Revue de presse et autres infos

jeudi 23 août 2018

Note d'actualité sur l'évolution des factures d'électricité en France et en Allemagne.

- France :
Plusieurs médias français ont fait état en août "d'une première étude d'Eurostat " indiquant que le prix de l'électricité pour les ménages français était plus élevé que dans quinze pays de l'Union Européenne . La conclusion de ces médias était que le nucléaire français, produisant la plus grande partie du courant, perdait de sa compétitivité puisque dans plus de la moitié des nations de l'UE, l'électricité était devenue moins chère que chez nous.

Cette "première étude d'Eurostat" (Eurostat est le service de statistiques de l'Union Européenne) est en fait un résumé du tableau public des prix de l'électricité d'Eurostat "nrg_pc_204", publié et mis à jour chaque semestre depuis une dizaine d'années. Il est exact que les familles de seize pays de l'UE , et non quinze, payent leur kWh moins chère qu'en France. Ce n'est pas nouveau.Il s'agit pour la plupart des pays de l'Est européen additionnés de la Grèce. Les factures d'électricité conviennent à un niveau de vie nettement plus bas que chez nous. Une augmentation du prix du courant, il y a quelques années en Bulgarie a provoqué des émeutes et la chute du gouvernement.
Ces seize pays représentent moins de 140 millions d'habitants sur les 510 millions de l'UE. Presque les 3/4 des autres Européens payent donc leur courant plus cher qu'en France.
L'important n'est pas là. En 2017, les ménages français payaient leur kWh de 16 à 17% moins cher que la moyenne européenne. Mais en 2010, ils le payaient 31% moins cher. Que s'est-il passé? On pourra se reporter à notre Lettre d'octobre 2017 intitulée "La politique française de l'électricité. les faux pas" (sur www.geopolitique-electricite.com ). En deux mots : les données d'Eurostat et de la Commission de Régulation de l'Energie indiquent, qu'hors inflation, les factures françaises ont cru de 21% de 2010 à 2016. La part due à la production (hors subventions des renouvelables) est restée constante (29% des factures). Le nucléaire n'y est donc pour rien. Par contre les taxes ont bondi, surtout du fait des aides aux renouvelables et représentent désormais 35% des factures. L''acheminement (transport et distribution,30% des factures) a augmenté aussi. Désormais près du tiers des investissements du transport sont dus, comme le dit excellemment notre Réseau de Transport d'Electricité (RTE) "à l'adaptation à la transition énergétique" , bref en grande partie liée aux renouvelables. Il est exact que la France perd progressivement ses prix attractifs dus au nucléaire. La raison n'est pas une perte de compétitivité de ce dernier, mais les aides aux renouvelables.

- Allemagne : (données provenant d'Eurostat)
L'Allemagne est désormais , depuis le second semestre 2017 le pays de l'Union Européenne où le kWh pour les ménages est le plus cher : 30,48 centimes d'euros (le double du prix français) contre 30,10 centimes au Danemark, son grand rival dans le domaine.Il est vrai que pour résoudre les questions d'intermittence , l'Allemagne entretient un parc électrique hypertrophié, alors que le petit Danemark compte sur les capacités électriques de ses voisins, dont l'Allemagne pour compenser les sautes de vent... Sigmar Gabriel, lorsqu'il était vice-chancelier allemand , avait réformé l'Energiewende (la transition énergétique locale), en indiquant qu'il parviendrait peut-être à stabiliser les prix, mais pas de les diminuer. C'est perdu... L'Allemagne, le Danemark, et probablement l'Australie du Sud, ont les prix les plus élevés de l'électricité au monde, pour les nations avancées. Les parts des renouvelables intermittents (solaire et éolien) y sont aussi les plus élevées. Comme dit le média financier Forbes "pourquoi les renouvelables si bon marché donnent-elles de l'électricité si chère"?

Lionel Taccoen

Directeur de la Lettre "Géopolitique de l'Electricité"