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mardi 12 décembre 2017

Ardennes : Le projet d’éoliennes revient sur le devant de la scène, près de Charleville

http://www.cartesfrance.fr/carte-france-ville/08140_Dom-le-Mesnil.html
http://www.lunion.fr/64549/article/2017-12-08/le-projet-d-eoliennes-revientsur-le-devant-de-la-scene-pres-de-charleville


En dépit des modifications apportées, le projet ne convainc pas tout le monde.

On prend les mêmes et on recommence. Deux ans après, le projet de parc éolien, dits des Monts Jumeaux, alimente de nouveau les conversations dans les communes de Dom-le-Mesnil, Sapogne-et-Feuchères et Hannogne-Saint-Martin. Retiré une première fois en 2015, parce qu’il n’était pas totalement dans les clous (il avait subi une flopée d’avis négatifs dont celui du commissaire-enquêteur), le projet est de nouveau soumis à une enquête publique, qui se terminera le 19 décembre prochain.


En deux mots, il s’agit de l’implantation de six éoliennes, d’une hauteur de mât de 91 mètres (150 mètres avec les pales), pour un coût estimé de 27 millions d’euros. Installées sur deux sites en vis-à-vis, les éoliennes, d’une puissance totale de 18 mégawatt-heure, devraient alimenter en électricité 30000 habitants, soit le quart de la population d’Ardenne Métropole.


Afin, cette fois, d’obtenir le feu vert des instances compétentes, les sociétés Quadran (exploitation) et Nordex (construction) ont revu leur copie. En premier lieu la distance des éoliennes avec la ligne à très haute tension (192 mètres contre 150 avant). Point capital puisqu’il avait, en 2015, conditionné le retrait du projet à la suite de l’opposition de RTE (réseau de transport d’électricité).
Autre amélioration : l’installation de « peignes acoustiques » afin de limiter au maximum les nuisances sonores. Le nouveau projet prévoit aussi la mise en place de nouvelles mesures environnementales (reconquête de la biodiversité au travers d’une association locale, plantation de haies et d’arbres…) qui n’étaient pas initialement prévues.


Dernier point : le démantèlement intégral des éoliennes et des fondations en fin d’exploitation (les éoliennes ont une durée de fonctionnement de vingt ans en moyenne).


«La mobilisation est forte»


« Le projet est plutôt bien accueilli. 80 % des gens ont un avis neutre ou favorable »
, juge Quadran. L’association de sauvegarde du val de Bar, qui fait circuler une pétition (sur papier et sur le web), ne partage pas cet optimisme. Il y a deux ans, son président Denis Charpentier avait, déjà, été l’une des chevilles ouvrières de l’opposition au projet des Monts Jumeaux. Aujourd’hui, son discours n’a pas changé : « La mobilisation est forte et les habitants qui nous rejoignent s’insurgent car ils pensaient que ce sujet était abandonné. Beaucoup découvrent au dernier moment qu’une nouvelle enquête a commencé. Le site n’est pas adapté et le projet n’a pas sa place ici. »


«Aucune maladie ni infirmité ne semble pouvoir être imputée au fonctionnement des éoliennes»

Les porteurs du projet

Plusieurs aspects lui semblent en effet contrevenir au respect de l’environnement. Le président de l’association de sauvegarde du val de Bar évoque « une perturbation des flux migratoires » et des problèmes de co-visibilité avec des sites classés.


Autre doléance : la distance par rapport aux premiers boisements (environ 150 mètres, c’est-à-dire en deçà des préconisations en la matière). « Pour ceux présentant une valeur écologique, la distance est de 200 mètres », insistent de leur côté, Sylvain Maes, chef de projet à Quadran, et Gaëtan Lesne, développeur à Nordex.


«Inquiétude sur l’immobilier»


L’inquiétude concerne aussi le bruit, « immanquablement très dérangeant pour la population ». À la crainte des nuisances sonores s’ajoutent celles sur la santé en général. « Les habitants de la vallée entre les deux sites seront pris en sandwich par les infrasons. L’impact sanitaire est maintenant médicalement établi sur le corps humain », s’alarme Denis Charpentier. Point de vue totalement démenti par les porteurs du projet : « L’impact sanitaire des éoliennes a fait l’objet de plusieurs études dont les rapports ont été publiés en 2017. Les conclusions de ces études indiquent qu’aucune maladie ni infirmité ne semble pouvoir être imputée au fonctionnement des éoliennes. »


Enfin, l’association dénonce l’effet « désastreux » sur l’immobilier. « Tous les jugements récents des tribunaux confirment une moins-value de -10 à - 50 % sur la valeur des maisons situées dans un rayon de deux à trois kilomètres. » Ce qui concernerait 6 400 personnes au total, selon les calculs de Denis Charpentier. Les maisons les plus proches seront situées à 580 mètres et des poussières des éoliennes.


Au terme de l’enquête publique, le projet sera ensuite examiné par le préfet qui pourra ou non donner son aval à la suite des procédures réglementaires. 

Au-delà de ce marathon administratif, Quadran et Nordex rappellent qu’ils ont le soutien des élus locaux. Le patron de l’agglomération Boris Ravignon vantait, notamment, en 2015, « ce projet éolien unique » sur le territoire d’Ardenne Métropole.