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mercredi 6 septembre 2017

Une Creusoise offre une maison à Emmanuel Macron

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/creuse/eoliennes-creusoise-offre-maison-emmanuel-macron-1321507.html

Par Hélène Abalo, publié le 04/09/2017

Une habitante de Saint-Hilaire-la-Plaine en Creuse a décidé de faire un cadeau pour le moins surprenant au président de la République. Son objectif : obtenir de la part du chef d l'État, l'abandon de l'implantation d'un parc éolien à proximité de chez elle. Explications.

C' est un cadeau surprenant et un peu culotté qu'une habitante de Saint-Hilaire-la-Plaine a décidé d'offrir à Emmanuel Macron. Elle a en effet écrit au président de la République pour lui faire don... d'une maison. Un cadeau pas tout à fait désintéressé puisqu'elle espère ainsi obtenir l'annulation d'un projet d'implantation d'éoliennes à côté de chez elle.

"Je vous la donne volontiers Monsieur le Président car si elle est à vous, nous serons tous protégés, comme au Touquet, de la rapacité destructrice des promoteurs."

Martine Faucher s'appuie pour cela sur une information : en août 2017, le ministre de la transition écologique a décidé de suspendre un projet éolien off shore au Touquet, ville dans laquelle le couple Macron possède une résidence. La présidente de l'association Vents d'État en déduit donc, avec une pointe de malice, que si Emmanuel Macron possédait une maison en Creuse, le parc éolien prévu à proximité, ne verrait jamais le jour.

"Retraite en Creuse retraite heureuse"

Non sans humour, mais avec détermination, dans sa lettre Martine Faucher explique la raison de son combat : "Après quelques décennies d’intense activité professionnelle, j’ai fait le choix de vivre en Creuse, ne dit-on pas « retraite en Creuse retraite heureuse » où le calme, les forêts, la pratique du sulky et de la lecture suffiraient à combler toutes mes aspirations. Seulement, en achetant ma propriété dans ce charmant hameau, j’ignorais que trois ans plus tard, des promoteurs d’éolien (...) viendraient proposer d’installer 13 aérogénérateurs industriels (...) à 500 mètres de là où nous habitons." et de poursuivre, "vous ne serez pas malheureux en Creuse, de nombreux artistes ont choisi d’y vivre pour y créer, trouvant leurs inspirations dans la beauté des paysages préservés et des nuits profondes et scintillantes."

Cette maison ? c'est la ferme la plus ancienne du village. Si l'extérieur a été rénové, l'intérieur est d'époque, probablement de 1780. Des travaux sont donc à prévoir... Martine Faucher dit attendre les instructions d'Emmanuel Macron pour pouvoir lui donner les clés.

Au-delà de la l'anecdote


Si la démarche, dans la forme, peut faire sourire, elle a le don, sur le fond, de crisper le maire de la commune. Joël Lainé défend, lui, ce projet d'éoliennes qui devrait constituer une source de revenus pour sa commune. Il dénonce notamment, les propos de Vents d'État, tenus dans une lettre ouverte datée du 10 juillet 2017 dans laquelle l'association l'accuse de ne pas avoir consulté la population et d'avoir "trompé (ses) administrés." Il précise également que le projet de Saint-Hilaire-la-Plaine n'a rien à voir avec celui du Touquet.

Lettre
Cher Monsieur le Président, 
Après quelques décennies d'intense activité professionnelle, j'ai fait le choix de vivre en Creuse, ne dit-on pas "retraite en Creuse, retraite heureuse" où le calme, les forêts, la pratique du sulky et de la lecture suffiraient à combler toutes mes aspirations. 
Seulement, en achetant ma propriété dans ce charmant hameau, j'ignorais que trois ans plus tard, des promoteurs éoliens dont l'avidité est en tout points remarquable viendraient proposer d'installer 13 aérogénérateurs industriels de 180 mètres de hauteur à 500 mètres de là où nous habitons. 
L'Association Vents d'Etat que j'ai l'honneur de présider, a été créée l'an dernier et elle est membre de plusieurs Fédérations notamment la FED qui diffuse une revue de presse dans laquelle le document en pièce jointe a attiré toute mon attention. Cet article est intéressant à double titre : 
- Le ministre de la transition écologique et solidaire dont on connait depuis des années la position sur l'éolien confirme que l'impact sur l'environnement est désastreux et qu'en fait, je le dis avec mes mots, il s'agit d'une blague dispendieuse pour le contribuable. 
- Les propriétaires du Touquet exigent de conserver un horizon exempt de pollutions industrielles. Tout cela m'amène à vouloir vous offrir la maison en photo ci-jointe. 
Cette petite ferme est la plus ancienne du village (1780), l'extérieur a été entièrement rénové, l'intérieur est d'époque. 
Je vous la donne volontiers Monsieur le Président car si elle est à vous, nous serons tous protégés, comme au Touquet, de la rapacité destructrice des promoteurs. D'ailleurs grâce à cette revue de presse diffusée à des milliers d'associations, il se peut que bientôt on vous offrira qui une pelouse, qui un bois avec la même espoir ! Et puis, vous ne serez pas malheureux en Creuse, de nombreux artistes ont choisi d'y vivre pour y créer, trouvant leurs inspirations dans la beauté des paysages préservés et des nuits profondes scintillantes. Attendant vos instructions, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l'assurance de mon respect le plus profond. 
Martine Faucher 
(texte retranscrit à partir du courrier original)

Vidéo


Article de presse

Elle offre une maison creusoise à Macron...
... MAIS AVEC LES ÉOLIENNES QUI VONT AVEC.


La Montagne - 2 septembre 2017
A lire :

- Vent de colère en Creuse contre un nouveau projet de parc éolien (02/06/2016)
Un parc d'une vingtaine d'éoliennes pourrait bientôt s'étendre entre les communes de Saint-Hilaire-la-Plaine, Mazeirat et Ahun. Plusieurs riverains opposés au projet se sont réunis au sein de l'association "Vents d'état" pour dénoncer une "catastrophe".
Les habitants du petit village de Grand Villard situé sur la commune de Saint-Hilaire-la-Plaine (209 hab.) ont eu vent par hasard le mois dernier de ce projet de parc éolien qui pourrait s'implanter à cinq cents mètres de chez eux. "Des éoliennes de 150 mètres de haut... une hérésie" pour ces riverains qui redoutent des nuisances sonores et visuelles pour eux comme pour la faune.
"On a des passages de grues, c'est magnifique, ça me gênerait de les voir découper en rondelles par les éoliennes!"

Tout commence début mars lorsque l'entreprise Eco Delta propose à Joël Lainé, le maire de Saint-Hilaire-la-Plaine, d'élever sept éoliennes sur sa commune, cinq sur la colline du Puy de la Charse et deux sur le Puy Beaubier. Des projets similaires sont à l'étude dans deux communes voisines. A Mazeirat, la société EREA projette d'implanter "entre huit et neuf éoliennes", d'après le maire Christophe Martin. Et puis à Ahun, l'entreprise Notus souhaiterait construire quatre éoliennes.
A Saint-Hilaire-la-Plaine, une vingtaine d'habitants opposés au projet se sont réunis au sein de l'association au nom sans équivoque "Vents d'état". "Pour construire une éolienne il faut 4.000 passages de camions, abattre les arbres pour faire une route de dix mètres de large, c'est une hérésie", déclare sa présidente Martine Faucher.
Conseillère municipale et membre de Vents d'état, Françoise Philbet dénonce "un projet catastrophique" : _"je vois pas pourquoi on vient bousiller ce magnifique territoire, je trouve ça complètement hallucinant." Habitant le village de Grand Villard, Jean-Michel raconte "être venu ici pour être tranquille. On a ici un paysage très agréable. Le défigurer pour quelques deniers, je ne vois pas l'intérêt."_
COP 21 et retombées économiques
Favorable au projet de parc éolien, Joël Lainé, le maire de Saint-Hilaire-la-Plaine, rappelle "les objectifs de la COP 21 de réduction des émissions de gaz à effet de serre" mais aussi, et il s'en cache pas, il y a "140 000 euros de retombées économiques".
"On a 5.000 euros en moins de dotations de l'Etat sur deux ans et là j'aurais aimé que la population se soulève pour dire ça suffit d'être un territoire abandonné. Les retombées seraient de 1% sur l'ensemble de l'investissement (140 millions d'euros), ce qui pourrait faire 140.000 euros et grâce aux impôts, cela multiplierait par dix notre capacité d'investissement au niveau de la commune."
Joël Lainé dit par ailleurs comprendre l'inquiétude de ces riverains mais pas le nom de l'association : "Vendetta, c'est vengeance alors que pour l'instant ce n'est que le début du début du projet." Le maire annonce qu'il proposera le 14 juin prochain en conseil municipal le principe d'une consultation citoyenne.
"Demain on ne va pas voir une centrale nucléaire dans la commune, ni même une éolienne! Il y a beaucoup d'études qui seront faites avant et la population aura son mot à dire, moi je ne suis pas un adepte des coups de force et du 49.3. La population sera associée à ce qui se fera."
En attendant, l'association Vents d'état organise déjà une réunion publique vendredi prochain à 18H30 à la salle polyvalente de Saint-Hilaire-la-Plaine "pour alerter la population".