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lundi 22 janvier 2018

Philippe Bihouix : Le mensonge de la croissance verte ?

Interview de Philippe Bihouix, ingénieur centralien, membre de l'Institut Momentum et auteur de l' "L'Âge des low tech : vers une civilisation techniquement soutenable" en direct à 19h00 le 11/01/2018.


Extraits :


A 19 mn 30
- Philippe Bihouix : J’ai besoin de plus d’énergie pour aller chercher des métaux qui vont se raréfier - c’est-à-dire qui sont prolifiques mais de plus en plus difficile à aller chercher - et à l’inverse, j’ai une énergie qui elle aussi soit se raréfie soit en tous cas se renchérit dans son côté « métallique ». C’est-à-dire que malheureusement, parce qu’elles sont intermittentes, parce qu’elles sont moins concentrées, parce qu’il faut les stocker, les énergies renouvelables demandent plus de métaux.
- Thinkerview : Donc on en arrive aux énergies renouvelables. Vous avez un postulat qui est de dénoncer ce « greenwashing »
- Philippe Bihouix : Oui alors « greenwashing » est un mot peut-être un petit peu trop fort parce que dans les gens qui fantasment sur un monde 100% énergies renouvelables, formidable, où toutes ls voitures seraient électriques (…) et donc nourries aux batteries électriques… l’électricité étant elle-même produite par l’énergie renouvelable… Donc dans ce fantasme-là je pense qu’i il y a un mélange. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui sont juste naïfs on pourrait dire - tout ça part d’une bonne intention - et puis y en a peut-être d’autres qui sont un peu plus conscients et puis d’autres qui s’intéressent ou qui ne s’intéressent pas à la question systémique, c’est-à-dire : quand je fabrique un panneau solaire ou une éolienne, qu’est-ce que ça implique ou pas, quelque part ailleurs, et est-ce que finalement ça vaut le coup d’un point de vue énergétique et environnemental ?
- Thinkerview : L’énergie verte c’est pas un peu bullshit
- Philippe Bihouix : Ah ben c’est totalement bullshit malheureusement c’est à dire qu’une énergie n’est jamais verte, n’est jamais 100% propre, n’est jamais 100% zéro carbone.

Autre extrait à la minute 23:42 : « Par exemple y avait eu une polémique y a quelques années sur la question des terres rares dans les éoliennes. Alors les terres rares dans les éoliennes c’est la question du neodyme, le neodyme doppio dysprosium. Bon, à quoi ça sert en gros? Ca sert à faire les aimants permanents. Donc pour faire simple pour produire de l’électricité vous faites tourner un aimant dans des bobines ou le contraire. Et comme il fallait réduire la taille des éoliennes de forte puissance… On ne pouvait plus installer d’éoliennes onshore parce que c’est insupportable, personne n’en veut. Donc il faut aller offshore. Donc si vous voulez aller offshore, ça coûte cher d’aller visiter chaque mât et faire la maintenance, c’est plus compliqué d’aller en bateau qu’en camionnette donc faut faire des mâts de plus en plus gigantesques, faut monter à 5, 6, 8, 10, 12 mégawatts. Et si vous voulez faire des gros mâts gigantesques avec des gros trucs en haut, comme vous avez quand même envie d’essayer d’économiser ce que ça va vous coûter et comment l’accrocher, vous essayez de faire en sorte que ce qui est en haut est le plus compact possible et c’est là qu’on trouve le neodyme. Parce qu’en fait ça permet de faire des aimants qui ont une force magnétique très très compacte et c’est pour ça qu’on trouve du neodyme un peu partout. »