je vous invite à regarder les photos que j’ai prises :
- Quand les éoliennes fonctionnent, mes vaches se mettent à avoir des comportements étranges : elles refusent de sortir du bâtiment, ou au contraire refusent d’y entrer. Elles semblent éviter certains endroits.
- Lorsque je sors mes bêtes en passant par la route, elles réagissent bizarrement et refusent d’avancer à un endroit bien précis, un peu comme s’il y avait sur le sol une barrière invisible.
- Lorsqu’elles vont aux champs et qu’il fait très chaud, elles s’approchent de l’abreuvoir. Elles essaient de tremper le museau, puis elles reculent brusquement, et refusent de boire. Un peu comme si on avait raccordé une clôture électrique à l’eau ! Cet été, il a fait vraiment très chaud. Normalement, je leur apporte environ 2500 litres. Elles en ont bu à peine 400. Alors qu’on ne vienne pas me dire que c’est moi qui m’invente des histoires.
- Mes vaches ont des soucis de mammites à répétition, elles sont beaucoup plus fréquentes et plus persistantes : il s’agit d’une infection au niveau de la mamelle. Et pourtant je n’ai rien changé à ma façon de faire. Le vétérinaire ne comprend pas. Je joins une photo.
- Comme vous le voyez sur les photos, leurs pattes sont par endroit enflées, sans raison apparente.
- A certains endroits de ma ferme, les veaux étaient malades : des problèmes pulmonaires en plein été, des diarrhées incompréhensibles. Je les ai déplacés et ils se sentent un peu mieux.
- Cet été, alors que les éoliennes tournaient, quatre vaches, une chez moi, trois chez mon voisin, sont mortes d’un coup en plein champs. On les a retrouvées étendues, avec du sang qui coulait des narines.
- Et il y a plus étrange encore : la température de l’ensilage a changé. Je vous explique : en été, je rentre le foin, et je fais de l’ensilage pour l’hiver. C’est un mélange d’herbe et de maïs qu’on broie et qu’on place sous une bâche en plastique. Cela nous permet de nourrir nos bêtes à la période où elles restent dans les bâtiments. Le contrôleur laitier vient vérifier la qualité de mon ensilage. Et pour cela, il prend la température du mélange. Aujourd’hui, par exemple, il fait 6 degrés dehors, l’ensilage doit être à 6/7 degrés aussi. Eh bien par endroits, ce n’est pas le cas du tout : lorsqu’on plante le thermomètre, cela peut atteindre 50 degrés : regardez la photo ! Vous avancez de quelques mètres, et la température redevient normale. Bien entendu, mon fourrage n’est plus bon du tout, il est cuit ! C’est un peu comme si je donnais du caramel à mes vaches.
- Dans ma maison, c’est le même constat. Dans la cuisine, par moments, on meurt de chaud, un peu comme s’il y avait une sorte de chauffage par le sol. On a la tête prise dans un étau, et une envie de dormir brutale. Au salon, rien, tout est normal.
Depuis que les éoliennes sont là, il y a quelque chose qui ne va pas dans le sol. Le problème provient-il par les câbles enterrés ? Provient-il des nappes d’eau ? Des ondes sonores générées par l’éolienne ? Ceux qui s’intéressent de près aux éoliennes regardent beaucoup plus les pâles qui tournent, mais ils ne s’occupent pas trop de ce qui se passe dans le sol. Et loin des éoliennes, on peut en tomber malade, croyez-en mes vaches.
Moi, tout ce que je demande, c’est de vivre dignement de mon travail, et que ce cauchemar s’arrête. On nous dit qu’il faut nous taire, et qu’il faut s’y faire. Eux, ils disent que leur « parc est aux normes ». On me dit que si je ne suis pas contente, je dois partir, quitter la ferme de mes parents et mes grands-parents. Eux, ils ne payent même pas leurs impôts en France, c’est une société étrangère située au Luxembourg qui exploite le parc, et moi, je dois me taire, payer les frais vétérinaires et les pénalités à répétition parce que la qualité de mon lait n’est plus « aux normes » ?
Elle est où la logique ?
Témoignage recueilli par Sioux Berger
Depuis que les éoliennes sont là, il y a quelque chose qui ne va pas dans le sol. Le problème provient-il par les câbles enterrés ? Provient-il des nappes d’eau ? Des ondes sonores générées par l’éolienne ? Ceux qui s’intéressent de près aux éoliennes regardent beaucoup plus les pâles qui tournent, mais ils ne s’occupent pas trop de ce qui se passe dans le sol. Et loin des éoliennes, on peut en tomber malade, croyez-en mes vaches.
Moi, tout ce que je demande, c’est de vivre dignement de mon travail, et que ce cauchemar s’arrête. On nous dit qu’il faut nous taire, et qu’il faut s’y faire. Eux, ils disent que leur « parc est aux normes ». On me dit que si je ne suis pas contente, je dois partir, quitter la ferme de mes parents et mes grands-parents. Eux, ils ne payent même pas leurs impôts en France, c’est une société étrangère située au Luxembourg qui exploite le parc, et moi, je dois me taire, payer les frais vétérinaires et les pénalités à répétition parce que la qualité de mon lait n’est plus « aux normes » ?
Elle est où la logique ?
Témoignage recueilli par Sioux Berger