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dimanche 5 novembre 2017

Pas-de-Calais (II) : Des pales au pied du mémorial ? Riverains et élus sonnent la charge

http://www.lavoixdunord.fr/258229/article/2017-11-04/des-pales-au-pied-du-memorial-riverains-et-elus-sonnent-la-charge


RIENCOURT-LES-CAGNICOURT

Un siècle après celle qui a fait couler le sang de 20 000 soldats, une autre bataille se joue entre Bullecourt et Riencourt. 


Engie green doit planter six éoliennes à deux pas du mémorial australien, au grand dam des riverains et des gardiens de la mémoire de la Grande Guerre.

Gérard Crutel est fumasse. « Ce projet-là, je n’en veux pas ! », râle le maire de Riencourt-les-Cagnicourt. Son conseil municipal a signifié son refus en votant, par sept voix contre une, de l’implantation d’un parc de six éoliennes dans les champs du sud de la commune. 
M. Crutel n’a pas le pouvoir de s’y opposer (c’est le préfet du Pas-de-Calais qui signe le permis de construire), mais il tient à faire entendre sa voix. « On n’est pas contre les éoliennes, mais il y a quand même des limites. Trop, c’est trop, il y en a partout ! » 

À l’unisson, Arnaud Alisse, président de l’Association des Sept clochers, énumère la liste des pales qui lui obstruent le paysage. « Dix-huit éoliennes entre Hendecourt et Vis, six entre Bullecourt et Écoust-Saint-Mein si ça se fait, et six à Quéant. Dans les quatre directions, c’est un encerclement ! » 

Lorsque le projet est lancé en 2012, les relations sont pourtant apaisées entre le village et le porteur de projet, Engie green, filiale du géant gazier. 
L’atterrissage des turbines en plein milieu du champ de la bataille de Bullecourt, où près de 20 000 soldats australiens et allemands ont péri au printemps 1917, a raidi les positions. « Il faut raison tenir, plaide Colette Durand, cofondatrice de l’association Amitié France Australie. Les éoliennes, on peut les mettre plus loin. » (😟😠)

« On a pris en compte beaucoup de critères et de contraintes. On ne peut pas s’amuser à bouger le projet tous les dix jours » L’industriel assure avoir déjà tenu compte de remontées des opposants et riverains dès 2015. « On a eu beaucoup de retours liés au mémorial, dit Maxime Louage, chef de projet chez Engie green. On a donc décalé le projet vers le sud, de plusieurs centaines de mètres. Quand on entrera sur le site, on ne verra pas les éoliennes, contrairement à ce qui était prévu au départ. » M. Louage rappelle aussi toutes les études menées en bonne et due forme, l’oeil sourcilleux que la Direction de l’environnement (DREAL) appose sur le projet, les multiples règles qui s’imposent au constructeur (notamment acoustiques)…

Cahier de doléances ouvert ce lundi 
« On a pris en compte beaucoup de critères et de contraintes. On ne peut pas s’amuser à bouger le projet tous les dix jours et il est difficile de contenter tout le monde. » Le quidam a encore l’occasion de faire entendre sa voix : l’enquête publique, qui compile les doléances dans un cahier ouvert à la mairie de Riencourt, s’ouvre ce lundi 6 novembre. Gérard Crutel ne serait pas loin de basculer dans le camp du « oui ». « Si les éoliennes sont repoussées plus loin et si Engie refait à ses frais les chemins d’accès, je serais obligé de changer d’avis… » 

«Cet endroit, c’est presque un cimetière!» 

Colette Durand a fondé l’association Amitié France Australie au début des années 80 pour aider les Australiens qui viennent se recueillir sur la butte de Bullecourt. 
Quelque 10 000 soldats des antipodes y ont perdu la vie au printemps 1917. Son fils, Gilles, est l’auteur de Bullecourt, 1917, à la recherche des soldats disparus. Elle milite pour que les éoliennes s’installent à l’écart des champs où les combats ont fait rage. 

Qu’y a-t-il sous ces champs situés entre Bullecourt, Riencourt et Noreuil ? 
« Environ 10 000 Australiens sont morts ici, sur une petite zone de 2 km2, en 1917. Il y a sans doute des fosses communes, d’après les documents de la Croix Rouge que nous avons étudiés. Aujourd’hui, ce sont des champs cultivés. Mais beaucoup de familles viennent chaque année pour voir le champ de bataille, s’imprégner. Ça les rattache à leur histoire. Ne pas implanter des éoliennes ici, c’est une question de respect pour la mémoire des Australiens. »

Il est de toute façon interdit de sonder les sols… 
« C’est vrai, mais je voudrais qu’on trouve les corps avant de construire ici. Si on fait venir des tractopelles, la terre sera retournée en profondeur, c’en sera fini de l’espoir de retrouver des ossements, des pièces, des morceaux d’étoffe, etc. Les Australiens espèrent toujours qu’on retrouve quelque chose pour qu’ils sachent – de nombreux soldats sont toujours portés disparus – et aient un endroit où se recueillir. On verrait mal des éoliennes sur le site de Notre-Dame-de-Lorette ! Cet endroit, c’est presque un cimetière. » 

Combien d’éoliennes et quand? 

➤ Le projet mené par Engie Green porte sur six éoliennes de 150 m de haut. À la suite de réunions et consultations, la filiale du gazier a modifié l’implantation des machines, vers le sud. Quatre se situent désormais sur la commune de Riencourt, les deux autres sur Noreuil. L’éolienne la plus proche d’une habitation se trouve à 830 m de cette dernière (la législation impose un minimum de 500 m). 
➤ L’enquête publique, durant laquelle chacun peut adresser des questions, des remarques, des griefs, démarre ce lundi 6 novembre, pour un mois. Le dossier complet est à consulter à la mairie de Riencourt ou à cette adresse http://www.engie.fr/green/parc-eolien-sud-osartis ; au mieux, les éoliennes pourraient être mises en service courant 2020. Mais un ou des recours peuvent allonger les délais de… six ans ! Le temps de purger les procédures au tribunal administratif, à la cour d’appel puis au Conseil d’État.



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France 3 Picardie 19/20 du 06/11/2017 : à 8 mn 46 : éoliennes à Bullecourt et Riencourt :

👀 voir article sur ce blog en date du 08/09/2017Eoliennes et champ de bataille australien de Bullecourt (62)
https://ventsetterritoires.blogspot.fr/2017/09/eoliennes-et-champ-de-bataille.html